SIMON MAZEBO: Le nouvel espoir du sprint belge
Depuis plus de dix ans, Simon Mazebo arpente les pistes d'athlétisme du pays et commence à se faire un nom sur sa discipline de prédilection, le 400 mètres. En parallèle, cet étudiant de 19 ans suit des études en sciences humaines et sociales à l'UCLouvain de Mons.
GUIDO: Pourquoi avoir choisi l'athlétisme?
Simon: En allant voir une des compétitions de ma cousine, j'ai immédiatement adhéré et dit à mes parents que je voulais essayer. Je n'ai jamais cessé de le pratiquer et me voilà aujourd'hui. (sourire)
GUIDO: Tu as donc commencé à t'entraîner dès l'âge de six ans. À partir de quand a-t-on remarqué que tu pouvais devenir professionnel?
Simon: On l'a vu à un moment, mon entraîneur et moi. On s'est dit que les performances devenaient meilleures et on a constaté que j'étais de mieux en mieux placé au classement général. Vers 17 ans, on a commencé à se dire qu'il était possible de percer au plus haut niveau. Dans les catégories plus jeunes, je n'étais pas nécessairement le plus fort. À force de travail et de persévérance, ça a fini par donner des résultats.
«Le sommeil est très important pour les sportifs. Résultat: je ne sors que deux fois par an!»
GUIDO: Comment réussis-tu à jongler entre ta vie d'étudiant et celle de sportif de haut niveau?
Simon: Ce n'est pas si facile que ça. Il faut avoir un minimum d'organisation car les deux demandent beaucoup de temps. Par exemple, après mes cours du lundi matin, je prends le train pour Ath où ont lieu mes entraînements. Je reviens ensuite dans mon kot à Mons. Ce sont donc à chaque fois des allers-retours incessants. Il faut avoir une bonne organisation pour combiner les deux, c'est certain.
GUIDO: Tu n'as jamais envisagé de laisser tomber les études pour t'investir davantage dans ton sport?
Simon: Je me suis déjà posé ce genre de questions. Par contre, ce qui a toujours été clair dans ma tête, c'est que les études passeraient avant le sport. Surtout avec l'athlétisme en Belgique, ce n'est pas avec ça que je vais gagner ma vie. Même si c'est très rare, il m'est déjà arrivé de laisser une compèt' de côté parce que j'étais en blocus. Grâce au statut PEPS (ndlr: Projet pour Étudiant à Profil Spécifique) mis en place par l'UCLouvain, on obtient pas mal d'aide pour combiner les deux. Je peux par exemple demander à changer de groupe de TP si l'horaire ne me convient pas. De tels programmes aident vraiment les sportifs à cumuler études et sport au plus haut niveau. Et ça marche bien en ce qui me concerne.
GUIDO: Comment réagissent les autres étudiants face à tes performances?
Simon: Ils m'encouragent beaucoup et me tirent vers le haut. Et mes copains vont aussi comprendre que s'ils me proposent une sortie un jeudi soir, je serai obligé de décliner l'invitation parce que je dois être en forme pour mon entraînement le lendemain. Ils savent que le sport est très important pour moi et ils respectent mon choix.
GUIDO: À cause d'une certaine hygiène de vie à respecter, tu ne dois pas mener la même vie d'étudiant que les autres!
Simon: Je dois forcément faire plus de sacrifices par rapport à eux. Je ne sors pas, je ne bois pas, je fais très attention à mon alimentation. Il ne faut pas mettre cela de côté quand on veut faire du sport de haut niveau. Si j'ai fait quelques écarts dernièrement, j'ai décidé de m'y mettre plus sérieusement cette année et demandé à être suivi par un diététicien. Même la fête, j'évite parce que le sommeil est très important pour les sportifs. Je ne sors que deux fois par an, je pense! C'est un choix de vie différent, mais ça ne me dérange pas plus que ça.
«N'importe quel athlète belge de 400 mètres rêve un jour de courir avec les Borlée»
GUIDO: Tu as rapidement compris que ta discipline de prédilection serait le 400 mètres?
Simon: À 17 ans, on a décidé d'axer mes entraînements sur le 400 mètres et le 400 mètres haies. Du coup, tous mes entraînements sont maintenant calqués là-dessus.
GUIDO: Quelles sont les principales qualités à avoir pour être un bon coureur de 400 mètres, par rapport à un sprinteur sur 100 mètres?
Simon: C'est le mental, clairement. Un 400 mètres, ça ne se gagne pas avec les jambes, pour moi, mais avec la tête. Une fois les 300 premiers mètres réalisés, si tu n'as pas le mental, tu craques dans la dernière ligne droite.
GUIDO: Quelle est à ce jour ta meilleure performance sur le circuit?
Simon: Ma plus belle performance - et mon plus beau souvenir -, ce sont les Championnats du Monde en relais 4x400 mètres et la cinquième place qu'on a réussi à décrocher à cette occasion. Participer aux Championnats du Monde, c'était un rêve d'enfant. Mais arriver en finale, c'était quelque chose d'incroyable, surtout que personne ne nous attendait à ce niveau-là.
GUIDO: Quand penses-tu concourir chez les pros?
Simon: Si j'avais les performances, je pourrais déjà m'aligner chez les pros, mais avec les Borlée, la voie est quelque peu bouchée. (rires) Après les trois années à venir chez les Espoirs, je serai ensuite considéré comme Senior. Mais bon, si on a les temps requis, on peut déjà courir avec les plus grands.
GUIDO: Justement, les Borlée, tu as eu l'occasion de les rencontrer?
Simon: J'ai eu la chance d'être entraîné par Jacques Borlée lors des Championnats du Monde et de courir avec leur petit frère, Rayane. Les Borlée, ce sont en quelque sorte mes idoles, ils ont énormément apporté à l'athlétisme belge, autant sur le plan des performances que de la réputation du sport. Ce sont des modèles, n'importe quel coureur de 400 mètres en Belgique rêve un jour de courir avec eux.
GUIDO: Quels sont tes principaux objectifs sportifs pour les années à venir?
Simon: Continuer à faire partie des meilleurs en Belgique et participer à des championnats internationaux. Et pourquoi pas dans cinq ou six ans faire partie des Tornados (ndlr: le surnom du relais belge de 4x400 mètres)? J'espère que les Borlée auront libéré quelques places d'ici là! (rires)
Photo: © Lucien Lambotte