Nathalie Maleux: «La vie en kot permet de tisser des liens très forts»
Pilier du Journal Télévisé de la RTBF depuis quelques années, Nathalie Maleux n'a jamais quitté le journalisme depuis ses études ULBéennes. Nous avons donc donné rendez-vous avec la journaliste pour ouvrir avec elle son album de souvenirs étudiants.
GUIDO: Apparemment, le journalisme n'était pas une vocation pour vous?
Nathalie Maleux: Je n'ai pas toujours voulu être journaliste. Par contre, lors de mes études secondaires, j'aimais les cours d'expression orale. J'ai longtemps hésité entre le journalisme radio et devenir professeur de français. J'avoue avoir été quelque peu perdue jusqu'au dernier moment et c'est ma prof elle-même qui m'a assuré que je ne m'épanouirais pas dans cette voie, étant donné que le canevas d'un prof de français est plus rigide. Peut-être parce que j'avais un esprit plus libre qui sortait du cadre. Et c'est elle qui m'a conseillée de partir vers les études de journalisme.
GUIDO: Pourquoi avoir choisi de faire vos études à Bruxelles?
Nathalie Maleux: Je suis liégeoise mais j'ai choisi de faire mes études à l'ULB (ndlr: l'Université Libre de Bruxelles). Il y a 30 ans, l'Université de Liège proposait beaucoup de culture dans ses cours et cela me tentait moins à l'époque. Et le fait de prendre mon envol et de partir en kot, cela m'attirait beaucoup. Maintenant, si j'étais étudiante aujourd'hui, j'irais à Liège sans hésiter. Mais à l'époque, c'était l'ULB qui m'attirait.
«La Jefke à 150 mètres de mon kot, c'était très pratique!»
GUIDO: Monter à la capitale à 18 ans a-t-il été facile pour vous?
Nathalie Maleux: Oui et non, disons que j'étais un peu perdue géographiquement. Je ne connaissais pas Bruxelles, il a donc fallu que j'adopte cette ville comme il a fallu que cette ville m'adopte aussi. Je kotais à la Cité Héger où plein d'autres jeunes ont atterri en ne connaissant personne sur le campus. On a donc rapidement fait connaissance entre nous. Je suis arrivée étudiante un peu timorée et perdue dans cet environnement géographique, mais j'y ai rapidement trouvé mes marques. Très vite, mon côté extraverti a appris à se développer dans cette vie universitaire.
GUIDO: C'est à cette époque que vous vous êtes retrouvée pour la première fois derrière un micro?
Nathalie Maleux: J'ai travaillé pendant mes études à Radio Campus, la radio des étudiants de l'ULB. J'ai eu la chance d'intégrer cette chouette équipe et de faire des journaux radios tôt le matin. Ça m'a vraiment plu et ça m'a confirmé que c'était vraiment cela que je voulais faire. C'est ça qui me faisait vibrer.
Son conseil aux étudiants en journalisme: «Ouvrez votre fenêtre sur le monde»
«Je conseille aux étudiants d'exploiter leurs études pour déjà prouver leurs talents, mettre un pied dans la fonction qu'ils veulent exercer et tester tout ce qu'il est possible de tester. Toutes les universités et écoles supérieures ont des outils à disposition (une radio étudiante par exemple), il ne faut pas hésiter à en faire usage quand on est étudiant. On peut se permettre d'y faire des erreurs, des premiers pas ou des balbutiements pour pouvoir sortir des études mieux armé pour la suite. Il faut explorer tous les horizons professionnels possibles et ne pas rester le nez dans ses cahiers, encore plus quand on veut devenir journaliste.» |
GUIDO: Vous étiez une étudiante plutôt studieuse ou guindailleuse?
Nathalie Maleux: Je pense avoir fait une bonne combinaison des deux. Je n'ai par exemple pas été baptisée. J'ai commencé mon baptême, mais après qu'on m'a dit dix fois «Ta gueule», j'ai arrêté! Ça ne m'a pas plu. Mais cela ne m'a pas empêchée de participer à plein d'activités, aux soirées à la Jefke, qui était à 150 mètres de mon kot. (rires) C'était très pratique. Mais ça n'a jamais pris le pas sur mes études que j'adorais, j'étais à la fois guindailleuse et bosseuse.
GUIDO: Une étudiante bosseuse qui a toujours réussi ses années en première session?
Nathalie Maleux: Non, il y a eu une seconde session la première année à cause du cours de droit pour lequel j'avais obtenu un 3 ou un 4/20. Et je n'ai pas fait beaucoup mieux en seconde session, je pense en effet avoir eu 5. À l'époque, c'était une cote d'exclusion. Je me souviens qui si on ratait, on était exclu de la Cité Héger. J'ai d'ailleurs immédiatement déménagé mon frigo après cet examen ainsi que d'autres affaires de mon kot, persuadée d'avoir raté mon année. Pourtant, les profs m'ont laissé passer en deuxième année à titre exceptionnel, mais à condition que je repasse ce fameux cours de droit. Il faut savoir que tous mes autres points étaient bons, ils ont compris qu'il y avait eu une erreur de parcours et m'ont laissé cette opportunité. Après ce couac, j'ai continué tout mon cursus sans aucun souci.
GUIDO: Que retenez-vous de vos années de kot?
Nathalie Maleux: La vie en kot permet de tisser des liens très forts. Une de mes meilleures amies encore actuellement était ma voisine de kot. Et pourtant, j'étudiais le journalisme et elle était ingénieur en physique nucléaire. Nous avions deux univers totalement différents, mais on a évolué en même temps, on a appris à se connaître, on a tissé des liens qui sont toujours là 30 ans plus tard. Cette vie en kot, c'était un véritable bonheur. J'y ai appris à connaître énormément de gens d'horizons différents. C'était aussi l'époque de la débrouille, on devait faire attention aux fins de mois, notamment lorsqu'on faisait les courses pour nos repas de kot, qui étaient souvent composés de fish-sticks produits blancs!
«Mon rêve n'était pas que l'on me voie à la télé, mais que l'on m'entende à la radio»
GUIDO: Quand vous regardiez le journal télévisé à l'époque, vous aviez déjà le rêve d'y être un jour dans un coin de votre tête?
Nathalie Maleux: Pas du tout! Mon rêve, c'était d'être derrière un micro, ce n'était pas que l'on me voie, mais que l'on m'entende. C'était pouvoir moduler cette voix, jouer avec les intonations, aller dans l'émotion ou l'autorité…
GUIDO: Toutes ces choses, vous avez aussi pu les tester lors de vos stages de fin d'études…
Nathalie Maleux: Les stages, c'est ce qui confirme ou pas une vocation. Ils m'ont aussi permis de balayer mes incertitudes concernant la suite de ma carrière, étant donné qu'on était obligé de faire un stage en presse écrite et l'autre en radio ou télé. Le stage en presse écrite m'a confirmé que ce n'était pas mon truc. Je bloquais devant la longueur des articles et je ne me sentais pas dans mon élément dans cette rédaction de presse écrite. Par contre, mon stage en radio (ndlr: à Bruxelles-Capitale, la radio bruxelloise de la RTBF à l'époque) a confirmé tout ce que je pensais: le plaisir d'être derrière un micro, de jouer avec l'expression orale, l'intonation…
GUIDO: A posteriori, pensez-vous avoir assez profité de ces quatre années d'études ou avez-vous un quelconque regret par rapport à cette époque?
Nathalie Maleux: Je les ai vécues pleinement, ces études. Peut-être que j'aurais pu sortir encore plus! (rires) Plus sérieusement, je pense que j'ai fait le bon choix et je ne regrette absolument rien de ce parcours.
Les premières fois de Nathalie Maleux
Son premier boulot
«J'ai frappé avec insistance à la porte de la RTBF-Liège à l'issue de mes études. Pour finalement décrocher quelques piges en radio. Ce n'étaient que des piges, j'ai donc rapidement été travailler à Radio Contact à Malmedy où j'étais en charge des journaux d'information locale.»
Son premier reportage
«C'était chez un glacier si je me souviens bien. Je devais courir pour le Journal de 13 Heures et j'étais paniquée de ne pas être prête. Je ne pense pas que le reportage était terrible et les gens ont certainement dû trouver que j'allais beaucoup trop vite.»
Son premier direct
«Je ne me souviens pas de mon premier Journal Télévisé. Par contre, je me souviens de mon premier direct en 1998. J'étais de garde opérationnelle le matin où on apprend qu'un camion a dévalé la rue de la Haute Levée et s'est encastré dans une banque, faisant deux victimes et endommageant le centre historique de Stavelot. C'est à cette occasion que j'ai réalisé mon premier direct. Je me souviens que c'était François De Brigode qui présentait - déjà - le JT à l'époque!»
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Photo: © RTBF - Martin Godfroid