SHARKO: "Le public a toujours raison"
Troisième album réussi et critiques unanimes pour Sharko qui s'est petit à petit taillé une place de choix dans le paysage du rock belge. Entretien avec Teuk, son guitariste.
GUIDO: Depuis le nouvel album "Sharko III", on a l'impression que le nom de Sharko est davantage présent sur le devant de la scène.
Teuk: Depuis cet album, on est beaucoup plus médiatisés. On a mis aussi beaucoup d'espoir dans cet album, ce qui a créé un petit stress médiatique.
Le trip de David GUIDO: Peut-on définir Sharko comme un groupe de scène?
Teuk: Sur scène, on est vraiment un groupe, un trio. On donne tout sur scène, tous de la même façon. En studio, c'est beaucoup plus fragmenté, David fait beaucoup de trucs tout seul, compose la plupart des chansons, on fait des petites réunions pour mettre nos idées en commun alors que sur scène on forme un seul et même bloc. Je rajoute parfois mes idées dans ses compos à lui et inversement.
GUIDO: Pourtant, beaucoup de gens assimilent Sharko à la seule personnalité de David.
Teuk: C'est logique car il a commencé tout seul. Il a créé un groupe autour de lui. Il n'y a pas vraiment de compétition, on a décidé qu'on était maintenant un vrai groupe et il est normal que ce soit David qui soit le plus souvent dans les médias.
GUIDO: A chaque concert de Sharko, on assiste à un véritable show. Est-ce que tout cela est orchestré?
Teuk: C'est clair qu'on joue avant tout pour notre public. On attire trop l'attention sur le côté théâtral. J'avoue aussi que je trouve que David en fait parfois de trop! Il est dans son trip et il est parti, on ne peut pas le retenir! Sur scène, on a trois personnalités différentes, c'est ce qui rend bien, je crois. David est toujours dans la folie mais on ne recherche pas cette théâtralité, cela doit rester spontané. Il retombe toujours sur des tics, malgré lui.
GUIDO: Quelles sont tes références musicales?
Teuk: J'écoute surtout la musique des années 80, comme Joy Division par exemple. Maintenant, j'écoute plus Beck, Radiohead, Flaming Lips…
Rock ne rime pas avec politique
GUIDO: Quelle est ton appréciation générale des festivals?
Teuk: Parfois, c'est dur, mais les festivals ont un côté direct, un soundcheck de 20 minutes et après, il faut que tu joues. Ça a un côté très spontané et direct, mais ce n'est pas parce que tu as un soundcheck d'une heure que tu vas jouer mieux. Il y a aussi souvent beaucoup d'ambiance, j'aime beaucoup jouer dans les festivals. Le plus important, c'est que le festival soit bien organisé et que l'accueil soit bon.
GUIDO: Tu n'as pas de préférences de festivals?
Teuk: Pour l'instant, nous, ce qui nous importe, c'est de jouer, que ce soit devant 200 ou 1000 personnes, c'est la même chose. On joue toujours avec la même énergie, le mieux possible. Parfois, le son est vraiment pourri mais il suffit que l'ambiance soit au rendez-vous pour que ça marche quand même.
GUIDO: Il y a toujours une sacrée barrière entre la Flandre et la Wallonie.
Teuk: C'est difficile de passer la frontière car il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu. Cela fait quatre ans que l'on se bat pour ça. C'est un autre système, une autre culture.
GUIDO: Alors que le public suit, les politiques comme Ducarme ne semblent pas voir l'émergence du rock wallon. Qu'est-ce que tu en penses?
Teuk: Le public a toujours raison, il y a vraiment une bonne énergie pour l'instant en ce qui concerne le rock wallon. Ce qui prouve encore que les politiques sont hors de la réalité.
(SD)