SAULE: «On n'a pas le temps de s'ennuyer»

Arrivé sur la pointe des pieds dans le paysage musical belge, Saule n'aura pas mis bien longtemps avant d'imposer son univers empreint de poésie. Sur la longueur et sur foi d'un formidable bouche-à-oreille, notre gaillard est parvenu à rallier un public de plus en plus nombreux et même à attirer l’attention de Franco Dragone himself qui a mis en scène une partie de ses concerts.

Pour son second opus, il ne fait aucun doute que Saule parviendra à séduire la France. Terriblement touchant, entre tendresse et mal de vivre, son Western se veut nettement moins rigolard que son précédent et aborde des thèmes aussi divers que les ruptures sentimentales, le décès d'une grand-mère, les enfants difficiles (Sidonie) ou encore la naissance des enfants en Afrique. Pourtant, Baptiste a la délicatesse et la pudeur de ne pas "plomber" l'atmosphère... L'instrumentation est ainsi beaucoup plus riche que sur Vous êtes ici et les textes laissent toujours percer une lueur d’espoir ou un timide sourire. Une rencontre s’imposait…

GUIDO: Entre la sortie du premier album et Western, tu as composé la musique du film Cowboy de Benoît Mariage. Que retires-tu de cette expérience?
Saule: J’ai adoré… Tout cela s’est passé assez rapidement. Les deux Ben – Mariage et Poelvoorde - avaient eu un coup de cœur pour ma musique. Je les ai tous les deux rencontrés et, à partir du moment où ils ont pris la décision que je ferais la musique, Benoît Mariage m’a filé le film et moi, j’ai rêvé dessus. Deux mois plus tard, tout était enregistré. Il faut dire que ce film m’a beaucoup inspiré et touché. Je pense que Benoît Mariage a réalisé un film juste et profond, qui touche à l’humain de manière universelle. 

GUIDO: Comment s’est passé l’accouchement de ce second album?
Saule: Plutôt bien… J’ai commencé à composer dès la sortie du premier album. J’écris énormément de morceaux, j’ai besoin de cela pour me sentir équilibré et j’avais donc une cinquantaine de titres en stock que j’avais accumulés sur mon ordinateur. Lorsqu’il a été question de l’enregistrement du successeur de Vous êtes ici, j’ai tout simplement fait une sélection des meilleurs titres avec les Pleureurs. Nous n’avons repris aucun morceau que nous jouions en concert durant la tournée de l’album précédent car il y avait une volonté de dire que ces morceaux n’appartenaient qu’au live. Si un jour nous enregistrons un album live, il est probable que certains y apparaîtront. En attendant, c’est un plus pour les personnes qui nous suivent en tournée. Et puis, pour Western, nous n’avions aucune envie de mettre des titres que nous traînions depuis un an et demie.

GUIDO: Tu es devenu papa d’un petit garçon il y a quelques mois. C’est une expérience qui t’a visiblement inspiré pour l’écriture…
Saule: En effet… Il y a deux chansons qui sont directement inspirées de cette expérience: Petite graine et Bienvenue au monde. J’aimais cette image de la petite graine qui est plantée et de l’arbre qui pousse. C’est la même chose pour un enfant. Bienvenue au monde est un titre nettement plus amer. A la naissance de mon petit bonhomme, j’avais envie de lui consacrer une chanson, mais je ne parvenais qu’à écrire des textes bateau. Jusqu’au jour où je me suis pris dans la tronche un documentaire assez édifiant sur la mondialisation. Ensuite, je me suis pris une grosse claque lors d'un voyage en Inde. Ici, on est le cul dans le beurre et on a souvent tendance à l’oublier. Quand un bébé naît en Belgique, on lui souhaite la bienvenue. En Afrique, on lui souhaite également la bienvenue… mais cela sonne un peu différemment.

GUIDO:Les deux albums sont évidemment très différents…
Saule: Sur le premier album, il y avait une poésie naïve qui est toujours présente sur Western, mais j’avais envie de faire quelque chose de plus approfondi, aussi bien dans les textes que dans la musique. Vous êtes ici est une sorte d’instantané, de polaroïd. C’est Seb Martel qui a réalisé Western et cela s’entend… Nous avons beaucoup travaillé sur les textures et l’instrumentation est nettement plus riche.

GUIDO: On retrouve également deux duos sur l'album, avec Sacha Toorop et Dominique A.
Saule: Lorsque j’ai composé Désert de sa vie, j’ai tout de suite pensé à Sacha qui apporte à ce titre quelque chose de très solaire. J’ai découvert Dominique A sur le tard avec l’album L’horizon. Ensuite, j’ai évidemment écouté d’autres albums tels que Auguri ou Remué et cela a certainement transpiré dans mon écriture. Les Pleureurs ont trouvé qu’il y avait un côté Dominique A dans le titre Personne où aller et, comme nous avions fait connaissance et sympathisé entre-temps – il avait adoré le titre Le baiser sur le premier album – il a été très heureux de chanter dessus.

GUIDO: Tu es attendu au tournant avec ce nouvel album, surtout en France où sa sortie est considérée comme prioritaire par Polydor/Universal. Tu ressens cette pression?
Saule: Pas vraiment… Le premier album était une ‘licence’ pour la France et, comme ce n’était pas la maison de disques qui avait produit le disque, il est sorti en catimini. Ce n’est pas le cas de Western. Ils ont vraiment aimé le disque et le planning promo a explosé. Bref, pas le temps de s’ennuyer mais nous sommes déjà bien rodés et les Pleureurs sont motivés comme jamais.

(JM)

Saule: «Western» (Bang !) ****
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