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13/12/2009

CHRISTOPHE ARLESTON: «Je suis un boulimique de travail!»

Le scénariste de BD hyper productif Christophe Arleston est un esprit créatif. A lui tout seul, il a imaginé un univers fantastique autour de l'aventurier naïf Lanfeust de la planète Troy. L'imagination sans retenue d'Arleston a pris vie grâce à la plume virtuose d'un groupe de jeunes dessinateurs d'un atelier d'Aix-en-Provence, régi par le moteur créateur d'Arleston. En France, Arleston a déjà vendu plus de six millions de bandes dessinées, un succès amplement mérité pour ce workaholic de génie. Nous retrouvons le maître autour d'une Blanche pour un entretien sans temps mort.


GUIDO: Êtes-vous un workaholic?
Arleston: Dans mon travail, je souffre de boulimie. (rires) Je me mets beaucoup de pression sur les épaules. J'ai aussi une douzaine de dessinateurs qui travaillent sur mes scénarios, je dois donc veiller à ce qu'ils aient constamment du texte à illustrer. La conséquence? Ce matin, par exemple, j'ai encore écrit quelques pages dans l'avion, que j'ai envoyées par mail à l'atelier. Ce n'est arrivé que deux fois qu'un dessinateur doive attendre mon texte pendant 24 heures. Enfin, je leur demande alors de penser à un projet pour la couverture, ce n'était donc pas une catastrophe. Cependant, j'écris énormément et je fais toujours tout en même temps. Je ne suis pas comme Jean Van Hamme qui écrit d'abord une histoire pour Thorgal, ensuite un nouvel épisode de XIII et enfin une histoire de Largo Winch. Non, je travaille à toutes mes séries en même temps, si bien que mes dessinateurs peuvent travailler non-stop. Avec tous les risques que cela comprend, bien entendu.
GUIDO: Cela vous est-il déjà arrivé de vous réveiller le matin et de penser: aujourd'hui, je n'ai aucune inspiration?
Arleston: Cela arrive tous les jours. (rires) Je me rends alors dans l'atelier, j'ouvre mon Macintosh et l'inspiration me vient. Toujours. Vous savez pourquoi? Parce que je connais très bien mes personnages. Un peu comme si j'installais une caméra sur mon épaule et enregistrais tout ce qu'ils fabriquent. Ils sont mon inspiration. Et si ça ne marche toujours pas, j'ai assez de sparring-partners dans l'atelier pour m'aider. Je vais alors boire un verre avec un des dessinateurs ou avec une des rédactrices qui relisent de façon critique mes scénarios. C'est aussi nécessaire car j'ai écrit tant de scénarios que je dois faire attention à rester conséquent et à ne pas me répéter.
 
Dessinateur raté
 
GUIDO: Un scénariste n'est-il pas souvent un dessinateur BD raté? Arleston: Euh... raté? (me regarde en fronçant les sourcils, en France une question aussi directe n'est pas fréquente) Je l'admets, mon rêve a toujours été de devenir dessinateur de BD. Dès l'âge de dix ans, j'avais même établi un plan de carrière: le but était de gagner ma vie en tant que dessinateur avant la fin des humanités. Bon, ce n'est pas exactement ce qu'il s'est passé et j'ai donc entrepris des études de journalisme. Il y avait en fait deux problèmes. Premièrement, je n'avais en effet pas assez de talent de dessinateur. Si j'avais insisté, je serais peut-être devenu le genre de dessinateur que l'on voit beaucoup actuellement: un talent moyen, rien de remarquable à proposer, peut-être juste assez bon pour pouvoir en vivre. Je n'aurais pas pu m'en contenter, je ne voulais pas jouer en troisième division. Deuxièmement, un autre problème est que dessiner prend énormément de temps. Un album demande environ une année de travail à un dessinateur, alors que j'ai tellement d'histoires qui se bousculent dans ma tête. J'éprouve une irrésistible envie de raconter des choses, ce qui est le lot de tout scénariste.
GUIDO: Êtes-vous parfois surpris par les dessinateurs qui donnent vie à vos envies les plus farfelues?
Arleston: Au début peut-être, mais plus quand une série compte déjà plusieurs albums et est donc bien lancée. Mes dessinateurs sont tous des amis, je les connais très bien. Je sais ce que je peux attendre d'eux du point de vue graphique quand j'émets une idée. J'adapte aussi mes scénarios en fonction du dessinateur. Je sais ainsi par exemple que Jean-Louis Mourier, qui dessine Trolls de Troy, exagère toujours. Si je lui demande de dessiner une maison, je me retrouve avec un château! Maintenant que je le sais, j'en tiens compte. Si je veux un château, je demande une maison et si je veux une maison, je demande une hutte! (rires) Je me plie au dessinateur, mais la seule chose que je ne veux pas, c'est enlever l'humour de mes scénarios. Cela va tellement loin que quand je dois écrire un album sérieux, j'y mets de l'humour dans la première version, pour ensuite l'enlever à la deuxième lecture.
 
Travailler entre amis
 
GUIDO: Il est étonnant de vous entendre appeler vos collègues des amis…
Arleston: Pourtant, c'est bien le cas. On peut très bien me présenter demain le dessinateur le plus talentueux du monde. Si entre nous ça ne colle pas, je ne collaborerai pas avec lui. Nous sommes un groupe de copains. Attention, cela ne veut pas dire qu'on ne travaille pas sérieusement à l'atelier. Au contraire: le fait de travailler en groupe nous stimule continuellement. On peut échanger des idées, tester de nouvelles pistes, faire des brainstormings, porter un regard critique sur le travail de chacun. Je trouve cela génial. Je n'ai encore jamais dû aller à l'atelier avec les pieds de plomb. De plus, ce sont surtout des jeunes dessinateurs qui travaillent avec moi, cela me rend alerte, car j'ai 45 ans, alors que mes lecteurs ont, eux, entre 15 et 25 ans. Ceci dit, j'ai quand même mon propre bureau; si j'ai envie d'être plus concentré, il arrive que je ferme la porte à clé.
GUIDO: Encore une question pour conclure. Internet fourmille des rumeurs les plus dingues, je ne fais donc que vérifier: est-il exact que vous serez le nouveau scénariste d'Astérix?
Arleston: Non, c'est faux. J'ai bien été manger une fois avec Albert Uderzo. Avez-vous déjà rencontré cet homme? C'est vraiment le mec le plus sympathique qui existe. J'étais d'abord complètement impressionné par le monument qu'il représente, mais après cinq minutes, nous étions déjà en train de discuter de tout et de rien comme si c'était mon meilleur ami. A un moment, il a lâché: «Christophe, si tu as envie d'écrire un scénario pour Astérix, n'hésite pas à me faire une proposition». Ce que je n'ai toujours pas fait. Je l'admets sans problème: je n'ose pas. En outre, je trouve cela très indélicat que l'on fasse comme si Uderzo était déjà mort. (ndlr: le dessinateur d'Astérix a 82 ans) Ses descendants sont déjà en train de se disputer sa fortune alors qu'il est encore en vie. C'est extrêmement triste et je trouve cela dommage que cet homme doive endurer cela à son âge. Enfin bref, c'est une autre histoire…
 

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