La Grande Sophie en treize chansons
Depuis le début de l’été, La Grande Sophie sillonne nos salles et nos festivals au point que sa longue silhouette nous devient très familière. Nous avons profité de son dernier passage en Belgique et de l’enregistrement d’une émission télé pour rencontrer une charmante grande (So)fille, et mieux la connaître au travers de ses textes. A chaque chanson, sa question…
1. Pardonner
GUIDO: Est-ce si difficile de pardonner? Est-ce lâcher prise ou est-ce une preuve d’amour?
La Grande Sophie: C’est la dernière chanson enregistrée et c’est celle qui se retrouve en première position sur l’album. Je n’ai pas facile de pardonner, mais le pardon m’apporte un soulagement. Bon, il s’agit quand même d’une chanson, mais je pense que la phrase la plus importante de la chanson est celle qui dit qu’il ne faut pas tomber dans l’aigreur. Je reconnais volontiers aussi que le pardon est bien souvent une preuve d’amour.
2. Quand le mois d’avril
GUIDO: La chanson nous parle d’indécision. Un de tes traits de caractère?
La Grande Sophie: Je ne sais pas si c’est un de mes traits de caractère, mais je pense que nous connaissons tous des périodes de flou et de doutes. Et c’est vrai que lorsque les décisions sont prises, je me sens soulagée.
3. Danser sur le disco
GUIDO: Dans cette chanson, tu répètes deux fois «Le monde ne tourne pas pour moi». Une réalité?
La Grande Sophie: Oh non, la chanson parle de musique. Et la musique est un radeau auquel je m’accroche. Sincèrement, je vis la vie dont je rêvais. Mon parcours correspond à mes espoirs. Je n’ai aucun regret.
4. Quelqu’un d’autre
GUIDO: Tu crois à la réincarnation? Qui voudrais-tu être?
La Grande Sophie: Je croirais bien à la réincarnation car j’ai vraiment peur de la mort. Cela me permettrait peut-être de moins appréhender la fin de cette vie. Quant à savoir qui je voudrais être, cala dépend des moments, des périodes. Pour l’instant je rêve souvent que je suis Isadora Duncan. Il s’agit d’une danseuse américaine du début du siècle dernier qui a véritablement révolutionné la danse.
5. Des vagues et des ruisseaux
GUIDO: C’est la chanson qui a donné son titre à l’album. Et on peut dire qu’elle n’est pas très joyeuse. «Perdre un grand amour, c’est comme perdre une jambe»…
La Grande Sophie: Il ne s’agit pas d’une chanson autobiographique. C’est vrai que la chanson n’est pas des plus drôles. J’ai la chance de ne pas avoir vécu la situation de la perte d’un grand amour.
6. Celui qui me suivait dans la rue
GUIDO: Ce n’est pas la bonne manière de draguer Sophie. Elle est du genre craintive?
La Grande Sophie: Elle peut même être carrément parano. Un simple détail peut prendre des dimensions extraordinaires.
7. Les pouvoirs de la tentation
GUIDO: Tu cèdes facilement?
La Grande Sophie: (léger sourire coquin) Je crois volontiers au rapport qui existe entre les prénoms et les caractères des gens qui les portent. Comme Yvan le Terrible. En ce qui me concerne, je suis ce que l’on peut appeler une sage. Sophie n’est-elle pas la sagesse? Par contre, il faut quand même montrer le côté opposé. Et je ne parle pas nécessairement de sexe… La gourmandise peut être une grande tentation.
8. Tu n’as pas cherché
GUIDO: Je n’ai pas de question au sujet de cette chanson…
La Grande Sophie: C’est que tu n’as pas bien cherché! (rires)
9. Dans le show business
GUIDO: Tu nous dis que tu n’as pas d’ami dans le show business. Il y a pourtant quelques clans?
La Grande Sophie: Je sors très peu. Je ne suis pas du genre mondain, j’ai donc peu de relations avec le show business. Ce qui me permet de prendre un peu de recul. J’ai d’ailleurs été très surprise lorsque les professionnels de la corporation m’ont octroyé une Victoire de la Musique. Mes seules relations sont celles rencontrées lors des festivals: Bénabar, Jeanne Cherhal, Sanseverino, …
10. Ce jour-là
GUIDO: Tu chantes «A l’Ouest, on flanche». Que signifie l’Ouest?
La Grande Sophie: L’Ouest? Vous ne connaissez pas cette expression en Belgique? Cela signifie être à côté de ses pompes. Je suis à l’Ouest, je ne suis pas bien dans ma peau.
11. Ta mauvaise foi
GUIDO: Est-ce le défaut que tu détestes le plus?
La Grande Sophie: On ne peut pas vraiment dire que c’est agréable de discuter avec quelqu’un qui fait preuve d’une mauvaise foi évidente. J’ai du mal avec la mauvaise foi comme je ne supporte pas du tout l’impolitesse.
12. La valse des adieux
GUIDO: Une valse pour une chanteuse étiquetée pop-rock! Est-ce l’approche de la quarantaine qui te fait aimer cette danse?
La Grande Sophie: Il doit y avoir du vrai dans cette analyse. Il s’agit de mon cinquième album et je n’aurais jamais osé graver une chanson pareille auparavant. Je pense que ce sont les années qui passent qui me permettent de faire passer plus d‘émotion. Et puis, il y a aussi le désir d’explorer d’autres genres musicaux.
13. Dis, quand reviendras-tu?
GUIDO: La seule chanson qui n’est pas signée de ta plume. Pourquoi ce choix?
La Grande Sophie: J’ai eu la chance de voir Barbara sur scène et il émanait de sa personne un charisme extraordinaire. Je l’ai beaucoup écoutée et j’ai fait ensuite une conférence-chantée lors des Francofolies de la Rochelle. A cette occasion, j’ai interprété sept de ses chansons dont celle-ci que j’ai voulu intégrer à l’album. Et puis je vais vous annoncer un scoop… Je reviendrai très vite en Belgique car je vais travailler avec les frères Kolacny et leur chorale Scala. C’est pour très bientôt.
La Grande Sophie – Des vagues et des ruisseaux (Universal)
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A l’approche de la quarantaine, Sophie Hurieux effectue un virage à 180°. Délaissant son image de rock star, elle se fait plus intimiste et nous livre un cinquième opus tout en nuances. Si l’album ne regorge pas de hits en puissance, les douze chansons se savourent et se réécoutent avec plaisir pour s’imposer dans le temps. Plus variées, les mélodies nous promènent de la pop à la valse et nous permettent de découvrir des compositions bien plus élaborés que par le passé. Parfois légers (Danser sur le disco, Dans le show business), souvent plus sombres (Des vagues et des ruisseaux, La valse des adieux), les textes prennent la place qu’ils méritent grâce à de subtils arrangements. La Grande Sophie, 178 cm de talent.