The Tellers: Second départ
L’une des meilleures surprises de ces derniers mois, c’est sans conteste le retour convaincant des Tellers sur le devant de la scène… Alors que l’on pensait le duo exsangue suite au départ de son guitariste, c’est un groupe soudé et ambitieux que l’on retrouve aujourd’hui autour de Benoît Baillieux-Beynon… Les Tellers sont de retour et il ne fait aucun doute qu’ils sont là pour durer!
Ben: C’est clair que Charles n’a pas été facile à remplacer… Il a un jeu très swing. Dans son genre, il est tout à fait unique… Mais c’est quelqu’un qui n’aimait pas le rythme des tournées et les interviews. D’ailleurs, il était toujours malade lorsqu’on avait des interviews planifiées… (rires). Finalement, Charles a éprouvé le désir de ne plus être sur la route tout le temps. Au même moment, le label nous demandait un deuxième disque, on s’est mis à écrire et il a pris la décision de quitter les Tellers. On s’est séparé en bons termes, mais je dois avouer que j’étais complètement découragé il y a un an. J’ai pensé tout arrêter…
Le club des cinq
GUIDO: Tout seul il y a un an… Et aujourd’hui, vous êtes à cinq!
Ben:Oui, c’est dingue… Fab avait produit l’album Hands Full Of Ink. On est amis depuis des années et il est directement venu à la rescousse lorsque Charles a décidé de quitter le navire. César, je le connaissais un petit peu. Plus jeune, on avait chacun un autre groupe et on s’était déjà croisés à plusieurs de nos concerts. Il est devenu notre nouveau batteur et s’est très vite intégré. Pour la guitare, on a eu un peu de mal à trouver. On voulait quelqu’un qui soit aussi bon que Charles. Nous ne parvenions pas à trouver la bonne personne. On a même organisé un casting… Après avoir entendu une dizaine de personnes, on a enfin trouvé Joos via son site MySpace. Le groupe au complet, on a pu commencer à travailler sur le nouvel album. Aurélie (claviers) n’a rejoint le groupe qu’il y a quelques semaines.
Fab: Avec une fille dans le groupe, cela va nous obliger à éviter les blagues vaseuses… (rires). Blague à part, son apport est énorme, elle apporte beaucoup de relief aux compositions.
GUIDO: Lorsque Charles est parti, tu n’as pas eu peur de perdre l’esprit des Tellers en formant un nouveau groupe?
Ben: Non, pas vraiment. C’est toujours moi qui écris les textes et qui chante. Le groupe a gardé sa personnalité, son âme. Quand Charles en faisait partie, il mettait de la couleur aux morceaux. C’est ce qui a été le plus difficile à retrouver, mais je pense que Joos s’en sort très bien.
Sinon, pour le nouvel album, l’esprit des Tellers n’a pas du tout changé. J’ai évolué dans la musique. Ce nouvel album est moins influencé par les Libertines… J’écoute beaucoup Vampire Weekend, Pavement et Phœnix par exemple. Et cela se ressent probablement sur les nouveaux titres. Je pense que l’influence de Velvet Underground est aussi assez tangible sur l’album.
GUIDO: Cet album est plus musclé, moins acoustique que Hands Full Of Ink. C’était une volonté délibérée?
Ben: C’est clair que ce nouvel album est nettement plus rock que le premier, il a plus de profondeur. Nous sommes à cinq… et cela s’entend. Ceci dit, nos fans ne seront pas perdus. Je pense que c’est surtout au niveau rythmique que l’on entend la différence. Les bases ont été prises à quatre, cela donne un mélange entre le côté garage et le côté plus spontané. Il n’est pas forcément plus rock, il sonne surtout, plus "groupe", plus danse et plus assumé.
Gordon Raphael? Très zarbi!
GUIDO: L’album a été produit par Gordon Raphael (producteur des deux premiers albums des Strokes). C’est tout de même une pointure, non?
Ben: Evidemment! Comme le premier disque a bien marché, notre label nous avait demandé de faire une liste des producteurs avec lesquels on avait envie de bosser. On avait mis Damon Albarn, Gordon Raphael… Mais c’était plus pour la blague qu’autre chose. Deux semaines plus tard, on nous a annoncé que Gordon était intéressé. Il est venu nous voir jouer en concert au Bota et a ensuite donné son accord! C’était un véritable rêve éveillé…
Fab: Très franchement, le bonhomme n’est pas banal. Il mesure plus ou moins deux mètres, a les cheveux roses, porte des jeans slim et des Doc Martens argentées… Il est vraiment très, très zarbi. Gordon habite Berlin, il avait envie de travailler à Bruxelles et notre premier disque lui plaisait bien.
Ben: Il a été absolument adorable avec nous, super respectueux… Il a détesté son séjour en Belgique et avait la fâcheuse habitude de traiter les gens comme de la merde… sauf nous. Très chouette expérience, franchement…
The Tellers: “Close the Evil Eye” (Pias)