SELAH SUE: «En coulisses, je me comporte parfois comme une véritable groupie. Gênant!»

 

Selah Sue: De ma plus tendre enfance, je me souviens d'un concert de Dinky Toys, quelque part dans une tente. Je devais avoir six ans. Mais le premier festival auquel je me suis rendue, c'était le Marktrock à Louvain. C'était le plus proche de la maison, j'avais donc le droit d'y aller. J'y ai appris à connaître pas mal de choses, comme le rappeur hollandais Pete Philly.

Selah Sue: A Rootstock, un festival gratuit dans la région de Louvain qui programmait beaucoup de reggae, avec un podium constitué de planches mises les unes à côté des autres. Tu vois l'ambiance!

Selah Sue: Je trouve que le concept 'live' est un peu surestimé. Je suis aussi intéressée par le dubstep et la musique électronique. Pourquoi par exemple la batterie devrait-elle toujours être jouée en live? Si un son est meilleur sur ordinateur, pourquoi ne l'utiliserait-on pas sur le podium? Il ne faut pas être trop fondamentaliste à ce propos. Tout ne doit pas être nécessairement live selon moi.

Selah Sue: Oui, évidemment. Par contre, il faut parfois attendre longtemps en coulisses avant d'entrer en scène. J'ai déjà effectué une tournée. Il faut être présent à midi au lieu du concert, tu dois alors attendre quatre heures pour le soundcheck et encore quatre heures supplémentaires avant le concert. Mais c'est supportable, car tu sais que tu vas te retrouver devant le public. Car jouer devant un public reste une sensation extraordinaire.

 

 

Selah Sue: (hésite) Chaque situation a ses avantages. Jouer dans une salle est plus intime; elle est remplie, la température augmente… J'aime cette ambiance, rien ne peut surpasser cela. Mais les festivals avec leur ambiance de vacances, cet incroyable sentiment de liberté, c'est aussi quelque chose.

Selah Sue: C'est exactement ça. Le public d'un festival ne vient pas spécialement pour toi, contrairement à un concert en salle. L'avantage d'un festival, c'est donc de subir moins de pression, parce que tu n'es qu'une partie de l'affiche de la journée. C'est plus libre et plus cool.

Selah Sue: ça, c'est de la promo, je ne m'occupe pas de ce genre de choses. 'Si elle est présente là-bas, elle pourra atteindre ce public; si elle fait un concert privé, plus d'entreprises auront l'occasion de la voir…' C'est ainsi que pense mon manager, c'est son rôle. Personnellement, je ne pense pas en ces termes. Seule la musique compte pour moi.

Selah Sue: Lors de mon premier concert au Marktrock, sur la Vismarkt, il a commencé à pleuvoir abondamment. Heureusement, j'étais en train de chanter mon dernier morceau. Et que s'est-il passé? Les parapluies se sont ouverts et tout le monde est resté à sa place. J'ai ainsi compris qu'ils étaient venus pour moi et ça m'a positivement surpris. Une petite victoire en quelque sorte.

Selah Sue: Werchter évidemment. Je n'y ai encore jamais été, je ne peux donc rien en dire, mais cela rend justement la chose encore plus excitante. North Sea Jazz (en Hollande) est également un festival incroyable.

Selah Sue: C'était assez spécial. En temps normal, je suis calme et cool avant une prestation, mais cette fois, j'étais complètement stressée: la peur du temps, du concert, et Prince qui vient vers moi pour discuter… Tout arrivait en même temps. J'y pense encore parfois, quand je suis nerveuse lors d'une nouvelle collaboration. Je pense alors: Sanne, tu as papoté avec Prince, tout va donc bien se passer!

Selah Sue: (sourire) Et pas qu'un peu. Enormément même. Récemment, j'en ai fait l'expérience avec James Blake. J'en suis complètement fan. J'étais en backstage avec lui et j'avais donc la chance d'aller frapper à sa porte pour lui dire que j'avais trouvé son concert excellent. J'étais nerveuse comme jamais! J'ai même dû boire quelque chose avant d'y aller, sinon je n'aurais jamais osé. Quand il a ouvert la porte et m'a regardée, je me suis sentie redevenir une toute petite fille. Je me suis comportée comme une véritable groupie, c'était gênant.

Selah Sue: On m'a raconté que les coulisses de Werchter étaient invraisemblables. Il paraît qu'il y a même une piscine! Si c'est vrai, c'est cool. Cependant, tu as quand même raison parce qu'on est souvent livré à soi-même dans les backstages. Mais j'aime l'ambiance qui y règne. Les coulisses sont le cœur du festival, on peut y entendre la rumeur du podium et du public, tout en étant dans un oasis de sérénité. Les artistes peuvent faire une sieste dans leur bus de tournée. Pas très glamour, mais à l'aise. Sauf si tu dois jouer plus tard, c'est alors une autre histoire. Dès que la nuit tombe, certains groupes se lâchent complètement en coulisses. (rires)

 

 

Selah Sue: J'espère qu'ils vont adhérer à l'histoire que je leur apporte sur scène. Quand j'ai commencé, j'étais à la recherche du genre d'artiste que je voulais être. Quelqu'un d'inaccessible, qui parle peu ou une personne extravertie qui parle à tout le monde. J'ai essayé la deuxième option, mais ça ne m'a pas réussi. ça sonnait si faux que je butais sur les mots et personne ne comprenait ce que je voulais dire. Maintenant, je ne joue plus de rôle.

Selah Sue: J'ai arrêté mes études. Après deux ans, j'ai tout laissé en plan. Ce n'était plus possible de les combiner avec ma carrière de chanteuse. J'avais toujours des examens de passage, qui tombaient en même temps que les festivals. ça n'allait plus, je devais faire un choix. Et il était logique que j'allais choisir la musique.

Selah Sue: Aujourd'hui, je me suis retrouvée par hasard dans la maison d'Axelle Red. Une belle maison bien confortable, à la campagne, un peu à l'écart, trois chouettes enfants qui ont toute son attention… Et à côté de cela, elle fait de la musique et reste une valeur sûre. J'aimerais en faire autant: être une valeur sûre en tant qu'artiste et avoir du temps pour ma famille. Mais ce n'est pas mon ambition directe. Pour le moment, je n'ai pas encore de responsabilités. Je n'ai pas acheté de maison, pas de partenaire fixe, pas d'enfants… Je peux encore faire ce que je veux et continuer pendant dix ans. Ce qui arrive ensuite, on verra. Si le temps est alors venu de m'installer au vert dans une maison à la campagne, je le ferai.