DAN SAN: Une histoire d’amitié, tout simplement…
Malgré un premier EP sorti en 2010, Dan San demeure relativement peu connu du grand public. Cela devrait cependant changer avec la sortie du tout premier album du groupe. Construit sur des mélodies subtiles, des harmonies vocales de toute beauté et une instrumentation soignée, Domino séduit et convainc. Rencontre avec Thomas Medard, l’une des deux têtes pensantes d’un groupe à découvrir de toute urgence…
Thomas: Dan San, c’est l’histoire d’une grande amitié… J’ai commencé à jouer de la guitare en même temps que mon meilleur ami d’enfance, Jérôme. Le même jour, en fait… Nous avions environ 14 ans. Nos parents étaient fort proches et nous avons grandi comme des frères. On partait en vacances ensemble, on a fait les 400 coups… Vers 14 ans, on a commencé à jouer sur une guitare retrouvée au fond du grenier d’une amie de ma mère…
GUIDO: Vous écoutiez tous les deux beaucoup de musique avant de vous mettre à apprendre la guitare?
Thomas: On avait toujours eu cet amour de la musique depuis que nous étions petits, mais nous n’avions jamais joué d’instrument. Nos parents écoutaient pas mal de musique. Ils adoraient Crosby Still Nash & Young par exemple. Cette guitare que l’on a trouvée, cela a été une révélation. Et puis, j’ai trouvé une seconde guitare chez un oncle. Nous avons alors commencé à jouer à deux. Deux guitares – deux voix. Juste l’envie de faire de la musique, de faire des chansons. Sans véritable ambition.
«Chacun amène sa propre patte»
GUIDO: De fil en aiguille, vous avez cependant réussi à faire parler de vous dans la région liégeoise…
Thomas: Absolument! On a commencé à faire des petits concerts, principalement dans les environs de Liège. Et les gens qui venaient nous voir nous demandaient souvent si nous avions une démo. Alors, on a enregistré une petite maquette chez un ami qui avait un studio. Après un concert à l’Escalier à Liège, nous avons rencontré le collectif Jaune Orange que nous avons rejoint.
GUIDO: Aujourd’hui, Dan San est devenu un groupe à part entière?
Thomas: Nous sommes six sur scène. Nous sommes restés longtemps dans une formule deux guitares – deux voix. Et franchement, c’était assez frustrant d’être ainsi limités car nous avions l’envie de donner plus de relief, de couleurs à notre musique.
GUIDO: Jérôme et toi passez beaucoup de temps à écrire?
Thomas: Nous composons énormément. Je ne passe pas à une journée sans jouer trois ou quatre heures de guitare. Nous avons déjà beaucoup de matériel pour le prochain album de Dan San. Le gros boulot, ce sera cependant de travailler tout cela en groupe. Car même si les ébauches viennent de Jérôme et moi, nous bossons sur les morceaux à six. Chacun amène un petit peu sa patte. Pour le prochain album, plusieurs chansons sont finies. Mais objectivement, elles peuvent encore beaucoup changer. On va essayer de ne pas refaire deux fois le même disque ou même deux fois la même chanson.
GUIDO: Quels sont les artistes belges dont vous vous sentez proches? Et au niveau international?
Thomas: Les Girls in Hawaii! C’est l’un des groupes que nous aimons beaucoup. Personnellement, j’adore My Cheap Little Dictaphone. Au niveau international, j’aime beaucoup les Department of Eagles, Fleet Foxes, Syd Matters, …
«Nous faisons de la musique à temps plein»
GUIDO: L’album est très cohérent, c’était une volonté?
Thomas: On a produit le disque nous-mêmes. La cohérence, elle est voulue. Et si cohérence il y a, c’est parce que nous avons tout enregistré dans un même lieu et que les arrangements ont été pensés au même moment. Ce sont cependant des chansons qui reflètent des moments différents de la vie du groupe. Elles ont des couleurs différentes. Le titre Domino est le plus ancien, le tout premier que nous ayons travaillé à six. Un moment charnière dans l’évolution du groupe…
GUIDO: On ne retrouve aucun titre de l’Extended Play (Pillow) sur l’album. Il avait pourtant connu un joli succès…
Thomas: Nous avons défendu l’EP pendant deux ans. Nous voulions reprendre à zéro. Reprendre des chansons fortes de l’EP, cela a un petit côté triché. Nous tenions à offrir de nouvelles chansons de bout en bout.
GUIDO: Dan San, c’est un job à temps plein?
Thomas: Nous avons le statut d’artiste. Donc, nous faisons de la musique à temps plein. Personnellement, je suis également fort actif dans le collectif Jaune Orange. Toujours dans le domaine artistique, mais plutôt pour le côté visuel. Jérôme, lui, a également le statut artiste mais ne fait que de la musique. Il est musicien au sein d’autres projets. A part notre batteur qui est toujours aux études, tous les autres membres du groupe ont le statut d’artiste.
GUIDO: Au fait, pourquoi Dan San? D’où vient le nom du groupe?
Thomas: A la base du projet, on s’est vite rendu compte que si on arrivait à quelque chose avec nos chansons, c’était grâce aux rencontres que l’on faisait, grâce aux personnes qui nous aidaient. On voulait que le nom du groupe signifie "merci". Dan San signifie en fait "merci" en patois cantonais. Merci d’ailleurs à toi pour cette rencontre….
Dan San - «Domino» (PIAS)