Saule: Un nouvel album géantissime!

Avec un troisième album plus rock navigant entre délicatesse et humour, Saule confirme tout le bien que l’on pensait de lui. Rencontre et discussion animée avec le plus géant des artistes belges.

GUIDO: Charlie Winston et Saule… C’est une collaboration inattendue. Qu’a apporté Charlie sur cet album?

Saule: Tout d’abord, il a bossé avec moi sur le choix des morceaux. J’avais plus de 80 titres accumulés en deux ou trois ans. Certains artistes composent beaucoup et sont ensuite assez durs dans le choix des morceaux. J’avoue que j’ai beaucoup de difficultés à sélectionner et je me suis dit qu’un regard extérieur pourrait faire du bien. Charlie a également beaucoup amené en matière d’arrangements. Il a gonflé ce qui était déjà là. Et puis, il a beaucoup apporté au niveau des fondations rythmiques de l’album.

GUIDO: Il y a un côté très anglo-saxon sur des titres comme Home Sweet Home ou L’économie des mots. C’est la patte de Charlie?

Saule: Eh bien non… Ce sont probablement les morceaux qui ont été les moins retouchés par rapport aux maquettes de départ. En fait, ces morceaux étaient déjà très anglo-saxons à l’origine. C’est ce qui m’a donné envie de travailler avec un artiste britannique. Charlie n’a jamais tenté de vampiriser l’album. C’est ce que j’ai trouvé formidable chez lui… Il s’est vraiment mis humblement au service des compositions. Certains titres ont été à peine retouchés, d’autres par contre upgradés… Mais cela reste clairement un album de Saule.

GUIDO: Comment vous êtes-vous rencontrés?

Saule: Charlie et moi, on se connaît déjà depuis trois ou quatre ans. On s’était rencontrés à l’émission Le pont des artistes sur France Inter et le courant était super bien passé. Par après, il m’a invité à faire sa première partie à la Cigale, et on est restés en contact. Etant donné la direction musicale que je voulais prendre avec l’album, je lui ai proposé de faire un duo sur un titre. Il m’a alors demandé avec qui j’allais travailler pour la production. Je lui ai expliqué que je cherchais une personnalité anglo-saxonne, plutôt un musicien… et m’a dit de but en blanc «I want to be that man». Génial, non?

Dusty Men: Bee Gees vs Black Keys

GUIDO: Quelques titres sont à épingler sur ce nouvel album, comme le duo avec Charlie sur Dusty Men est une franche réussite!

Saule: Merci! C’est une chanson qui a vu le jour au tout dernier moment. Notre collaboration était tellement réussie à mes yeux que j’avais terriblement envie d’en garder une trace. Et finalement, je pense que Dusty Men est le titre le plus accrocheur du disque. Il est un peu à mi-chemin entre les Bee Gees et les Black Keys… J’adore le groove.

GUIDO: L’inventaire aurait pu être chanté par Cali…

Saule: C’est vrai que cette chanson a un petit côté Cali. C’est quelqu’un qui a amené un côté très anglo-saxon en chantant en français.  La première mouture de L’inventaire avait un petit côté gainsbourgien. En l’entendant, Charlie m’a dit «j’ai envie de lui donner un côté rock». Et finalement, c’est sans doute un des titres qui a le plus évolué entre les mains de Charlie.

GUIDO: Just A Song aborde le thème de la perte d’un enfant…

Saule: Oui, absolument… C’est la chanson préférée de Charlie sur l’album. Au départ, le texte avait pour sujet une fille qui s’adresse à ses parents décédés. Et lui, il avait compris que c’était une maman qui parlait à son enfant qu’elle avait perdu. Ma première version était assez allusive. Et lorsqu’il m’a dit ce qu’il avait compris, je me suis dit que ce qu’il avait capté était bien plus intéressant que mon texte de départ. Par après, je l’ai modifié en conséquence.

Des projets plein la tête

GUIDO: Géant est plus lumineux que Western. C’était une volonté?

Saule: Oui, je trouve que Western est plus sombre que ce que j’étais. Ici, je suis revenu à quelque chose de plus lumineux. J’adore et je cautionne Western mais je trouve que Géant me ressemble plus.

GUIDO: Après la promo et les concerts, d’autres projets dans le pipeline?

Saule: J’ai toujours plein de projets en tête. On va pas mal tourner avec ce nouvel album, c'est clair. Et puis, je travaille actuellement sur un bouquin-BD. J’ai super envie de faire cela depuis longtemps. Je reviens ainsi à mes premières amours, l’illustration. Enfin, je vais bosser avec Charlie sur une dramaturgie un peu rock, une sorte de rock opéra. C’est un peu tôt pour en dire plus, mais je suis très excité par tous ces projets.

GUIDO: Tu avais écrit tout un album pour Stéphanie Crayencour il y a quelques années…

Saule: Une très chouette expérience! C’était intéressant d’écrire pour une fille. C’est elle qui m’a donné les sujets. Cela m’a permis d’aborder des thèmes différents en me mettant dans la tête d’une fille. J’adore ce disque, j’en suis très fier.

GUIDO: Tu envisages d’écrire pour d’autres artistes?

Saule: Ce n’est jamais exclu… J’ai proposé d’autres chansons que j’avais dans les tiroirs, entre autres pour Camélia Jordana. Mais elles n’ont pas été reprises. Sincèrement, cela ne m’étonne pas. Ecrire une chanson pour quelqu’un que l’on ne connaît pas, je trouve cela terriblement difficile. J’ai passé pas mal de temps avec Stéphanie et cela m’a permis de cerner son univers, sa personnalité. Je me nourris des rencontres. Il y a des personnes qui peuvent écrire sur commande, mais perso, ce n’est pas mon truc. J’ai écrit une chanson pour Lio, et elle devrait être sur son prochain album.

Saule: Géant (30 Février/PIAS)