MONTEVIDEO: «On voulait donner un son plus dansant et plus groovy à notre musique»
Laissé pour mort après un premier opus pourtant tout-à-fait honorable, Montevideo nous revient en toute grande forme avec un disque électro-pop malin et efficace. Quelques mois après sa sortie, Jean Waterlot – tête pensante du combo bruxellois – est plus que jamais ambitieux...
GUIDO: Plus de cinq ans se sont écoulés depuis votre premier album… On pensait le groupe mort et enterré.
Jean Waterlot: Oui, c’est long. Pourtant, je ne regrette rien… Pas mal de changements ont eu lieu entretemps. Le line-up du groupe a changé, nous avons collaboré avec le DJ Compuphonic, Pierre est devenu papa, j’ai pas mal tourné avec Ghinzu, nous avons un nouveau label, ... Mais, c’est clair que la sortie de ce second album est une sorte de petit miracle car la fin du groupe a été évoquée plusieurs fois entre nous.
GUIDO: L’album a été enregistré à Paris, à part le titre Horses qui a été mis en boîte à New-York.
Jean Waterlot: On pensait aller enregistrer notre nouvel album à New York, chez DFA (LCD Soundsystem). Mais finalement, cela a capoté au tout dernier moment. Nous avions déjà enregistré le titre Horses en guise d’essai, et étions super satisfaits du résultat. Et alors que nous avions effectué la réservation des studios pour deux semaines, notre producteur nous a laissé tomber, de manière plutôt imprévisible. C’est ainsi que nous nous sommes tournés vers le DJ et producteur parisien Joakim.
GUIDO: Pourquoi faire appel à un producteur comme Joakim?
Jean Waterlot: Nous voulions faire produire l’album par quelqu'un venant de l'électro. L’objectif était clair: donner un son plus dansant et plus groovy à notre musique, nous éloigner définitivement du son post-punk de notre premier album. Joakim correspondait à ce qu'on avait déjà entamé avec Compuphonic.
GUIDO: Ce second album est très différent du premier. Vous n’avez pas peur de faire fuir le public qui a découvert le groupe avec le mini-tube Sluggish Lovers?
Jean Waterlot: Bon... Soyons honnêtes. Le premier album a connu un succès très limité. Les fans de la première heure seront surpris… et parfois déçus. Mais je pense que les gens qui suivaient Montevideo de près n’étaient pas non plus tellement nombreux. L’un de nos futurs défis sera cependant de jouer certains de nos anciens morceaux en concert. Il faudra clairement les adapter, complètement les retravailler.
«Notre but ultime est de pouvoir un jour jouer à Montevideo devant un public en folie!»
GUIDO: La pochette de Personal Space est une allusion évidente à Magritte…
Jean Waterlot: C’est exact… Pourtant, nous devons la conception de la pochette à un New-Yorkais que nous avons rencontré lors de la courte session d’enregistrement de Horses à New York. C’est lui qui a eu l’idée de ce clin d’œil à Magritte. C’est également une manière de réaffirmer notre identité de groupe belge, et je pense que cela peut nous aider à exporter notre musique à l’étranger. Car c’est clairement notre ambition première. Nous ne voulons pas nous contenter d’un succès d’estime en Wallonie et à Bruxelles. Nous visons clairement l’étranger et notre but ultime est de pouvoir un jour jouer à Montevideo devant un public en folie! (rires)
GUIDO: Vous êtes aujourd’hui abrités par une major. C’est le fruit du hasard?
Jean Waterlot: Clairement. On a tout produit nous-mêmes et le disque était pratiquement bouclé quand on a commencé à démarcher. EMI a tout de suite montré un vif intérêt. Nous sommes le seul groupe belge francophone signé chez eux et c’est clair que cela nous ouvre des portes.
GUIDO: Lara des Intergalactic Lovers chante ainsi sur un morceau. C’est un groupe qui est également signé chez EMI...
Jean Waterlot: Je voyais ce morceau avec une voix féminine. On a longtemps espéré pouvoir enregistrer le morceau avec Keren Ann. Elle était très enthousiaste, mais cela n’a malheureusement pas pu se faire dans les délais. Le label nous a proposé Lara. Et je pense que sa voix apporte une petite touche très particulière et un peu de sensualité.
Montevideo: Personal Space (EMI)