Le Vietnam du Sud: De Saigon au Delta du Mékong
Quand on voyage aujourd'hui au Vietnam, il est difficile de s'imaginer que ce pays paisible et accueillant a traversé le vingtième siècle dans des guerres toutes plus terribles les unes que les autres. C'est surtout la guerre contre les Américains qui est restée dans la mémoire collective grâce aux photos, aux films, aux chansons et aux romans. Dans le Vietnam du Sud, on peut encore en trouver quelques traces, mais aussi naviguer sur un delta fumant et s'immerger dans une des mégapoles les plus chaotiques au monde.
A cinq heures du soir, installe-toi près d'un feu de signalisation à un coin de rue. Dès que le feu passe au rouge, des centaines de mobylettes pétaradantes s'y agglutinent pour mieux repartir en colonne dès que le signal est au vert, un tsunami de fumée bleue qui envahit la route et même les trottoirs environnants. Voici le lot quotidien de Saigon, la métropole sale, bruyante mais fascinante du Sud du Vietnam.
Goodnight Saigon
Même avec la meilleure volonté du monde, il est difficile de décrire Saigon - ou Hô-Chi-Minh-ville, son nom officiel depuis 1976 - comme une belle ville. Après trois jours, il est en effet impossible de ne pas devenir fou à cause de l'agitation, du bruit et de la pollution de l'air. Pourtant, un détour par Saigon est une étape immanquable de tout voyage au Vietnam, car cette ville déborde d'histoire.
Les passionnés de guerre ne manqueront pas de se réfugier au War Remnants Museum, un musée sur trois étages rempli de propagande vietnamienne qui explique clairement comment ces barbares américains ont assassiné sans raison leur paisible population de cultivateurs de riz. Il ne faut donc pas s'y attendre à beaucoup de nuance, mais plutôt à des restes uniques d'armes américaines, du matériel photo choquant et de la propagande communiste vintage. Dans le jardin devant le musée se trouvent les pièces les plus importantes, allant des tanks aux bombardiers, en passant par les iconiques hélicoptères vert kaki que l'on retrouve dans tous les films sur la guerre du Vietnam.
Pendant la guerre, les généraux américains tenaient leurs conférences de presse sur le toit du Rex Hotel, un luxuriant hôtel cinq étoiles en marbre tout proche de l'hôtel de ville. Prends l'ascenseur vers l'étage le plus haut du bâtiment, laisse-toi guider par une aimable serveuse vers une des tables de la terrasse et profite d'un cocktail en plein air, une ambiance zen qui contraste nettement avec l'agitation frénétique qui règne dans les rues vingt mètres plus bas. En plus, ce n'est pas plus cher qu'un mojito chez nous.
Après un tel instant de calme, n'importe qui serait prêt à replonger dans le chaos asiatique si cher à Saigon. Hisse-toi sur un des derniers cyclos de la ville, engage-toi dans le trafic et pédale jusqu'au quartier chinois de Cholon, rempli de temples, de pagodes et de magasins débordant d'épices de toutes sortes. Perds-toi ensuite dans les énormes marchés couverts de Binh Tay et Ben Thanh. Ce dernier se situe juste à côté du quartier des hôtels à touristes, où on te conseille de goûter à un délicieux bol de soupe de nouilles (pho).
Rats des tunnels
A quelques heures de route de Saigon, une excursion d'un jour facilement organisable, se trouve Cu Chi, un des endroits les plus bombardés pendant la guerre avec les Américains. Et cela pour une bonne raison. Sous le sol, les Viêt-Cong avait creusé un réseau de couloirs ingénieux et rempli de pièges qui leur permettait d'apparaître tels des fantômes pendant la nuit afin de perpétrer des attaques dans une base américaine toute proche pour ensuite disparaître comme si de rien n'était. Il a fallu un certain temps avant que les Américains ne comprennent l'étendue des tunnels de Cu Chi. Même alors, ils n'ont jamais réussi à détruire ce complexe, malgré l'aide de 'rats des tunnels', des GI armés d'un couteau et d'un pistolet qui se glissaient dans les tunnels à la recherche de Viêt-Cong.
Cu Chi est aujourd'hui devenue une destination touristique populaire, aussi bien pour les Vietnamiens que les visiteurs étrangers. Après avoir reçu dans un dugout une sorte de briefing sur ce qui ressemble à une vieille carte d'école, un guide emmène le visiteur sur le domaine. La première rencontre est celle d'un garçon en uniforme de Viêt-Cong qui ne fait rien d'autre au cours de la journée que de se cacher dans un minuscule trou dans le sol qu'il referme au-dessus de sa tête avec un couvercle rempli d'herbes. De cette façon, le touriste peut facilement imaginer que le complexe de tunnels de Cu Chi était littéralement invisible pour des yeux non entraînés. Ensuite, un chemin serpentant entre les cratères formés par les bombes démontre à quel point les différents types de pièges étaient douloureux pour les soldats américains qui les rencontraient. Un tank capturé est également visible, mais le point d'orgue de la visite est évidemment le moment où le visiteur peut se faufiler lui-même dans le tunnel. Claustrophobes s'abstenir, même si la partie publique du tunnel est plus large et haute qu'elle ne l'était dans le temps. Il y fait chaud, humide et sombre, quel soulagement donc de ressortir après seulement vingt mètres de 'promenade'.
Marchés flottants
A une demi-journée de voyage de Saigon commence le Delta du Mékong, où la plus importante rivière de l'Asie se sépare en sept et méandre ensuite vers la Mer de Chine. Un paysage magnifique de ce que le Vietnam a de plus tropical à offrir. Il est possible de partir à l'exploration du Delta à partir de My Tho - ce qui permet d'être de retour à Saigon dans la même soirée - mais cela vaut la peine d'aller plus loin, à Can Tho, la ville la plus typique du Delta. D'ici, il est possible de visiter les célèbres marchés flottants, en bateau évidemment. De grands sampans, remplis de melons, d'ananas et de fruits plus exotiques, comme les pitaya's connus sous le nom de fruits du dragon. De tous les côtés, des locaux arrivent des canaux secondaires pour faire leurs réserves, un spectacle assez coloré. On y trouve aussi quelques gigantesques bateaux-cuisines avec des casseroles fumantes de nouilles et de riz, qui alimentent les commerçants des alentours.
Après la visite du marché flottant, il est possible de se laisser embarquer par les canaux et rivières, sous l'ombre généreuse offerte par les palmiers et les bambous géants. Peut-être t'arrêteras-tu aussi sur une petite île où des bonbons à la noix de coco ou un genièvre de banane sont fabriqués. Où on peut également tester des spécialités locales comme le poisson à l'oreille d'éléphant et - ça ressemble à une anguille et a le goût du poulet - le serpent des rivières.
Le VIETNAM pratique
Transport
Un vol direct pour Saigon n'existe pas. Il faut dès lors faire une étape dans un grand aéroport asiatique tel que Kuala Lumpur, Singapour ou Hong Kong, selon la compagnie aérienne que tu auras choisie. Une fois sur place, tu as le choix entre le bus ou le train. Les deux options ne sont pas chères, mais les chauffeurs de bus roulent souvent comme des kamikazes et le train avance horriblement lentement. La solution la plus pratique est de choisir un 'open tour', des bus à touristes qui rallient chaque jour les lieux les plus intéressants et que tu peux emprunter quand bon te semble. Pour des distances plus courtes, tu peux prendre un xe om, alias un taxi-moto. C'est moins dangereux que ça en a l'air et un pur moment de fun quand il ne pleut pas. Pour un voyage destiné spécifiquement aux étudiants, permettant des contacts avec les étudiants vietnamiens, tu peux te renseigner sur www.anopenhandtravel.com.
Argent
Au Vietnam, tu as vraiment l'impression d'être un multimillionnaire parce que les montants dans la monnaie locale (le dong) atteignent facilement les centaines de milliers. Que cela ne t'effraie pas, car la plupart des choses sont hyper bon marché. Tu connais peut-être un autre pays dans lequel tu peux commander une délicieuse bière au fût pour 15 centimes d'euros? Tu trouveras des distributeurs automatiques et des bureaux de change dans toutes les villes.
Climat
Impossible d'avoir froid dans le Sud du Vietnam, même pendant l'hiver. En été, la chaleur est même suffocante. La saison des pluies est difficile à prévoir dans un pays aussi étendu, mais que cela ne t'empêche pas de voyager, car une pluie tropicale est peut-être spectaculaire, mais ne dure rarement plus que quelques heures. Au fur et à mesure que tu approches le centre du pays, tu cours en été et en automne le risque de rencontrer un typhon, ce qui pourrait mettre en péril le reste de tes vacances.
Santé
N'aie pas peur: une grande majorité des touristes reviennent en pleine santé de leur voyage au Vietnam. Aucun vaccin n'est obligatoire et le risque de malaria est infime sur la route touristique classique. La nourriture est délicieuse, saine et préparée de façon hygiénique. Ce que tu dois éviter, c'est de boire l'eau du robinet. Fais donc également attention aux glaçons.
Visa
Un visa est obligatoire et tu dois en faire la demande quelques semaines avant ton départ. Rends-toi, avec ton passeport, dans l'ambassade vietnamienne de Bruxelles ou règle tout par recommandé. Tous les détails se trouvent sur le site Internet www.vietnamembassy.be.