Un très beau voyage en amnésie en compagnie de CALI
Après l’échec commercial de son quatrième album, Cali nous offre avec le très beau et apaisé Vernet-les-Bains une plongée dans son enfance. Entre coups de griffe et coups de blues, Cali demeure plus que jamais un artiste à part dans le paysage musical. Rencontre!
Cali: J'aime bien l'idée de repartir à zéro, de tout effacer. Pour mon album précédent, j’avais besoin de faire quelque chose de très rock, de rendre hommage à ma discothèque, à tous ces groupes qui m’ont marqué. U2, les Waterboys, mais également les grands groupes belges comme dEUS. En choisissant de travailler avec Geoffrey Burton – qui est selon moi le plus grand guitariste au monde actuellement – c’est clair que l’on n’allait pas enregistrer un album sobre et acoustique. Même s’il a divisé le public, j’adore La Truite. Mais après cette déferlante, j’avais besoin d’un peu d’apaisement.
GUIDO: Ce cinquième album a pour nom le petit village du Languedoc-Roussillon où tu as passé ton enfance. C’est tout un symbole?
Cali: Vernet-les-Bains, c'est le retour à l'enfance. C’est un voyage en amnésie. J’ai toujours été mal à l’aise lorsqu’il fallait trouver un titre pour mes albums. Cette fois cependant, le titre Vernet-les-Bains m’est apparu comme une évidence. Mes parents sont partis très tôt, mais mon père m’a inculqué des valeurs, appris le respect des gens. Il m’a aidé à prendre confiance en moi et donné l'envie de protéger des amis et une famille. Je dois beaucoup à Vernet-les-Bains. J’ai eu une enfance magnifique et j’adore revenir ici. Aujourd’hui, j’ai un métier formidable et j’avais envie de rendre hommage aux personnes et aux lieux qui ont baigné mon enfance.
Calimero ou Caligula?
GUIDO: L’endroit le plus important empreint de symboles pour toi à Vernet-les-Bains, c’est la grotte aux amoureux?
Cali: Pour moi, c’est véritablement un lieu de pèlerinage. Cette grotte est située dans le parc du casino, sous le pont. Chaque fois que j'y vais, je suis emporté par quelque chose de fort…
GUIDO: L’un des titres phares de l’album, c’est Happy End. On retrouve également une belle brochette d’invités sur ce titre…
Cali: Mes amis me disent tous que je ne suis pas le dernier à faire la fête. En fait, ils ne comprennent pas pourquoi j’écris toujours des chansons tristes et mélancoliques. Un peu Cali-mero en fait. C’est dingue, mais ils ont raison, je ne parviens pas à écrire des chansons gaies et optimistes. Dans Happy End, ce sont mes amis chanteurs qui tentent de me faire la morale. Ce qui m'a fait beaucoup rire c'est que sur ce titre, Christophe Miossec et Dominique A me reprochent d’écrire des chansons tristes alors qu'ils ne sont pas les mieux placés pour me dire ce genre de chose.
GUIDO: Il faut pas mal d’autodérision pour finir un album sur un titre comme celui-là!
Cali: C’est clair. C’était une manière de déplomber l’atmosphère, de terminer sur une touche humoristique. L’idée était sympa, mais je ne m’attendais pas à ce qu’ils acceptent tous. Christophe Miossec, Dominique A, Mathias Malzieu (Dionysos), Benabar, … En quelques coups de téléphone, tout était réglé. Ils adoraient tous l’idée de la chanson.
GUIDO: Lorsqu’on te rencontre ou lorsque tu es sur scène, c’est plutôt Cali-gula que Cali-mero!
Cali: J’ai aussi un petit côté Cali-Minogue… (rires) Plus sérieusement, je ne sais pas si tu as déjà rencontré Dominique A, mais c’est loin d’être un fade!
Le vieux cinglé
GUIDO: Les vieux cinglés évoque les rapports conflictuels entre parents et enfants. C’est un texte magnifique…
Cali: Merci… J’ai des amis qui sont en brouille avec leurs parents depuis des années. Ils ne se parlent plus. Je trouve cela dramatique. J’ai une petite fille depuis quelques semaines. Et donc, le vieux cinglé, c’est moi. (rires) On peut s’engueuler et se jeter les assiettes à la gueule, mais couper les relations, c’est inimaginable…
GUIDO: L’amour est éternel a du souffle…
Cali: J’ai passé deux semaines dans le Wyoming avec mon fiston chez un copain français qui s’est installé là-bas. C’était magique… J’ai écrit L’amour est éternel à dos de cheval. J’ai des amis qui se sont rencontrés au lycée alors qu'ils n'avaient que quinze ou seize ans. Et aujourd'hui, ils en ont cinquante et ils vivent toujours ensemble, malgré les hauts et les bas. Aujourd'hui, alors que bien des couples se séparent pour un oui ou pour un non, ils sont toujours là… Ce qui est beau dans l'amour, c'est le combat. On doit faire face aux difficultés et se soutenir. C'est le vrai combat d'une vie entière.
GUIDO: La tournée qui s’annonce sera plutôt acoustique ou plutôt rock?
Cali: Elle sera plutôt rock! Je viens de terminer une mini-tournée acoustique avec le pianiste anglais Steve Nieve. C’était une expérience formidable. Mais j’ai envie de passer à autre chose. Je vais tourner avec un nouveau groupe… Il y aura Julien, mon pianiste de toujours. Et puis je retrouve Robert Johnson. Et un nouveau bassiste. Les chansons du nouvel album seront adaptées afin de leur donner une couleur plus rock.
Cali: Vernet-les-Bains (Wagram/PIAS)