PUGGY: «L'objectif était de revenir à l'essentiel de ce qu'est Puggy: un groupe de scène!»
C’est sans aucun doute le groupe “belge” le plus en vue du moment. Après l’immense succès de l’album Something You Might Like il y a deux grosses années, c’est avec un statut de faiseur de tubes que Puggy nous revient aujourd’hui. Rencontre avec le groupe au grand complet dans les studios de Bel RTL…
GUIDO: C’est la première fois que vous travaillez avec un producteur…
Matthew (chant): Pour le premier disque que nous avons enregistré en 2007, nous n’avions ni le temps, ni les moyens… Pour le second album, le bonhomme avec qui nous devions enregistrer est malheureusement décédé deux semaines avant notre entrée en studio… Pour celui-ci, nous avons eu le luxe de pouvoir travailler avec Eliot James. Nous aimions beaucoup son travail sur les albums de Bloc Party et Two Door Cinema Club. Eliot est quelqu’un qui arrive à travailler avec des groupes très différents et qui n’essaye pas de “mettre sa patte” en faisant sonner tous les disques qu’il produit de la même manière.
GUIDO: Vous aviez une idée concrète de ce à quoi vous souhaitiez arriver?
Romain (bassiste): L’objectif était de revenir à l’essentiel de ce qu’est Puggy: un groupe de scène! Quand nous avons rencontré Eliot, nous lui avons confié notre envie de capturer l’énergie du groupe en live. Et du coup, c’est là-dessus que nous avons le plus travaillé.
GUIDO: Concrètement, comment s’y est-il pris pour donner un son plus carré et live à l’album?
Matthew: Il nous a enfermés en studio pendant des heures et nous a dit «Jouez, jouez!». Lui, il enregistrait et changeait sans cesse les micros de place. En fait, il a fait le même boulot qu’un ingénieur du son lors des concerts, mais en studio cette fois. Nous, on s’est focalisé sur l’énergie, sur la performance. Au final, nous sommes très contents du résultat, et surtout de l’expérience. Franchement, nous nous en souviendrons toute notre vie…
GUIDO: Vous êtes de musiciens de top niveau… Comment êtes-vous arrivés à un tel niveau de perfection ?
Matthew: Ouh là là, il y a des gens qui jouent tellement mieux que nous… En fait, nous essayons de jouer avec des musiciens qui jouent mieux que nous le plus souvent possible. On a beaucoup traîné avec les gens d’Aka Moon. Michel et sa bande, c’est vraiment un niveau stellaire. Ils sont très très loin… Pour progresser, il faut bien s’entourer. On a appris la musique, on se défend, mais on est loin d’être du calibre de certains artistes que nous avons eu le privilège de rencontrer.
GUIDO: L’album sort pour l’instant en Belgique et en France. Dans quels autres pays est-il également disponible?
Romain: Au Québec, en Suisse, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Et on “travaille” sur l’album pour le sortir également en Allemagne…
GUIDO: Vous “travaillez” pour le sortir en Allemagne?! Comment cela se passe-t-il concrètement?
Matthew: En fait, même si Universal est une entité, la société fonctionne comme des entités séparées qui sont libres de travailler avec qui elles veulent. On a la chance d’avoir un manager qui bosse comme un fou. Et puis, nous avions la volonté d’exporter notre musique. Pour pouvoir exporter notre musique aux Pays-Bas, on a fait des premières parties de School is Cool. Cela nous a permis de faire des rencontres sur place. Et ensuite, on a mis ces gens en contact avec Universal France. En fait, cela passe toujours par des rencontres… En tout cas, pour nous. Ensuite par téléphone ou par rendez-vous. Evidemment, cela prend pas mal de temps, mais c’est sain… En Allemagne, nous sommes en train de monter l’infrastructure.
GUIDO: Cela commence à bouger en Flandre?
Ziggy (batteur): Oui, petit à petit. On passe sur StuBru, on va faire des festivals en Flandre cet été. Mais bon, c’est un autre marché, ce sont des autres médias. Quand tu parles de promis ou d’interviews, la Flandre et la Wallonie sont deux territoires médiatiques différents. Il n’y a pas de médias nationaux en Belgique. Et il n’y a pas de chaîne nationale en Belgique.
«Rien n'est 'pensé', on essaye de faire de la musique avec notre cœur et nos tripes»
GUIDO: Le succès du groupe s’est fait grâce au bouche-à-oreille…
Matthew: Et c’est une très bonne chose… Nous n’avons pas fait l’objet d’un buzz orchestré par des médias. Ce que je remarque souvent, c’est que les groupes qui ont été médiatisés avant d’avoir fait leurs preuves, ne tiennent pas. Ou souvent pas longtemps. Lorsque tu vois un groupe qui va très très vite, très haut médiatiquement mais qui n’a pas une fan-base, j’ai un peu peur pour eux.
GUIDO: Avec le recul, comment jugez-vous les trois albums que vous avez enregistrés?
Matthew: Le premier album, ce sont des chansons live enregistrées très rapidement en studio. Pour le second, il y a eu en amont tout un travail de songwriting. J’ai d’abord passé pas mal de temps à composer des chansons guitare-voix ou piano-voix, et ensuite nous les avons orchestrées et arrangées en studio. Il y a un côté plus claustrophobe, plus intimiste sur ce disque-là. Sur ce nouvel album, nous avons tenté de faire une synthèse de ces deux univers-là. On voulait retrouver le songwriting, mais également pousser le côté scénique, le côté énergie. Nous voulions faire passer une émotion au-dessus de tout.
GUIDO: L’album précédent a touché un public très large, et très familial. C’est une fierté pour vous?
Matthew: Il y a plusieurs lectures dans la musique que l’on fait. Il y a un côté fun, sans prise de tête. Et puis aussi un côté plus sombre dans les textes. Il y a également sur l’album des morceaux plus longs, un peu plus étranges. Il y a une volonté de faire une musique élégante, qui fonctionne et qui touche. Mais c’est un hasard que l’on touche un peu tout le monde. Au début, notre public était plus adulte. C’est au fil du temps qu’il est devenu plus familial. Cela dit, on essaye de faire de la musique avec notre cœur et nos tripes, rien n’est “pensé”.
GUIDO: Vous venez d’enregistrer un clip avec des fans pour le titre Last Day On Earth, une chouette expérience?
Matthew: Excellente! On voulait un clip décalé, drôle. Et le bonhomme qui a fait le pitch du clip a eu l’excellente idée de faire appel à des fans comme figurants. Nous avons donc lancé un casting via Facebook et avons été littéralement inondés de mails. Des centaines de mails, avec des candidats de toutes les régions de Belgique, mais également quelques Français, ou des gens qui sont venus des Pays-Bas… Au départ, je pense qu’ils étaient un peu timides. Certains venaient nous parler, pour nous dire qu’ils sont fans, qu’ils aiment notre musique. Certains sont venus timidement nous demander un autographe. C’était très sympa de rencontrer nos fans. Et nos fans, ils sont super. A la fois cool et respectueux.
GUIDO: Une date à Forest National est d’ores et déjà annoncée, une consécration!
Ziggy: Oui, c’est vrai que c’est booké. Mais c’est dans pas mal de temps… En février 2014. Avant cela, il y aura énormément de dates, énormément de travail. On voit cela de plus loin. On n’est pas en train de se dire «On va faire Forest National»… En fait, on va “vers” un Forest. L’objectif est d’y arriver, de travailler pour le réussir. C’est un but et on avance dans ce sens…
Puggy : To Win The World (Universal)