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17/06/2013

DAAN: A la française

Audacieux, imprévisible, Le franc belge est sans aucun doute l’un des disques les plus marquants de la carrière de Daan. A «trente-treize ans», c’est un artiste au sommet de sa créativité que nous avons eu la chance de rencontrer. Un homme qui n’hésite pas à se mettre en danger à chaque album, au risque de prendre son public complètement à rebrousse-poil. Et qui, après avoir fait trembler les dancefloors avec le tube Housewife à la fin des années 90, évoqué Leonard Cohen sur le magnifique album Manhay, convie aujourd’hui les fantômes de Gainsbourg et Bashung…


GUIDO: Un album principalement composé de titres en français, un choix plutôt étonnant pour un chanteur flamand, non?

Daan: J’ai épuisé la langue anglaise, ça c’est clair… J’ai écrit plus de 250 morceaux. Donc, il y a peu de mots que je n’ai pas encore utilisés, et peu de thèmes que je n’ai pas encore abordés. En habitant à Bruxelles, je suis entouré par des amis et amies francophones. Dans les conversations, il y a beaucoup de tournures de phrases et de mots que j’adore. Je rentrais de plus en plus souvent à la maison avec des petits bouts de papier sur lesquels j’avais écrit des trucs qui pour moi sonnaient exotiques ou intrigants. Et puis, il me fallait un nouveau défi. J’étais sans doute dans un trip plus poétique. Donc, il fallait faire quelque chose avec cela.

Des textes très cinématiques signés Thierry Dory

GUIDO: Les textes sont très aboutis…

Daan: Je n’y serais pas parvenu moi-même. J’avais des idées brutes, des thèmes, des bouts de phrases. Mais à la limite, cela ressemblait plus à ce que j’écris en anglais. C'est-à-dire des métaphores, des choses brutes. Je n’avais pas la finesse, ni la connaissance de la langue française pour les finir… Thierry (Dory) avait réalisé le DVD de mon concert à Flagey. Il connaît bien mon univers et montrait beaucoup d’intérêt pour mon projet d’enregistrer des morceaux en français. Il me faisait aussi de très bonnes suggestions. Quand je lui ai demandé si ça l’intéressait de travailler sur le texte de Conducteur Fantôme, il n’a pas hésité une seconde… et j’ai été bouche-bée par ce qu’il m’a proposé. Il a écrit des paroles magnifiques. Ensuite, les choses se sont enchaînées assez rapidement.

GUIDO: C’est la première fois que vous confiez l’écriture de vos textes à un parolier. Pourquoi ne pas avoir fait appel à votre ami Jacques Duvall?

Daan: C’est la première fois, en effet. Et en plus, c’est la première fois que Thierry travaille comme parolier. Pour moi, cette démarche était inhabituelle et un peu choquante. Thierry a fait un travail extraordinaire, au-delà de mes espérances. Jacques Duvall avait fait de très belles choses, de très beaux essais. D’ailleurs, sur le vinyle, il y a un morceau qui s’appelle Le brouillard avec des paroles de Jacques Duvall. Nous referons certainement des choses ensemble, mais le côté cinéaste de Thierry collait mieux à cette musique-ci. Thierry a souvent ajouté une seconde dimension, parfois même une troisième. Je n’aurais pas senti cela… Dans un film, tu ne peux pas faire du monolithe, il faut plusieurs intrigues.

GUIDO: Comment avez-vous travaillé, concrètement?

Daan: On a parfois travaillé ensemble, parfois à distance. On a fait des jams, comme pour La crise, juste avant un concert, en backstage. On a pris une feuille, on s’est lâchés et après une dizaine de minutes, elle était complètement remplie de petits bouts de phrase. Cela partait dans tous les sens, et en même temps, cela tenait debout. Autre exemple: je suis venu chez Thierry avec la phrase «La vraie décadence, c’est de ne pas dire ce que l’on pense», et il a brodé autour. Il est ensuite venu avec des phrases telles que «La vraie déchéance, c’est de refuser toute arrogance». Une phrase formidable, qui me va comme un gant. Ce qui est amusant, c’est que Thierry a une meilleure vision que moi sur mon caractère. J’avais un plan de base pour chaque morceau (un titre, une atmosphère ou quelques mots), on en parlait et, la plupart du temps, Thierry écrivait au départ de ces idées. En tant que cinéaste, il voyait le plan large du scénario de chaque morceau.

Le Eddy Merckx de la pop belge

GUIDO: Quelles ont été les premières réactions en Flandre à la sortie de l’album?

Daan: Cela se passe bien, très bien même. Je m’attendais à un peu de résistance, et c’est tout le contraire. L’album est rentré numéro un dans les hits parade. C’est magnifique et complètement imprévisible. Pour les albums précédents, j’étais chaque fois numéro deux. J’étais le Poulidor de la pop belge, et maintenant, je suis le Eddy Merckx!

GUIDO: Le franc belge sort également en France. C’est un fameux défi, non?

Daan: La firme de disque en France avait sorti l’album précédent. Je suis très heureux de mes relations avec eux. Et on a également trouvé un bon tourneur. Je suis curieux de voir les réactions. Si tout l’album avait été en anglais, ils n’auraient pas capté la caricature que je fais de moi-même. L’album s’appelle Le franc belge… Donc maintenant, les gens qui achètent le CD ne pourront pas le rapporter au magasin en disant que cela ne correspond pas à leurs attentes. Ils sont prévenus! J’ai voulu faire quelques petits clins d’œil humoristiques. «Trente-treize» ans sur le premier morceau… «Mélodies paroles», c’est également du belge. Dans la grande tradition de Telex.

GUIDO: Cet album lorgne parfois du côté de Gainsbourg, c’était une volonté?

Daan: J’en suis conscient… Everglades fait très Melody Nelson par exemple. C’est un album que j’ai beaucoup écouté durant ces dernières années. C’est clair que j’ai été influencé. Au départ, ce titre devait être en français, mais je trouvais que l’hommage était vraiment trop appuyé. Je l’ai finalement enregistré en anglais afin de brouiller un peu les pistes.

GUIDO: D’autres artistes ou albums qui vous ont particulièrement marqué?

Daan: Bien évidemment, comme La mauvaise réputation de Brassens ou Fantaisie militaire de Bashung. Mais également des choses isolées. Je suis addicted à Il faut savoir et J’en déduis que je t’aime d’Aznavour. D’ailleurs, le côté orchestral, amplifié de J’en déduis que je t’aime a directement influencé Protocol sur l’album précédent.

GUIDO: Pourquoi avoir laissé quelques titres en anglais?

Daan: Everglades a failli être en français. Il en va de même pour The Gates qui était parti pour être dans un trip Aznavour… D’ailleurs, cela s’appelait Garçon de campagne à la base. Et ça sonnait comme de la pop française des années 80. (il chante) Dans le style Taxi Girl. D’ailleurs, Daniel Darc était d’accord de m’écrire un texte. Il s’est malheureusement cassé la pipe avant d’avoir pu le faire…

Daan: Le franc belge (PIAS)


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