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23/09/2013

Le fléau de la danse selon Dr Jos

 

Alors, qu'il nous attend à la terrasse d'un café avec une Trappiste, on se surprend à découvrir Dr Jos en train de feuilleter les pages économiques de son journal. «Je surveille mes placements mec,» s'explique-t-il. «En temps de crise, il faut tenir son portefeuille bien à l'œil, cela va de soi.». Il fait glisser son doigt vers les résultats de la Bourse. «Bien que j'ai mis mes œufs dans le mauvais panier, apparemment. Bon sang! J'aurais dû investir dans des actions Tomorrowland. Tu as lu ça?»


Le docteur boit une gorgée de sa Trappiste avant de nous passer le journal. «Regarde, un article qui explique comment Tomorrowland est devenu en cinq ans de temps une véritable multinationale. Apparemment, ils lancent aussi un festival de dance aux Etats-Unis. Et peut-être encore à d'autres endroits. Ces gars ont tout compris. Boom exporte visiblement bien plus que des briques dans toute la Flandre et des combattants musulmans en Syrie.» Dr Jos ricane.

Dr Jos: Un festival de dance. (secoue la tête et referme le journal) L'histoire se répète. Toutes les épidémies et fléaux du Moyen-Âge font leur grand retour. Voici encore un symptôme de la crise que nous subissons actuellement.

GUIDO: Euh... De quoi vous parlez exactement, docteur?

Dr Jos: Du fléau de la danse évidemment! La choréomanie! Dancing mania! Une forme de folie collective, sous influence ou non de produits stimulants, légaux ou illégaux. Admets-le: comment trouver cela normal que des dizaines de milliers de personnes se rassemblent de leur propre gré dans un champ et dansent comme des fous jusqu'à l'épuisement? C'est un symptôme très clair d'hystérie de masse, et ce n'est pas nouveau. Ce phénomène est connu depuis le Moyen-Âge. Qu'est-ce que je dis? Connu? De sinistre réputation, oui!

GUIDO: Sérieusement? Moi qui pensais que les raves et les festivals de dance étaient des phénomènes plutôt récents.

Dr Jos: Pas du tout. Ouvre un livre d'histoire et recherche l'épidémie de danse de Strasbourg, en juillet 1518. Cette affaire est bien documentée. Une certaine madame Troffea a commencé à danser comme une folle dans la rue. Elle n'arrivait pas à s'arrêter. De plus en plus de gens ont alors commencé à l'imiter et cette épidémie de danse a duré des jours, même des semaines. Plusieurs morts ont été à déplorer. Des danseurs qui moururent d'attaques cardiaques, d'épuisement, d'apoplexie… Et pourtant, ça ne cessa pas immédiatement. Eh bien, on peut comparer cela à la situation actuelle. Que se passe-t-il quand une victime est emmenée hors de la piste de danse de Tomorrowland?

GUIDO: Rien. Tout le monde continue à danser.

Dr Jos: (approuve) Correct! C'est exactement ce qu'il s'est passé à Strasbourg.

GUIDO: Quelle fut la cause de cette épidémie de danse?

Dr Jos: (hausse les épaules) Personne ne l'a jamais su. Une véritable énigme. Je ne comprends pas plus la raison qui pousse aujourd'hui tout le monde à aller jumper sur des rythmes primitifs dans la campagne de Boom. On revit actuellement une nouvelle percée de l'énigmatique choréomanie. Car si l'épisode de Strasbourg est le mieux documenté, ce n'est certainement pas un cas isolé. La première percée dont on a connaissance fut la manie dansante d'Aix-la-Chapelle en 1374, suivie par beaucoup d'autres, comme celle de Molenbeek. Bruegel en a même fait une toile, qui est exposée aujourd'hui à l'Albertina de Vienne.

GUIDO: Je commence à croire que vous jouez avec nos pieds, docteur.

Dr Jos: Mais non! Fais une recherche! Va sur Google!

GUIDO: Bon, je vous crois. Mais vous pointez, comme à chaque fois, le doigt sur les excès.

Dr Jos: OK, toutes les personnes qui dansent ne sont pas folles furieuses. Lors du mariage de ma cousine, tu aurais même pu me voir en train de faire tourner les serviettes. Si les maisons de repos organisent des sessions de valses parce que c'est bon pour la motricité de leurs malades, je ne peux qu'applaudir des deux mains. Si une danseuse de lapdance apparait à la télé, je programme même mon Digicorder. Mais pourquoi faut-il toujours tout exagérer? Devenir une manie? Un fléau plutôt. Ou une psychose. Et je ne parle pas uniquement des raves, hein. Ces programmes de compétitions de danse à la télé sont tout aussi graves. La meilleure danse ou Danse avec les stars et cette sorte de conneries. Qu'est-ce que ça a de si plaisant? Ça n'engendre que douleurs et blessures.

GUIDO: Vous exagérez.

Dr Jos: Absolument pas! Si tu recherches dans la littérature médicale les mots-clés 'danse' et 'blessures', tu te retrouves avec une bibliothèque remplie d'informations. Comme c'est le cas pour 'hockey sur glace' ou 'football américain'. La danse est tellement préjudiciable pour le corps que les danseurs ont même leurs propres maladies. Toutes sortes de formes de tendinites, des inflammations du tendon donc. Et des problèmes de pied, des blessures aux chevilles, des problèmes de hanche, des déviations du dos… Et je ne parle même pas des glissades à cause de la piste de danse. Et des troubles de l'alimentation. Black Swan n'est jamais loin quand on parle de danseuses.

GUIDO: Ha, mais vous parlez maintenant de ballet.

Dr Jos: (frappe du poing la table de la terrasse) Tu l'as dit! Le ballet. Le numéro un incontesté des disciplines de danse les plus dangereuses. Je préférerais encore envoyer un enfant de six ans dans une école de boxe plutôt que dans une classe de ballet. Junior Bauwens et Sugar Jackson ont l'air moins amochés que la ballerine moyenne. Tu sais: aux Etats-Unis, ils tiennent mieux leurs statistiques que nous. J'ai pu lire récemment que chaque année 10.000 enfants et adolescents y étaient hospitalisés à cause de blessures dues à la danse.

GUIDO: La plupart des garçons ne se sentiront pas concernés, je pense.

Dr Jos: Même si je parle aussi du breakdance? Qui peut occasionner des hernies inguinales ou des contusions aux vertèbres cervicales. Et pour être plus léger: tu sais que les meilleures breakdancers arrivent à faire des tours sur leur tête. A terme, cela provoque la formation d'une cicatrice sur le cuir chevelu, si bien qu'un peu de calvitie apparait dans leur coiffure. (s'esclaffe) Ah ouais, super cool, un fan de hip-hop de 16 ans avec une tonsure de moine!

GUIDO: Et les rockeurs?

Dr Jos: Ils doivent, eux aussi, faire attention, surtout s'ils aiment le

headbanging. Le risque est alors de comprimer l'air dans l'espace situé entre le cœur et les poumons. Le même syndrome que chez les bébés secoués par une baby-sitter hystérique. Ça s'appelle d'ailleurs le pseudo shaken baby syndrome. Dingue hein, tu vas à un concert de Slayer et lendemain, tu te retrouves aux soins intensifs avec des bambins maltraités et risquant la visite d'un Cliniclown.

GUIDO: Cela suffit, merci. Je vais vous chercher une autre Trappiste?

Dr Jos: Avec plaisir. Mais fais attention à ne pas faire claquer tes chaussures trop fort sur la terrasse. Car les claquettes peuvent causer une crise d'épilepsie! (tue une guêpe avec son journal en hurlant de rire)

René Van Caesbroeck


 

Dr Jos recommande la lecture des ouvrages suivants:

Rohleder e.a., Stress on the dance floor: the cortisol stress response to social-evaluative

threat in competitive ballroom dancers, Pers Soc Psychol Bull. jan. 2007

Roberts e.a., Dance-related injuries in children and adolescents treated in US emergency

departments in 1991-2007, J Phys Act Health. feb. 2013

Steinberg e.a., Morphological characteristics of the young scoliotic dancer, Phys Ther Sport. nov. 2012

Wanke e.a., Dance floors as injury risk: analysis and evaluation of acute injuries caused by

dance floors in professional dance with regard to preventative aspects, Med Probl Perform Art. sep. 2012

Jacobs e.a., Musculoskeletal injuries and pain in dancers: a systematic review update, J Dance Med Sci. 2012

Krul e.a., Medical care at mass gatherings: emergency medical services at large-scale rave

events, Prehosp Disaster Med. feb. 2012

Campoy e.a., Investigation of risk factors and characteristics of dance injuries, Clin J Sport Med. nov. 2011

Edvardsson e.a., Head banging associated with basilar artery thrombosis, Neurol India. mei-jun. 2011

Monselise e.a., Break dancing: a new risk factor for scarring hair loss, J Cutan Med Surg. mei-jun. 2011

Lee e.a., Intracerebral hemorrhage after break dancing, N Engl J Med. aug. 1990

Gearhart e.a., Genitourinary injuries secondary to break dancing in children and adolescents, Pediatrics. jun. 1986

Hodgkins e.a., Tendon injuries in dance, Clin Sports Med. apr. 2008

Waller, A forgotten plague: making sense of dancing mania, Lancet. feb. 2009

Waller, In a spin: the mysterious dancing epidemic of 1518, Endeavour. sep. 2008


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