MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE: La consécration?
Après le succès de l’album-concept The Tragic Tale Of A Genius en Belgique et à l’étranger, le nouveau MLCD est sans conteste l’un des albums belges les plus attendus de ce début d’année. Rencontre avec Michaël "Redboy" Larivière, leader et membre fondateur du combo liégeois.
GUIDO: Votre album précédent, The Tragic Tale Of A Genius, a permis à MLCD de franchir un palier…
Redboy: C’est vrai. Après nos deux premiers albums, nous avions l’ambition de proposer quelque chose de différent, de plus ambitieux. The Tragic Tale était un projet compliqué car il mêlait le spectacle live, la musique philharmonique et des décors. On a bossé durant trois ans avec des moyens très limités afin de mener ce projet à bien. Au final, ce disque nous a permis de jouer pas mal à l’étranger puisque nous avons traversé huit pays dont l’Angleterre et le Canada.
Des jams à Malmedy et en Provence
GUIDO: The Smoke Behind The Sound s’éloigne très fort du son de cet album. La palette sonore est également plus large.
Redboy: Il est nettement plus atmosphérique. On a passé beaucoup de temps à travailler sur les sons, sur les textures, sur ce côté organique. L’enregistrement des maquettes s’est passé à l’ancienne pour les bases, tous ensemble dans la même pièce. Et ensuite, on a travaillé sur cette palette de sons. Il y a sur ce nouvel album beaucoup de guitares et de synthés vintage, comme sur la bande originale du film Virgin Suicides. Ce disque a été une source d’influence majeure pour nous.
GUIDO: Tu es le fondateur et leader du groupe. Quelle est l’implication des autres membres de MLCD au niveau des compositions de ce nouvel album?
Redboy: Avant, c’était moi qui apportais la majeure partie des idées. Pour ce nouvel album, tout le monde a été impliqué au niveau de la composition. Nous nous sommes mis à la recherche de coins isolés où nous avons joué sans relâche. D’abord dans une vieille ferme du côté de Malmedy. C’est là que nous avons composé la colonne vertébrale des nouveaux morceaux. Nous avons ensuite loué un mas en Provence perdu au bout d’une colline. On y a jammé sans relâche pendant plusieurs mois, pour finalement accumuler plus de 25 morceaux…
GUIDO: Vous avez écrit quasi simultanément la musique d’une pièce de théâtre qui a fait un passage remarqué au Jean Vilar il y a peu.
Redboy: On a eu une commande pour la pièce de théâtre Roméo et Juliette avec des demandes assez précises. Le metteur en scène, Yves Beaunesne, voulait un groupe rock mais désirait également nous donner des références classiques par rapport à l’histoire de Roméo et Juliette. Ce n’était franchement pas évident car il me parlait aussi bien de Jeff Buckley que de Rachmaninov et Beethoven. Sincèrement, le classique, ce n’est pas mon univers. On s’est alors mis à la recherche d’un arrangeur capable de faire la transition entre tout cela. Et c’est ainsi que l’on a rencontré Manu Delcourt, un Parisien. Il est rockeur à la base, mais a une grosse formation classique. Manu a accepté de venir avec nous en Provence et d’arranger l’album.
GUIDO: Et il a également participé à l’enregistrement de cet album?
Redboy: Exactement! Il a participé à toutes ces jams pour Roméo et Juliette, mais également pour le nouvel album. Ça a tellement bien collé qu’il a finalement rejoint le groupe de manière définitive et déménagé de Paris à Liège.
Luuk Cox à la rescousse
GUIDO: Quels ont été vos critères pour le choix des titres qui se retrouvent sur l’album?
Redboy: Sincèrement, nous étions un peu perdus. Nous nous sommes mis à la recherche d’une personne capable de nous aider à faire le tri. C’est ainsi que l’on a rencontré Luuk Cox (Girls in Hawaii, Stromae). Luuk est un bonhomme étonnant. Il est fort directif, très sûr de lui… et franchement balaise. On lui a fait écouter notre matériel, et il nous a dit après seulement une ou deux écoutes: «OK, on prend celle-ci, celle-ci. Les autres titres, ce n’est pas vous, je pense qu’il faut les écarter.» Je pensais au départ que c’était du bluff. Mais pas du tout, il est capable, après une seule écoute, d’avoir un avis tranché sur un morceau et de proposer des idées concrètes afin de le transcender. Alors que l’on a tendance à se poser beaucoup de questions, que l’on maquettait des choses depuis deux ans, Luuk nous a permis d’accélérer les choses. Avec lui, ça trace!
GUIDO: L’enregistrement de l’album s’est fait en plusieurs phases?
Redboy: On a fait la base de l’enregistrement de l’album aux studios ICP à Bruxelles. C’est un tout gros studio avec une super acoustique, tous les instruments possibles et une atmosphère très particulière. On y a d’ailleurs croisé Stromae qui achevait son album, et Lana Del Rey… Ensuite, on a abouti au studio Abbey Road à Londres. Et là, on pénètre dans un lieu un peu magique empreint d’histoire. Un super souvenir, et un rêve que l’on pensait inaccessible.
GUIDO: Manu ayant rejoint le groupe, vous serez donc cinq sur scène?
Redboy: Oui, et on attend les concerts avec impatience. Pour défendre The Smoke Behind The Sound en live, on a voulu garder une certaine mise en scène. J’avais adoré le Kiss&Cry de Jaco Van Dormael et j’ai donc contacté le scénographe Nicolas Oliver, qui a accepté de bosser sur le projet avec nous. Ce sera très différent de ce que nous proposions pour The Tragic Tale Of A Genius, plus libre, mais je peux vous promettre que ce sera visuellement très intéressant.
My Little Cheap Dictaphone: The Smoke Behind The Sound (PIAS)