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07/11/2014

Gabriel Rios: «New York, c'est le Disneyland des plus âgés»

Une chanson par mois et à la fin du mois, un CD. Un concept simple mais élégant imaginé par Gabriel Rios pour sa nouvelle galette. This Marauder’s Midnight, désormais chez tous les bons disquaires, est un disque épuré aux mains de trois musiciens: Amber au violoncelle, Ruben à la contrebasse et Gabriel à la guitare et à la voix. Spiritualité, gospel, paraboles, monstres mythiques, anges, et une bonne dose d'amour. Un CD intensément noir.


Gabriel: Je suis parti à New York pour écrire des chansons. J'y ai aussi beaucoup joué et le fait de se retrouver devant un public intégralement anglophone, ça met une certaine pression. Le sentiment de devoir bien faire. Les gens veulent écouter chaque soir de la musique. Ce que nous ne connaissons pas ici. Après une année passée à New York, j'ai fait la connaissance de Ruben et d'Amber. La contrebasse et le violoncelle étaient les instruments nécessaires à ce que je voulais faire. On a ainsi répété pendant la semaine et joué durant le week-end. Le concept de sortir une chanson par mois vient de là. Après un an et demi, nous avions déjà tout le matériel nécessaire. Je ne voulais pas prendre douze chansons, les enregistrer en studio et basta. On a accordé de l'attention à chaque chanson. Toute l'année s'est déroulée ainsi, très cool, c'est ainsi que je veux travailler. Une pression et un stress constants, très peu pour moi.

 

Génération cyborgs

 

GUIDO: Qui sont Amber et Ruben?

Gabriel: Ruben est un contrebassiste qui a déjà beaucoup joué avec Jef Neve et a étudié à la Manhattan School of Music avec sa femme Amber, une violoncelliste. Cela fait maintenant huit ans qu'ils habitent à New York, je ne savais même pas qu'ils étaient néerlandais. Il a des origines juives tunisiennes et Amber a des racines coréennes. Ruben peut jouer de n'importe quel instrument. Je suis très content qu'il ait trouvé sa place sur cet album et qu'il se soit ainsi investi. C'est un très bon pianiste et bassiste. Il a aussi produit l'album. Il est habitué à faire de la musique pour des publicités, ce qui veut dire qu'il peut rapidement créer quelque chose qui sonne bien. Sa chambre à New York est remplie d'instruments. Il travailler hyper vite, il est d'une plus jeune génération. C'est fou la vitesse à laquelle ces jeunes travaillent. Je me sens parfois si vieux à côté d'eux, alors qu'il a déjà 29 ans. Je suis sous le charme.

GUIDO: Travailler rapidement peut très vite être exténuant.

Gabriel: Au risque de se transformer en véritable génération de cyborgs! (rires) Ruben ne fait pas partie de cette génération de jeunes mutants d'à peine vingt ans. S'il était là, il mettrait certainement ma parole en doute, mais c'est un super gars, très marrant. Je suis content de les avoir rencontrés tous les deux, ils ont d'autres influences musicales, ils font preuve d'une discipline extraordinaire, de métier et d'éthique professionnelle. J'essaie de les déranger le moins possible. Je ne veux pas qu'ils découvrent où ils sont, c'est-à-dire avec moi. (rires)

GUIDO: Peu de musiciens classiques arrivent à jeter un pont entre ces deux mondes.

GUIDO: Les rythmes pop peuvent sembler bizarres pour eux. Amber s'est très vite adaptée. Également sur le plan des fréquences musicales. C'est un peu plus technique, mais nous n'avons pas de batteries, donc les sons bas viennent toujours de Ruben. Quant à Amber et moi, on reste dans les sons médiaux, mais en fait c'est aussi bien que deux guitares. On a aussi travaillé avec des live takes, en enregistrant des chansons en une seule prise. Il faut alors être juste et bon. Je me vois évoluer dans cette direction. Enregistrer de cette façon demande plus de courage. Toutes les sécurités précédemment construites s'effondrent.

GUIDO: Ça purifie la musique et la rend ainsi plus sombre?

Gabriel: Plus sombre oui, aussi dans le sens où ça la rapproche davantage de la musique classique. Très organique également. D'un violoncelle, on peut réussir à sortir quelque chose de plus petit, comme si les arrangements n'avaient pas été écrits pour une chanson pop. C'est un truc, car ce sont ici toutes des chansons pop dans un habillage classique. Ça fonctionne.

 

Tar baby

 

GUIDO: Des choses mystiques telles que la ‘Madstone’ ou ‘Tar baby’ font beaucoup pour cette ambiance.

Gabriel: Quand j'étais à la Nouvelle-Orléans, j'ai entendu beaucoup d'histoires sur la madstone, très fascinantes. Quand tu es malade, mentalement ou physiquement, on te relie littéralement à cette pierre pour qu'elle aspire tout le mal en toi, elle retombe ensuite quand tu es guéri. Cette pierre vient de l'estomac d'un cerf. Génial, non?

GUIDO: Et 'Tar baby?'

Gabriel: Cela vient d'Uncle Remus, des dessins animés de Disney que je regardais quand j'étais petit. Le Tar baby est un être noir immobile qui, quand on le touche, se colle à sa proie. Au plus on essaie de se dégager, au plus on reste coincé à l'intérieur de celui-ci. J'étais terrorisé par ce personnage. D'une étrange manière, les États-Unis ont libéré des choses qui étaient enfouies en moi.

GUIDO: Tu as donc creusé profondément en toi pour ce disque?

Gabriel: J'ai essayé d'être direct, de moins chanter en symboles. Quand les textes venaient à moi pendant qu'on jouait, ils restaient souvent au final. Pour moi personnellement, s'il n'y a que moi et ma guitare, les textes doivent signifier quelque chose. Si je ne sais pas de quoi je parle, je préfère ne pas jouer. Car je sais alors que je vais vite commencer à m'ennuyer. La suspension of disbelief, comme dans les films, c'est ça que je veux atteindre. Un équilibre parfait entre la réalité et la fiction.

 

Archétypes

 

GUIDO: Il y a beaucoup de diables et d'anges dans tes chansons. Gabriel: Cela vient de ma fascination pour les histoires et les mythes. J'ai choisi de voir la vie selon ces archétypes. Je rencontre souvent des personnes cyniques, qui ne croient en rien.

GUIDO: Personnellement, je ne suis pas croyant.

Gabriel: Moi non plus, mais la force contenue dans ces archétypes touche tout le monde. Les histoires sont toujours une conséquence de ce que tu vois dans les hommes, ce qu'ils font, comment ils se comportent. La vérité est tellement ennuyeuse. Nous voulons tous voir des choses qui sont plus que la somme de leurs parties.

GUIDO: Tes textes sont remplis de belles images, mais restent souvent abstraits.

Gabriel: En fait, je veux que les gens comprennent ce que je veux dire. Ça ne doit pas rester un nuage de brouillard, sans aucune référence pour l'auditeur. Il doit y avoir une ouverture quelque part. Par exemple, je suis un grand fan de Randy Newman. Il dit précisément ce qu'il pense, alors qu'une autre couche sous ce qu'il chante n'est absolument pas visible.

GUIDO: Je ne pense pas vraiment comprendre Randy.

Gabriel: Je ne comprends pas Tom Waits, alors que tout est réuni pour le trouver fantastique. Selon moi, tout dépend des fréquences de la voix, des sons, un tout que tu aimes ou pas en tant que personne. C'est quelque chose de biologique, même. Je peux te jouer une chanson dans une toute autre tonalité et tu risques de ne plus l'aimer autant. Randy Newman m'a séduit quand j'ai compris que derrière cette musique doucereuse se cachaient souvent des messages durs et sombres. Randy est un mec sombre, hein! (riresSail Away parle des bateaux d'esclaves qui vont en Amérique, pour ne citer qu'un exemple. Il appelle même les esclaves des singes! Randy, qui ressemble à ton sympathique voisin. Selon moi, tout le monde a ses propres tonalités, des fréquences précises qui plaisent à un tel ou à un autre. Je pense que cela va encore plus loin. Si ça fonctionne de manière organique, c'est alors de la musique!

GUIDO: J'entends aussi beaucoup d'amour.

Gabriel: L'amour est une force terrifiante, incroyable. Mais il y a bien plus que de l'amour dans ce disque. Il y a aussi New York. Une chanson m'a fait réaliser que je n'étais, dans cette grande ville, qu'un seul parmi ces milliers qui ont l'argent pour tenter leur chance là-bas. C'était un reality check. Tu es le hipster qui va habiter à Chinatown et fait de la musique: Disneyland pour les plus âgés. À New York, tu apprends rapidement - et ce n'est pas une pensée agréable - que tu fais partie des happy few. La première année, tu vis avec ce choc, ce n'est qu'ensuite que tu peux avancer et que tu comprends que ça ne doit pas t'empêcher de faire de la bonne musique. Ça a marché, car mes chansons ont considérablement évolué.


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