On a joué au blind-test avec BOULEVARD DES AIRS!
Boulevard des Airs, c’est sans conteste l’une des belles surprises de ces derniers mois. Après plus de dix ans d’existence dans une certaine confidentialité, le groupe français s’offre deux hits avec Emmène-moi et Bruxelles. Et surtout un nouvel album festif mêlant habilement rock, rap, influences hispaniques et reggae… Rencontre avec Sylvain Dethu et Florent Dasque, que nous avons soumis à un blind-test. C’est parti!
Bruxelles de Dick Annegarn
Sylvain: C’est Dick Annegarn, non? Nous venons de Tarbes, dans le Sud-Ouest de la France. A priori, rien de particulier ne nous relie à Bruxelles. À l’époque où j’ai écrit le texte de la chanson Bruxelles, j’étais avec une fille qui partait vivre à Bruxelles. Si je l’avais suivie, notre histoire aurait continué. Mais, je suis resté chez moi et cela s’est terminé. Le morceau est né ainsi. Plus tard, alors que nous étions dans le train entre Paris et Bruxelles, nous avons décidé de donner ce titre à l’album. Dick Annegarn, j’ai découvert sa chanson par après. Forcément, on nous en a parlé…
Loterie de Fauve
Sylvain: C’est Fauve! Plutôt facile à reconnaître… Tu danses et puis tout va et Je resterai sont sans aucun doute les titres les plus introspectifs, personnels de l’album. Et sont donc des chansons qui, au niveau des textes, se rapprochent un peu de Fauve. Bon, chez eux, les textes, c’est presque un journal intime.
GUIDO: Comment travaillez-vous au niveau de l’écriture?
Sylvain: Sur le dernier album, à part le texte en espagnol qui a été écrit par le batteur, j’ai écrit la totalité des textes. Et pour la musique, nous sommes cinq.
Florent: La plupart du temps, on bosse chacun dans notre coin. On s’envoie ensuite les fichiers via une clé USB. On affine. Et on se retrouve ensuite lorsque l’on a un peu de matos afin d’enregistrer dans notre studio. On a un studio chez nous, on enregistre donc tout à la maison. On a beaucoup de temps et nous pouvons donc nous permettre d’essayer pas mal de choses sans nous mettre de pression.
Sylvain: Financièrement et artistiquement, pouvoir travailler ainsi ouvre beaucoup de perspectives. Nous avons le temps que nous voulons, et aucune pression financière liée à la location d’un studio. Les chansons, on les maquette de bout en bout à notre aise. Il y a des périodes durant lesquelles on enregistre toutes les semaines. Et quand nous sommes en tournée, on prend nos ordinateurs. À notre retour, on retravaille les morceaux petit à petit. En fait, on travaille tout le temps sur de nouvelles chansons. Et sur la fin, on peaufine évidemment.
Majorette de Bénabar
Sylvain: On adore Bénabar! Et Majorette est l’un de mes morceaux préférés. Au début, on écoutait beaucoup Bénabar. Nous avons également été le voir plusieurs fois en concert. Il fait clairement partie de nos influences. Même si peu de personnes s’en sont rendu compte.
Florent: Au niveau des textes, il est très, très fort. Il a beaucoup d’humour. Et, comme nous, il utilise beaucoup de cuivres. Surtout sur ses premiers albums.
Mala Vida de La Mano Negra
Sylvain: C’est La Mano! Nous avons d’abord découvert Manu Chao, et ensuite la Mano. Pour moi, c’est un monument. Un symbole de toute une époque. Nous sommes nombreux, nous avons des influences espagnoles et jouons en Amérique du Sud. Alors forcément, on nous compare souvent à La Mano.
Stockholm Syndrome de Muse
Florent: C’est Muse! Nous sommes tous fans de Muse. On adore. Par contre, je ne pourrais pas te donner le titre du morceau.
GUIDO: C’est Stockholm Syndrome…
Sylvain: Qui est également le sujet d’un de nos morceaux sur l’album… C’est le syndrome qui fait tomber amoureux les victimes de leur bourreau. C’est une pathologie connue. Pour ce morceau, je me suis inspiré d’un livre qui a pour nom Pourquoi les pauvres votent à droite. En gros, comment expliquer que des milliers de personnes scient la branche sur laquelle ils sont assis? Pourquoi les gens qui font partie des masses populaires votent pour des personnes qui n’ont pas du tout l’intention de les défendre? Et mettent dans l’urne un bulletin qui va les mettre encore plus bas. C’est dingue de constater que les pauvres votent en masse pour Bush, Trump ou Sarkozy.
GUIDO: Vous êtres nombreux sur la route. Économiquement, c’est viable?
Florent: Nous avons la chance d’avoir un statut privilégié, d’être des intermittents du spectacle. On a un peu peur que ce statut saute car cela n’entre pas dans une logique privée. Si ce statut disparaît, les grands groupes vont subsister alors que les groupes qui sont sur la brèche risquent évidemment de disparaître.
Zobi la Mouche des Négresses vertes (ndlr: ils ne reconnaissent pas le morceau)
Sylvain: Ah oui… Franchement, je ne connais pas bien. Le chanteur est mort d’une overdose, non? Par rapport à La Mano ou aux Négresses, on est bien plus calmes. Beaucoup moins rock'n'roll. Ce sont des groupes très engagés, très revendicatifs. Ils sont également fort marqués politiquement. Et presque punk dans la façon de vivre. On est beaucoup plus rangés, bien plus tranquilles. On essaye d’avoir une bonne hygiène de vie, même en tournée.
La fée de Zaz
Sylvain: J’adore cette chanson. J’étais à un concert de Zaz avant-hier.
GUIDO: Il y a un duo avec Zaz sur l’album. Assez bizarrement, la chanson est racontée au masculin!
Florent: Parce qu’elle raconte l’histoire d’un garçon. Le texte, à la base, est un exercice de style qui prend comme référence Le déserteur de Boris Vian. Le texte de Vian raconte l’histoire d’un déserteur qui écrit au Président pour dire qu’il n’ira pas à la guerre. Dans Demain de bon matin, c’est quelqu’un de très haut placé qui écrit à son peuple pour lui annoncer qu’il s’en va.
GUIDO: Pourquoi Zaz?
Sylvain: Nous avons rencontré Zaz à un concert à Brest. Elle est montée sur scène durant l’une de nos chansons et elle a chanté avec nous. On a sympathisé, puis on l’a recroisée en tournée. Nous avions déjà joué ce duo sur scène avant de lui proposer de l’enregistrer sur notre album.
Boulevard des Airs: Bruxelles (Sony)