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21/08/2017

Dr Jos: «Notre génération d'emoji-junkies est en train de dévier vers la nomophobie»

 

Dr Jos nous toise sérieusement alors que nous hurlons de rire après qu'il pose son GSM sur la table du café dans lequel nous nous sommes abrités après une averse printanière. «Qu'y a-t-il de mal avec les Blackberry?» demande-t-il en maugréant. «Les GSM des chefs d'entreprises. Du management. Des politiciens. Des happy few, en bref.»


Nous expliquons calmement au docteur que le règne des Blackberry s'est achevé il y a dix ans et que tout le monde possède actuellement un smartphone, que ce soit un iPhone ou un téléphone Android.

Dr Jos: Pour aller sur Internet certainement. Ou attends, encore pire sur les (crache le mot) réseaux sociaux!

GUIDO: (prend un selfie avec le docteur) Naturellement!

Dr Jos: Pfff. (avale une gorgée de sa Trappiste en secouant la tête et observe pensivement son Blackberry) Tu sais ce qui date de dix ans? Le grand bruit sur le rayonnement des GSM. Que ça provoquerait le cancer ou d'autres maladies. Cela fait combien de temps que tu as entendu de telles inepties?

GUIDO: Longtemps.

Dr Jos: En effet. Après vingt années d'expérience avec les GSM, la communauté scientifique a conclu qu'il était inoffensif de les utiliser. Sinon, on aurait fait face depuis longtemps à une épidémie inexplicable de tumeurs aux cerveaux. Un GSM ne provoque qu'un réchauffement des couilles, si tu le fourres dans la poche de ton jeans. (rires)

GUIDO: Téléphoner ou envoyer des messages sur la route (en voiture ou en vélo), c'est naturellement dangereux pour la santé.

Dr Jos: Même quand tu marches sur le trottoir. (fait un geste dédaigneux) Mais mec, ce sont des problèmes qui datent. Cela va de soi, pas besoin d'avoir étudié pour affirmer de telles choses. De la pisse de chat comparé au tsunami de problèmes de santé qui nous pendent au nez à cause des réseaux sociaux. Et cette misère s'insinue dans notre vie grâce aux GSM. Enfin, ta vie, du moins. (attrape son Blackberry) Je ne sais même pas comment utiliser Facebook sur ce brol. Et je n'en ai pas envie.

GUIDO: Vous utilisez ce Blackberry uniquement pour téléphoner?

Dr Jos: Pour envoyer des SMS aussi, et des e-mails. Si madame Dr Jos trouve que je reste trop longtemps au café, par exemple. (explose de rire) Et pour consulter des banques de données médicales. Regarde. (pianote étonnamment vite sur le clavier) Les réseaux sociaux, hein? Regardons un peu le nombre de publications scientifiques qui existent à ce sujet. (patiente) Pom pom pom… Ah, une dizaine de milliers. (nous regarde) Voilà. Ce n'est pas rien, hein? Cela signifie que c'est un thème pertinent pour la santé publique.

GUIDO: Expliquez-vous, docteur.

Dr Jos: Il va de soi que l'interaction sociale est importante dans le développement de l'espèce humaine. C'est un fait. Les hommes, et les primates dans une certaine mesure, ont développé de grands cerveaux grâce à des interactions sociales complexes. C'est ce qu'on appelle notre social brain.

GUIDO: De prime abord, on pourrait supposer que les réseaux sociaux sont bons pour nous.

Dr Jos: Ce que tu supposes de prime abord n'a aucune valeur scientifique. Les conclusions tirées après une enquête minutieuse, c'est ça qui compte. Et ces conclusions sont alarmantes. Les interactions sociales offline ne peuvent pas être comparées aux interactions sociales online.

GUIDO: Comment savez-vous cela?

Dr Jos: Parce qu'on a mesuré l'activité cérébrale pendant les deux processus. Et qu'a-t-on observé? Il existe une différence visible entre les deux. Pendant les contacts sociaux online, nous utilisons d'autres parties de notre cerveau que lors des interactions sociales classiques face-à-face. D'autres zones du cerveau sont actives. Et c'est cela qui les rend justement dangereux. Que se passe-t-il quand tu lâches massivement des réseaux sociaux sur un cerveau d'adolescent? Personne ne le sait. C'est une expérience en l'air, et elle a lieu en ce moment précis. Nous ne savons pas ce qui se passe actuellement. La plasticité d'un cerveau d'adolescent est si grande que nous ne savons tout simplement pas ce que cela va donner. Que nous sommes en train de voir apparaître une génération de social media addicts, c'est très clair. Une bande d'emoji-junkies souffrant de nomophobie.

GUIDO: Nomophobie?

Dr Jos: Nomophobie. No mobile-phobie. Des jeunes qui entrent en panique à la simple idée de passer quelques minutes sans leur smartphone. À ne pas confondre avec les FOMO (fear of missing out). Une autre conséquence de la dictature des médias sociaux: la peur de ne pas être en phase avec tes amis si tu n'as pas vu tous leurs statuts sur chaque réseau social. (abruptement) Bon, ouvre un peu ton app Facebook.

GUIDO: Euh… OK.

Dr Jos: (attrape mon smartphone) Tu as donc… Voyons un peu… Tu as 824 amis sur Facebook. (hilare) Et une photo de profil ridicule, mais c'était à prévoir. (me rend mon téléphone) Dis-moi, tu ne penses quand même pas que tu as plus de 800 amis?

GUIDO: Eh bien… Ce ne sont pas tous de vrais amis.

Dr Jos: (tape du poing sur la table) Évidemment que non! Écoute: un réseau social classique, normal, offline d'une personne moyenne se compose de cent à deux-cents membres. Huit-cents, c'est juste impossible. C'est trop. C'est du fake. Dans la littérature spécialisée, on appelle ça le Facebook Paradox. Jusqu'à l'apparition des réseaux sociaux, la règle suivante était d'application: plus tu es engagé socialement, plus tu es heureux. Une personne avec un réseau de deux-cents membres est plus heureux que quelqu'un qui n'en compte que cent. Cependant, sur les réseaux sociaux, c'est tout le contraire. Des études ont prouvé que le nombre d'amis Facebook est inversement proportionnel au bien-être social. OK, quelqu'un qui compte quinze amis Facebook est un loser. Mais quelqu'un qui compte 1500 amis Facebook est en fait encore plus pathétique. De plus, il a été prouvé que les personnes qui faisaient une social media detox et clôturaient leur compte Facebook se sentaient plus heureux.

GUIDO: Ces arguments sont davantage sociologiques que médicaux.

Dr Jos: Oui, et psychologiques. C'est de la neuroscience en fait. Les social media addicts souffrent de troubles de l'anxiété, ont une moindre estime d'eux-mêmes, sont sujets à la polarisation car ils sont rarement en contact avec des personnes qui pensent différemment et éprouvent de la jalouse aussi matérielle qu'immatérielle. Mais tout cela peut te rendre littéralement malade. Troubles du sommeil, troubles de l'alimentation, dépression… Tout ça à cause de ton iPhone.

GUIDO: C'est un Android.

Dr Jos: (vide sa Trappiste) Et ceci est un verre vide. Commandes-en deux en plus, à la belle fille derrière le bar. Utilise ta langue, tes lèvres et tes cordes vocales. Une bonne vieille interaction sociale entre êtres humains. Tu devrais essayer!

René Van Caesbroeck

Dr Jos recommande la lecture des ouvrages suivants:

Montag e.a., Facebook usage on smartphones and gray matter volume of the nucleus accumbens, Behav-Brain-Res., apr. 2017

Hu e.a., The Facebook Paradox: Effects of Facebooking on individuals' social relationships and psychological well-being, Front-Psychol., jan. 2017

Shakya e.a., Association of Facebook use with compromised well-being: a longitudinal study, Am-J-Epidemiol., feb. 2017

Tromholt, The Facebook experiment: quitting Facebook leads to higher levels of well-being, Cyberpsychol-Behav-Soc-Netw., nov. 2016

Rosenthal e.a., Negative experiences on Facebook and depressive symptoms among young adults, J-Adolesc-Health., nov. 2016

Tiggerman e.a., Facebook and body image concern in adolescent girls: a prospective study, Int-J-Eat-Disord., jan. 2017

Bessi e.a., Users polarization on Facebook and Youtube, PLoS-One., aug. 2016

Bányai e.a., Problematic social media use: results from a large-scale nationality representative adolescent sample, PLoS-One., jan. 2017

Kuss e.a., Social networking sites and addiction: ten lessons learned, Int-J-Environ-Res-Public-Health., mrt. 2017

Oberst e.a., Negative consequences from heavy social networking in adolescents: the mediating role of fear of missing out, J-Adolesc., feb. 2017

Andreassen e.a., The relationship between addictive use of social media, narcissism, and self-esteem: findings from al large national survey, Addict-Behav., mrt. 2016

Mohammadbeigi e.a., Sleep quality in medical students: the impact of over-use of mobile cell-phone and social networks, J-Res-Healt-Sci., winter 2016

Bragazzi e.a., A proposal for including nomophobia in the new DSM-V, Psychol-Res-Behav-Manag., mei 2014

Turner e.a., Instagram use is linked to increased symptoms of orthorexia nervosa, Eat-Weight-Disord., mrt. 2017

Meshi e.a., The emerging neuroscience of social media, Trends-Cogn-Sci., dec. 2015


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