Rouge et sang
L’événement de la rentrée – pourtant extrêmement riche et diversifiée – pour la deuxième partie de cette immense fresque humaine: la Commune de Paris. Tardi est de ceux qui, ces dernières années, ont élevé la bande dessinée au plus haut degré de l’aboutissement artistique. Aussi ramassé, direct et percutant que peut l’être une chanson face à un opéra interminable.
Associé à Vautrin, romancier de renom, il ouvre une des pages les plus noires de l’histoire de France, à savoir l’écrasement, en mai 1871, de l’insurrection parisienne par l’alliance des républicains de droite et des monarchistes, encore sous la menace des occupants allemands à la suite de la guerre de 1870.Le tout admirablement servi par l’utilisation du noir et blanc et du format à l’italienne.
Le temps des cerises, Louise Michel, les barricades et le mur du Père Lachaise… tous des épisodes souvent rabâchés. Le grand art de Tardi est ici de se saisir de quelques destinées, de gens du peuple, pour leur faire vivre toutes les contradictions mais aussi toutes les folles espérances du printemps 1871. Déjà salué par deux prix lors du Festival d’Angoulême 2002, la suite et la fin cette trilogie est attendue pour le printemps 2003.
Le cri du peuple – T2: L’espoir assassiné par Tardi & Vautrin, chez Casterman, 88 pp., septembre 2002, www.casterman.com. Prix: 18 €