Quatre nouveautés BD à ne pas manquer

Dans chaque Guido Magazine, le Kot BD met en lumière quatre nouveautés BD. Au sommaire du numéro d'avril, c'étaient les BD suivantes qui étaient mises à l'honneur.

Imbattable
Tome 2 : Super-héros de proximité
Encore une bande-dessinée pour enfants avec un super-héros en culotte courte et aux pouvoirs plus que banaux… Eh bien non! Avec ce deuxième tome de Imbattable, découvrez un super-héros et une histoire qui remet en cause les codes mêmes de la bande dessinée: pour venir en aide à la veuve, l’orphelin ou au chat du voisin, notre jeune super-héros se joue des planches, vignettes et phylactères. Il n’hésitera pas à passer de case en case au dépend de la chronologie des évènements, lui donnant un avantage sur ses détracteurs et le rendant presque… imbattable. Mais attention, de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités! Car si notre jeune héros peut se jouer de l’espace et du temps, nous avons tous écouté les conseils du Docteur Brown et de Marty McFly: ceci peut avoir de graves conséquences. Avec ce nouvel album, Pascal Jousselin apporte quelque chose de frais et d’inattendu dans le monde de la bande-dessinée et ce, avec une finesse et une intelligence rare. Chose moins commune, je tiens à tirer mon chapeau pour la mise en couleur de Laurence Croix qui donne à cette album cette ambiance décalée et dynamique si appréciable.

De Pascal Jousselin

Mister O
Imaginez une BD. C’est fait? OK, maintenant enlevez tout scénario ne tenant pas en moins d’une page. Enlevez le texte aussi, c’est superflu. Bien. Enlevez à présent tout excès de dessin, c’est-à-dire ne gardez que les lignes qui permettent d’identifier clairement ce que vous voyez. Voilà, mais ce n’est pas fini: ne prenez pas le luxe de grandes cases ou de géométries variables, adoptez plutôt… 60 petites cases carrées et collées par page. Là. Vous y êtes! Pour se recentrer quelque peu sur la BD, c’est un peu comme un Game Over au final: toujours le même héros, le même but (ici de passer un ravin) et le même inéluctable échec… sauf à la dernière planche. Quant à la narration, certaines planches sont vraiment drôles, d’autres sympas. En revanche, tout lire d’un coup peut être plutôt indigeste. Je finirai par louer certains passages où il suffit au lecteur de quelques cases, anodines mais efficaces, pour s’imaginer un petit film d’animation ou voir le personnage passer d’une case à l’autre.

De Lewis Trondheim

XXe ciel.com
Tome 1: Mémoires 98 
Une psychanalyste de 98 ans reçoit des mails de la part d’un certain @nonymous, tous les mois, le jour de la mort de son frère. Ceux-ci sont accompagnés de photos d’événements marquants du XXème siècle. Cette BD quitte le format classique en mettant en avant la photographie. On ne retrouve pas vraiment de cases mais une juxtaposition de pages de sites internet, de mails, … On retrouve des photos emblématiques, comme celle de la petite fille brûlée au napalm au Vietnam ou les premiers pas sur la lune. Sur chacune, on peut entrevoir la silhouette d’un ange bien mystérieux! Pourquoi cette vieille dame reçoit-elle ces mails? Qu’a-t-elle à voir avec toutes ces photos? Cette BD t’agrippe par son intrigue et chamboule les habitudes ou réflexes que nous avons quand nous lisons!

De Yslaire

3’’
Trois secondes, c’est l’intervalle de temps durant lequel se déroule le récit… C’est court? C’est bien suffisant pour permettre à une balle d’atteindre sa cible, et, pour le lecteur, de suivre le jeu des reflets et des réflexions de la lumière pour comprendre tous les enjeux de la scène de crime. Ici, la bande dessinée repousse ses limites dans le sens où on ne lit pas 3 secondes: on plonge dedans. Sans dialogue, sans narration écrite, on ne peut que suivre les scènes qui s’emboîtent au cours d’un zoom infernal, ricochant d’un reflet sur l’iris à une lentille d’appareil photo, du miroir d’un poudrier au miroitement d’une flaque d’eau en passant par une cuillère à café, et ainsi de suite. Chaque nouvelle surface réfléchissante nous livre d’autres secrets sur le complot qui semble se jouer durant ces quelques secondes, et peu à peu, l’histoire se met en place. Marc-Antoine Mathieu, l’un des auteurs les plus créatifs de sa génération, est habitué à jouer avec les codes et les limites de la bande dessinée et même à la réinventer d’un point de vue graphique et narratif. Il nous le prouve une fois encore avec 3 secondes, qui est la première bande dessinée pensée simultanément pour le papier et le numérique.*

De Marc-Antoine Mathieu