On a joué au blind-test avec ALICE ON THE ROOF!
Est-il encore nécessaire de présenter Alice on the roof? Trois ans après son premier album, ce n’est plus une jeune fille timide mais une artiste confirmée que nous avons rencontrée dans les locaux de sa firme de disques. Plus sûre d’elle mais toujours d’une spontanéité désarmante, elle s’est prêtée pour nous à un 'quiz musical' qu’elle qualifiera tour à tour de «trop facile» et de «corsé». Il y est question de Cloclo, des Smiths, Beirut et même de Petit Biscuit. Éclectique et aventureux, donc à l’image d’une artiste qui n’a pas fini de nous surprendre. C’est parti!
Yael Naim: New Soul
Alice: J’adore cette chanson! Je me sens assez proche d’elle car nous avons le même manager: Pierre Walfisz. Ma mère a vu Yael Naim en concert. En la voyant, elle la trouvait tellement épanouie qu’elle s’est dit qu’elle devait avoir un super manager. Je ne sais pas si tu t’en souviens, mais c’est également la chanson que j’ai choisie pour le premier blind de The Voice. Un super souvenir. Des milliers de personnes ont écouté cette chanson sans en comprendre le thème. Et aujourd’hui, on peut encore l’entendre très souvent à la radio. Une très belle chanson sur la réincarnation. Étonnant, non? Ce morceau occupe une place particulière dans mon cœur car c’est grâce à elle que les gens m’ont découverte.
GUIDO: C’est Natasha St-Pier qui avait buzzé…
Alice: Avec le recul, je trouve que j’ai eu beaucoup de chance car le blind, ça peut être traumatisant si personne ne buzze… forcément. (rires) Dans mon cas, Natacha a buzzé trois secondes après que je commence à chanter. Ensuite, c’est plus facile évidemment. On est relax. Super, la vie est belle! (rires). Natasha et moi, nous n’avons pas le même univers musical, mais elle m’a énormément aidée. Elle m’a encensée, m’a mise beaucoup en avant. Elle m’a aussi toujours donné la possibilité de m’exprimer. Franchement, une super coach.
Suarez: L’amour à la plage (en duo avec… Alice on the roof)
Alice: Trop facile ton quiz (rires) C’est Marc qui m’a produite. Sans lui, je pense que je serais instit aujourd’hui. Quand nous avons enregistré le premier album, nous avons eu une super accroche musicale. Lors de notre rencontre, nous avons fait une reprise d’Oscar & The Wolf, le morceau Princes que j’adore. Tu le retrouves d’ailleurs sur mon premier EP. Marc et Dada ont toujours fait preuve d’une grande bienveillance à mon égard…
GUIDO: Tu savais que Max de Oscar & The Wolf adorait The Voice et m’avait confié (alors que son premier album n’était pas encore sorti) qu’il adorerait devenir un jour coach?
Alice: C’est complètement dingue. Aujourd’hui, il pourrait être président de The Voice! Max est un génie.
Vianney: Pas là
Alice: Trop facile! (rires) J’aime beaucoup cette chanson. Vianney, il a un côté à part. On s’était croisé sur une conférence de presse où nous avions tous les deux chanté un morceau. Il avait chanté Pas là. J’avais adoré sa voix, sa musicalité. Je pense qu’il aimait bien ce que je faisais également. Il a fait un concert pour PIAS, ici à Bruxelles, et il m’a invitée à faire un duo avec lui. Nous nous sommes tout de suite bien entendus. Vianney, c’est un gars que tu peux approcher super facilement. En rigolant, il m’a dit: «Tu chantes bien Alice, mais c’est con que tu ne chantes pas en français». Je lui ai répondu «Ça n’arrivera pas». Bref, je l’ai envoyé balader. Le français, je n’osais pas…
GUIDO: Vous avez co-écrit trois chansons sur l’album…
Alice: Ce qu’il m’a dit lors de notre rencontre chez PIAS m’est toujours resté dans un petit coin de ma tête. J’ai commencé à travailler sur une chanson en français et lui ai demandé son avis, mais je t’avoue que j’avais peur qu’il se fiche de moi. Il a bien aimé et m’a même encouragée à continuer. Finalement, il m’a proposé de le rejoindre chez lui pour bosser sur quelques titres. Il habite Paris, Clichy. Nous avons passé une semaine ensemble et j’ai été accueillie comme une princesse. Il m’a laissé sa chambre et a dormi dans le canapé, m’a fait à manger. Il est adorable! C’était du pain bénit de travailler avec lui, du luxe. Sur les quatre chansons que nous avons écrites ensemble, trois se retrouvent sur l’album. Tout cela en un peu moins d’une semaine à partir de chansons en chantier et de bribes d’idées.
GUIDO: Comment est-ce que tu composes?
Alice: Pour cet album-ci, j’avais fort envie de tester mes limites. Je suis restée pas mal de temps seule, j’ai testé des choses au piano, fait des maquettes. Le souci, c’est que je suis trrrrrès bordélique. J’ai pas mal d’idées et de bribes de chansons, mais je n’arrive pas bien à finir mes morceaux. Du coup, j’ai besoin de travailler avec quelqu’un qui a du recul, une vision fraîche sur la chanson. J’ai besoin d’apprendre, observer les gens, voir comment ils font. J’ai bien observé Vianney bien évidemment et beaucoup appris.
TC Matic: Elle adore le noir
Alice: Zut, ce n’est plus de la rigolade là… (après quelques secondes) Ah, mais c’est Arno qui chante! Je t’avoue que je ne connaissais pas ce morceau. Arno, je l’ai rencontré pour le clip de Malade. Dans les toutes dernières secondes du clip, il y a Arno. Tu l’avais remarqué? Je danse avec deux yétis dans le clip. J’ai eu un gros délire avec mon manager. On s’est dit que ce serait cool d’avoir Arno. Sincèrement, je n’y croyais pas trop mais on a quand même tenté. Au début, il ne comprenait pas du tout. Lorsqu’on lui a expliqué qu’on voulait qu’il se déguise en yéti et qu’on donne l’impression qu’il danse super bien, il a finalement accepté. Il n’a pas vraiment compris ce qu’il faisait dans le clip mais il a fait son truc comme un Dieu.
GUIDO: Tu as fait une reprise de Claude François avec lui sur ce nouvel album!
Alice: J’ai fait une reprise de Le téléphone pleure de Cloclo pour une radio, mais c’était un peu bizarre de faire ça seule. J’ai d’abord pensé à un rappeur pour faire un duo et finalement je me suis dit «je vais prendre le King of the rappeurs»: Arno. Il a un peu hésité. On l’a enregistré car on s’est dit qu’il se passait un truc chouette entre nous. Quand il chante «Dans les yeux de ma mère, il y a toujours une lumière», je trouve que c’est dans ses yeux à lui qu’il y a toujours une lumière. Je l’adore!
The Smiths: Bigmouth Strikes Again
Alice: Ah oui, les Smiths. Super! Mais ce morceau, je ne le connais pas… J’ai fait une reprise des Smiths avec Puggy. C’est comme ça que j’ai rencontré Matthew. Musicalement, Matthew, il a des idées en pagaille, une grande culture musicale. Ce sont tous les trois des bosseurs, des acharnés. La chanson que j’ai écrite avec Matthew, on a mis quatre jours à la terminer. La musique, on m’a toujours dit que cela devait venir facilement. J’ai appris avec lui qu’il était parfois nécessaire de transpirer pour finir une chanson. Il ne lâche rien.
Beirut: The Gulak Orkestar
Alice: C’est Beirut, non? J’adore… J’ai repris l’un de leurs morceaux pour une session radio…
GUIDO: Tu as des goûts assez éclectiques?
Alice: J’écoute de tout. Ce que j’écoute peu, c’est du rock. Mes parents écoutent énormément de musique. Parfois j’aime, parfois pas, évidemment. Ils écoutent parfois des trucs bizarres, mais leur ouverture d’esprit par rapport à la musique m’a beaucoup aidée. Mon père écoute du jazz qui tape sur les nerfs par exemple, du jazz d’ascenseur. De la world music. De la new wave. Ce que je fais, c’est parfois trop pop pour eux. Ce sont eux qui m’ont fait découvrir les Smiths.
Petit Biscuit: Sunset Lover
Alice: C’est Petit Biscuit, non? J’ai été voir son concert avec mon petit frère il y a quelques mois et j’ai adoré! J’aime l’électro. J’aime beaucoup Henri PFR par exemple, nous sommes très proches…
LCD Soundsystem: Losing My Edge
Alice: Ouh là là… Aucune idée. C’est quoi, ce truc? LCD Soundsystem? Cela ne me dit rien. J’irai jeter une oreille si tu me dis que c’est bien. Même si j’aime bien l’électro, je sors assez peu et je ne suis même jamais sortie en boîte. Pourtant, mes copines aimeraient bien me sortir un peu. Je suis un oiseau de nuit, mais je sors peu. La nuit, j’écris beaucoup. Le calme de la nuit m’inspire.
Hooverphonic: Eden
Alice: Cela se corse sérieusement, ton quiz… J’espère que je ne passerai pas pour un nulle… Ce sont des Flamands? J’ai joué avec eux? Soulsister? Non, ce n’est pas eux! Ah oui, Hooverphonic, bien sûr. J’adorais Noémie Wolfs, une formidable chanteuse...
GUIDO: Tu as joué l’un de leurs morceaux avec eux à Taratata…
Alice: De très grands musiciens… Oui, j’ai joué Mad About You avec eux. Ils ont été très gentils, très pros.
London Grammar: Nightcall
Alice: Ah oui, j’aime beaucoup! C’est la reprise de Kavinsky par London Grammar. Mon premier album a été produit par le producteur de London Grammar, Tim Bran. On pourrait penser que ce bonhomme est intouchable… Pourtant, le contact s’est fait par le biais d’un petit mail. On se met parfois des limites où il n’y en a pas. Pour cet album, j’ai pu collaborer avec le guitariste de Bon Iver. La musique n’a pas de frontières. Le plus important, c’est d’oser et d’y croire…
Alice on the roof: Madame (PIAS)
Photo: (c) Hellen Van Meene