"Le Cahier Bleu": Rideaux ouverts
Ce n’est pas trop le genre de la maison mais il fallait saluer la réédition, en ce printemps 2003, du Cahier Bleu d'André Juillard. Alph’art d’Angoulême en 1995, suivi en 1998 par Après la pluie, c’est un album-phare des années 90 et qui restera sans aucun doute comme une référence incontournable.
L’intrigue est simple. Lumineuse. Une jeune femme d’origine québécoise est aperçue à la sortie de sa douche par deux hommes debout dans le métro aérien. Tous deux en tombent instantanément amoureux et font tout pour la retrouver, la conquérir. Ils s’affrontent. Le journal intime d’un des deux hommes, le cahier bleu, parvient à Louise. Confrontée à l’univers intime de l’autre sexe, elle décide de casser le jeu… le drame s’annonce.
Construit en trois temps, trois regards ou points de vue, le rythme du récit est magnifique. Emaillé de cases et d’événements qui parlent et se répondent comme une symphonie à plusieurs instruments. Une vie rêvée, en quelque sorte, où le destin de tout un chacun pourrait être lu et décliné sous le regard des acteurs et des témoins qui nous entourent. Reste un petit mystère: le sens de la dernière case de la page 39: un homme et deux enfants se recueillent dans un cimetière.
Le cahier bleu, par André Juillard, coll. Un monde, 72 pp., 1994 (rééd.).
www.casterman.com. Prix: 13,50 €