LA NOUVELLE ORLÉANS: La 'Big Easy'

L'ambiance est à la fête dans la ville la plus chaude des États-Unis
Bâtie sur un des méandres du Mississippi au fin fond du Sud des États-Unis, une ville gigantesque oppressante et dangereuse. La Nouvelle Orléans, une Sodome au cœur du bastion du fondamentalisme: une métropole sale et comme toutes les autres avec, néanmoins, un centre-ville merveilleux et ravissant. Irrésistibles cependant dans la capitale, en proie au crime et à la corruption du Dirty South, les possibilités de sortie et la musique omniprésente. En route pour la Nouvelle Orléans: la 'Big Easy'.

Il est vrai que la Nouvelle Orléans figure parmi les premiers hauts-lieux du crime aux Etats-Unis. Toutefois, cela ne doit pas vous décourager. Si vous demeurez dans le French Quarter, le cœur historique de la ville, vous ne remarquerez rien. Et mieux encore: il y a de fortes chances pour que vous vous passiez les instants les plus inoubliables de votre vie. L'ambiance est à la fête!

Au sommet du Hippie Hill

Le French Quarter - un centre-ville d'agencement carré d'une superficie de un kilomètre et demi sur un kilomètre au bord du Mississippi - est d'une beauté à ravir. Aux XVIIIème et XIXème siècles, les Français et les Espagnols y construisirent de superbes bâtisses, avec des balcons en fonte. Au regard des normes américaines, le Quarter fait très européen, bien que les gratte-ciel du Central Business District ne soient pas loin. Grimpez au sommet du Hippie Hill et admirez le Jackson Square: une place d'une beauté tellement rare, tellement immaculée, que vous diriez qu'elle a été construite par Disney mais, pour une fois, - alors que nous sommes aux States - rien de chiqué. Pivotez de 180° et embrassez d'un regard le Mississippi qui s'étend à perte de vue, le plus majestueux des cours d'eau américains. Après être redescendu, rendez-vous au Jackson Square. Le cabinet de curiosités que vous y trouverez reflète parfaitement l'essence même de la ville: jazzmen, danseurs de claquettes, tireurs de cartes, clochards, chiromanciennes, prêtresses vaudoues, chanteurs de blues, jongleurs… Jackson Square est un théâtre à ciel ouvert qui ne ferme jamais ses portes.

Des seins nus dans Bourbon Street

Toujours dans le même quartier, en vous rendant deux rues plus loin dans la Bourbon Street, vous apprendrez que l'ambiance est à la fête 365 jours par an, et quelle fête! Allez passer une incomparable petite soirée dans la Bourbon Street: pour commencer, achetez un frozen daiquiri à un des petits marchands sur les stands (la Nouvelle Orléans est un des seuls endroits aux Etats-Unis où vous avez le droit de boire dans la rue) et allez flâner là où ça bouge. Toutes sortes d'ambiances musicales propres à la Nouvelle Orléans vous attendent dans les bars. Tournée des bistrots? Allez va pour l'excellente idée: cela vous permettra, le temps d'une soirée, d'aller écouter des morceaux que vous n'entendrez nulle part ailleurs: du jazz, du blues, du bluegrass, du cajun et du zydeco. Du Zydeco?! Voilà ce qui arrive lorsque vous confiez un accordéon allemand à un créole francophone et que vous lui accrochez une planche à laver autour du cou: unique, énergique et extrêmement entraînant. Bonne chose, par ailleurs, de pas devoir payer votre entrée dans les bars de Bourbon Street; obligation, par contre, de consommer une bière: prix minimal de 5 dollars au moins. Le mieux est d'arriver de bonne heure et de profiter des tarifs happy-hour. Au fait, question de préférences: la fin de la Bourbon Street, en vous dirigeant vers l'est, est majoritairement gay, l'extrémité ouest regorge de bars à strip-tease gore.

Dans le même registre, n'oubliez pas de lever les yeux pour admirer les balcons au-dessus des bars. Vous verrez de gentes et gracieuses demoiselles qui portent des perles autour du cou. Lorsqu'elles donnent leurs seins en spectacle à un petit groupe de passants de sexe masculin, ces derniers leur lancent des perles. La coutume était autrefois d'application uniquement au cours des journées insensées de Mardi-Gras. Mais, aujourd'hui, il semble bien que la coutume ne soit autre qu'une habitude quotidienne, au grand bonheur des touristes masculins. Concernant le Mardi-Gras: en février, la Nouvelles Orléans est bondée pendant trois semaines (1 million de visiteurs!). Par conséquent, si les fêtes de carnaval de cet acabit ne vous intéressent pas, mieux vaut éviter cette période de l'année.

Adressez vos prières à la reine du vaudou

Nous avons pu nous en rendre compte, la Nouvelle Orléans est - après Port-au-Prince en Haïti - la capitale mondiale de la religion Voodoo. On pourrait croire, à première vue, à un piège à touristes (gris-gris et poupées vaudoues made in China vous sont vendues au pris de 1 dollar sur le French Market), mais quand-même… En visitant le Historic Voodoo Museum de Dumain Street, vous découvrirez une collection fascinante d'objets vaudous. Au St. Louis Cemetery No. 1, le plus vieux cimetière de la ville, vous pourrez vous rendre sur la tombe de Marie Laveau, la reine du Vaudou de la Nouvelle Orléans. Par terre, vous trouverez des offrandes et des petits papiers sur lesquels des prières sont inscrites. Des petites croix ont été dessinées à la craie sur la tombe de Marie Laveau. Trois petites croix signifient que quelqu'un lui a adressé une prière. Lorsque les croix sont entourées, cela signifie que Marie a entendu la prière. Vous l'avez compris, le vaudou est omniprésent à la Nouvelle Orléans parmi les 62% d'habitants métisses. Petit avertissement: ne vous rendez pas seul au St. Louis Cemetery No. 1: le cimetière est le théâtre de projets louches et des touristes se font parfois attaquer. Aucun problème, en revanche, si vous optez pour une visite de groupe, autre occasion pour vous d'en savoir davantage.

Jambalaya & steak noirci

Profitez-en, par ailleurs, pour aller jouer les touristes, dans les conditions les plus relaxes, dans la Big Easy. Allez vous perdre dans le dédale des ruelles pittoresques du Quarter. En allant faire une promenade romantique sur la River Walk, vous verrez comment les grands bateaux qui naviguent sur le fleuve négocient élégamment ses méandres. Allez faire un tour dans le streetcar, le tram historique de la ville. Embarquez à bord d'un des navires à aubes le temps d'une petite croisière. Allez visiter l'aquarium et/ou le zoo, de classe internationale. Pour le plaisir des yeux, allez découvrir les milliers de couleurs du French Market, où vous pourrez également acheter, outre des tonnes de souvenirs, des têtes d'alligators séchées et d'étranges babioles vaudoues. Laissez-vous tenter par un menu cajun à trois tiroirs: bisque d'écrevisse gumbo, jambalaya, steak noirci et un cocktail rafraîchissant. Allez voir, au Cabildo, l'acte de vente original, signé de la main de Napoléon, par lequel les Américains rachetèrent l'Etat de Louisiane pour la bagatelle de 11 millions de billets verts. Ensuite, lèche-vitrine dans Royal Street, où sont installées les boutiques et les galeries chiques. Demandez à un autochtone sympa de vous montrer la lucarne du grenier où Tennessee Williams écrivit A Streetcar Named Desire. Et surtout: laissez le bon temps rouler!

Herbert De Paepe

LA NOUVELLE ORLEANS EN PRATIQUE

Pour y aller
Peu de chance que vous trouviez un vol Bruxelles-La Nouvelles Orléans à un prix raisonnable. Toutefois, en faisant escale à New York ou à Atlanta, ça devrait le faire. La navette de l'aéroport dessert le centre et dépose les passagers aux portes des différents hôtels à la demande: bien meilleur marché que le taxi. Si vous faites le trajet en auto, vous pourrez profiter d'un trajet spectaculaire, en passant par le Lake Pontchartrain mais, une fois arrivé dans le centre, vous devrez descendre le plus rapidement possible de votre véhicule. Les places de parking dans le French Quarter sont particulièrement chères et, qui plus est, il n'est pas recommandé de se parquer en ville. Quant à ceux qui arrivent par le navire à aubes sur le Mississippi en partance de St. Louis ou de Memphis, nous n'avons qu'une chose à leur dire: lucky bastards!

Argent de poche
King dollar reigns supreme. Pas bien difficile à La Nouvelle Orléans de s'en mettre plein les poches… Enfin, façon de parler: tout est fait pour vous aider à retirer de l'argent: guichets automatiques et bureaux de change sont légion, et vous ne trouverez pas un endroit dans lequel votre carte de crédit ne sera pas acceptée.

Où dormir?
Question de choix. Ou vous êtes d'accord pour débourser un peu plus (à partir de ±70 dollars par chambre et par nuit) pour pouvoir passer la nuit dans le French Quarter, ce qui présente l'avantage de pouvoir dormir dans un quartier classe, relativement sûr, et de pouvoir rentrer à pied la nuit. Les logements et auberges de jeunesse meilleurs marché sont situées un peu à l'extérieur du Quarter. Avec un peu de chance, ces logements seront desservis par le streetcar (tram), toutefois, après une nuit de tournée des bars, vous devrez plutôt compter sur les services d'un taximan, parce que la Big Easy n'est, précisément, pas une ville où vous pouvez vous balader la nuit.

Transports
Louer une voiture ne vous sera pas d'une grande utilité à la Nouvelle Orléans, à moins que vous souhaitiez aller faire des "gires" dans les ghettos du Dirty South. Franchement, oubliez! Le streetcar et les ferry sont des attractions en soi mais, à vrai dire, les moyens de transport sont superflus. Vous pouvez faire facilement tout le French Quarter à pied.

Climat
L'été à la Nouvelle Orléans s'apparente à une fournaise humide où vous vous viderez de tout votre jus. Un guide nous a raconté que le thermomètre pouvait grimper jusqu'à 60° l'été entre les tombes de calcaires blanches de St. Louis Cemetery No. 1 l'après-midi en été, et il ne parlait pas de degrés Fahrenheit. C'est au printemps et à l'automne que la température est la plus clémente dans la Big Easy, bien que du mois d'août au mois de novembre, de gros orages puissent éclater ou (plus grave) un ouragan géant venir tout dévaster...