NEOLYS: «J'ai l'impression d'avoir fait les choses à l'envers»
Dix ans après s’être fait remarquer à The Voice France grâce à une cover décalée et gonflée d’un titre de Cloclo, on peut dire que le parcours de Stefan n’a pas été de tout repos. Entre un accident de scooter qui l’oblige à rester alité pendant de longs mois, la crise du Covid qui n’a pas manqué d’impacter tout le secteur culturel et un changement complet de démarche artistique, Stefan (Neolys à lui tout seul) semble en tout cas enfin prêt à en découdre sur les scènes de Belgique et d’ailleurs. Rencontre avec un trentenaire revanchard!
Stefan: J’ai un peu l’impression d’avoir fait les choses à l’envers… Il y a dix ans, je participais à The Voice France. Et l’année d’avant, je participais à un truc qui n’a pas beaucoup duré et qui s’appelait Belgium’s Got Talent. On est alors en 2012-2013. Je suis tout jeunot et je ne connais que quelques accords à la guitare. Ma proposition artistique est très mince dans la mesure où je ne fais que deux covers… Mais j’ai pas mal de culot, je passe à la télé et il se passe plein de choses pour moi au niveau médiatique. Artistiquement, je n’ai pas grand-chose à proposer - je n’ai pas encore eu le temps d’y travailler – et le soufflé retombe assez rapidement. Il m’a fallu plusieurs années pour pouvoir rassembler mes idées et tenter de trouver ma voie au niveau musical. J’ai d’abord essayé de chanter en anglais, sous mon nom (Stefan Gillis). À l’époque, je postais régulièrement des petites chansons pop sur YouTube, en autoproduction. Jusqu’à 2019-2020 environ. Et puis arrive le confinement. Et là, je me suis posé pas mal de questions sur mon avenir en tant que musicien. J’ai essayé de passer à la vitesse supérieure et j’ai commencé à envoyer mes maquettes à gauche et à droite, dans des labels. J’ai également contacté des tourneurs, des managers, des producteurs. Bref, j’ai expédié des centaines de mails… et je peux te dire que ce n’est pas avec cela que je suis le plus à l’aise. Mais c’est grâce à ces différentes démarches que j’ai rencontré mon manager, Benoît Goes, qui est coproducteur du label belge Team4Action.
GUIDO: Cette rencontre a été déterminante pour toi?
Stefan: Benoît m’a poussé à me poser pas mal de bonnes questions sur ma démarche artistique. Pourquoi je chantais en anglais, pourquoi je me produisais sous mon propre nom. En fait, Benoît m’a permis de me poser des questions que je ne me posais pas forcément avant. Aujourd’hui, Neolys propose des chansons assez générationnelles en français.
GUIDO: C’est à cette époque que tu as décidé de te produire sous le nom de Neolys?
Stefan: Benoît et moi avons cherché un nom de scène ensemble. J’aime m’habiller de manière assez sombre, j’aime les musiques électroniques plutôt underground. Je me retrouve très fort dans l’esthétique du film Matrix. Le personnage principal du film, Neo, me fascine complètement. J’ai voulu reprendre son nom en hommage et j’ai ajouté le Lis de Gillis, mon nom de famille. Et j’ai ensuite changé le Lis en Lys pour la fleur de lys qui est le symbole de Bruxelles, ma ville. Littéralement, Neolys signifie 'nouveau moi'.
Live is Live
Stefan: Lorsqu’on me demande si je préfère le studio ou la scène, je n’hésite pas une seconde. Même si je n’ai pas encore beaucoup de kilomètres au compteur, j’adore la scène. J’en apprends encore énormément. Pour l’anecdote, je joue sur scène avec des gars qui sont nettement plus expérimentés que moi dans la mesure où l’un d’entre eux joue avec Loïc Nottet, et l’autre avec Mustii. J’en apprends énormément grâce à eux, et aussi grâce au public bien évidemment.
GUIDO: Comment naît un morceau de Neolys?
Stefan: Je bosse surtout entre 2 et 5 heures du mat', ce sont mes heures de bureau… (rires) Le lendemain vers midi, je réécoute ce que j’ai fait et j’envoie le résultat à Benoît. Je ne suis pas encore capable de gérer l’aspect production. J’enregistre les démos chez moi, mais ensuite, je délègue la production.
GUIDO: Ta musique et tes textes sont très efficaces et dans l’air du temps, tout en étant aussi clairement influencés par la musique new-wave…
Stefan: Musicalement, je suis aussi bien influencé par la musique électro des années 80 que par la chanson française et le rap. Mes textes abordent des thèmes tels que les dérives des réseaux sociaux, le manque de repères de ma génération, la peur du temps qui passe… Cela part un peu dans tous les sens, en fait.
GUIDO: Ton premier EP a été très bien reçu par le public et certains titres passent régulièrement en radio. Tu planifies déjà la sortie d’un premier album?
Stefan: J’essaie de composer très, très régulièrement. Il y a quelques jours, je me produisais au Club du Cirque Royal où j’ai chanté 12 chansons. J’en ai donc encore sous le coude… J’aimerais que mon premier album sorte fin 2023 ou début 2024. En fait, je me sens prêt à passer à la vitesse supérieure…
Photo: © Lou West