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02/01/2024

BEIRUT: Le globe-trotter qui ne supportait pas les voyages

Désormais installé sur une île au Nord de la Norvège, Zach Condon – Beirut à lui tout seul - est un bonhomme étonnant et touchant. Alors qu’il est en pleine journée de promo d’un nouvel album, il n’hésite pas à annoncer qu’il ne fera plus de tournée à cause de soucis de santé et ne cache pas qu’il se remet lentement mais difficilement de gros soucis psychologiques. Rencontre avec un artiste hors normes, qui – depuis plus de 15 années – marie la musique des Balkans, le mariachi mexicain et le folk-rock américain.


Zach: J’ai été obligé d’écourter ma tournée il y a quatre ans à cause de problèmes de gorge persistants. La dernière tournée a été désastreuse pour moi, physiquement et mentalement. Cette difficulté à faire face au stress, à la pression qu’engendrent les tournées, cela ne date pas d’hier. J’y suis confronté depuis plus de 15 ans. Je déteste être au centre de l’attention, attirer les regards. Je pense ne pas être un très bon performer. Et puis, il y a les voyages. Alors que j’adore voyager en train, je déteste les trajets en avion. Dans le passé, j’ai pris énormément de médicaments pour tenir le coup physiquement et mentalement. Et je ne vais pas te cacher que cela m’a causé pas mal de soucis. J’ai été hospitalisé à plusieurs reprises durant des périodes plus ou moins longues.



GUIDO: La dernière tournée, avant le Covid, a été la tournée de trop?
Zach
:
J’ai atteint le fond il y a quatre ans. Je suis une personne terriblement anxieuse et nerveuse. J’ai souvent été victime de crises de panique dans le passé. Cette fois, j’ai véritablement sombré à cause de l’alcool, des médicaments et du stress. J’ai vraiment cru que c’était la fin pour moi. Aujourd’hui encore, j’ai des séquelles cérébrales de tout cela. Des blackouts complets, des pertes de repères. Je suis capable de me promener en pleine rue en pyjama par exemple, d’oublier ce que j’ai fait la veille… mais de me souvenir de détails absolument insignifiants.

GUIDO: Tu as quitté Berlin pour aller t’installer en Norvège…
Zach
:
J’avais besoin de changement, de solitude et d’espace. Après la fin plutôt chaotique de cette tournée, j’ai quitté Berlin et me suis réfugié sur l'île de Hadsel, dans la partie Nord de la Norvège. Comme je ne supporte pas les hautes températures, la Norvège est un pays idéal pour moi. J’ai habité 7 ans à Berlin, mais je ne supportais pas les températures qu’il y faisait en été. J’aime les gens en Norvège, leur humour, leur discrétion. Hadsel a été l’endroit idéal pour me reconstruire petit à petit.

GUIDO: Tu y as fait la rencontre d’un collectionneur et amateur d'orgues…
Zach
:
En effet. J’ai toujours été fasciné par les instruments de musique peu conventionnels. Ce brave homme m’a fait découvrir un orgue d’église qui m’a beaucoup inspiré. Contrairement à l’album précédent (Gallipoli qui date de 2019), j’ai tout fait seul sur ce disque, j’y joue absolument tous les instruments. Gallipoli a été reçu assez tièdement par la presse et le public qui le trouvaient un peu lisse. Je pense sincèrement que Hadsel est beaucoup plus organique, sans doute aussi plus personnel et plus touchant.



GUIDO: Tu as beaucoup voyagé ces 15 dernières années. L’endroit où tu composes et enregistres, c’est important pour toi?
Zach
:
C’est une évidence. La beauté des fjords environnants, les aurores boréales et le climat souvent rude ont sans aucun doute exercé une influence importante sur les sonorités de cet album. J’espère de tout cœur que cela s’entend. C’est assez paradoxal pour quelqu’un qui déteste les voyages, mais j’ai énormément bourlingué aux quatre coins du monde. La Norvège, je m’y sens bien, en paix, chez moi. J’ai acheté une maison à Hadsel, et j’y ai maintenant aussi un studio.

GUIDO: Comment va Zach aujourd’hui?
Zach
:
C’est une excellente question. J’ai complètement arrêté de boire il y a quatre ans, et j’ai fortement diminué ma consommation de médicaments. Je vais bien, mais je sais que je suis encore fort fragile, que je suis encore en reconstruction. Ce métier, je l’exerce depuis que j’ai 17 ou 18 ans, et je pense qu’il m’a usé. Les concerts en particulier… Je pense que je ne me produirai plus en concert qu’à de rares occasions. Je n’oserais pas l’affirmer à 100%. Je ferai certainement quelques dates, à Berlin par exemple, mais il est hors de question que je multiplie les concerts.

GUIDO:  Un projet comme Beirut peut-il tenir le coup financièrement sans l’apport d’une tournée?
Zach
:
J’ai la chance de pouvoir gagner ma vie grâce aux droits d’auteur, au streaming. Je ne vis pas comme un roi, mais je peux m’en tirer financièrement sans devoir vivre des concerts. Lors de ma dernière tournée, j’ai gagné très peu d’argent. Je paye bien mes musiciens, et il ne me restait pas grand-chose.

GUIDO: Tu as déjà envisagé d’exercer un autre métier? Enseigner la musique par exemple?
Zach
:
C’est inconcevable pour moi. La musique, c’est ma vie. Je ne peux pas vivre sans composer. C’est aussi important pour moi que de respirer. La musique, je pense que c’est quelque chose que l’on ne peut pas vraiment apprendre. D’ailleurs, je ne suis pas un très bon musicien. J’ai régulièrement été contacté afin de composer des musiques de film, mais l’idée ne m’a jamais enthousiasmé car tout y est dicté par les attentes du réalisateur. Et j’ai besoin de liberté pour être créatif. Je collabore actuellement avec une compagnie de danse scandinave. Ce qu’ils font est à la frontière entre la danse, le cirque et l’acrobatie. Je suis allé voir l’un de leurs spectacles et j’ai adoré la mise en scène. Leur nouveau spectacle est inspiré du livre Inventory of Losses de Judith Schalansky. Ils m’ont proposé de composer 12 titres, sur base de 12 chapitres du livre. Chaque chapitre évoque un trésor que l’humanité a perdu à tout jamais (animaux, lieux, objets, …). Ce qu’ils font est à la fois terriblement moderne, beau et original. J’ai déjà composé 8 titres. Alors que j’avais prévu de prendre un peu de temps pour me ressourcer, me voici donc dans un nouveau projet, qui connaîtra également une trace discographique.

Photos: © Lina Gaißer


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