Oscar les vacances: «J’adore le côté surréaliste de certains artistes belges»
Oscar Aubry est un drôle d’oiseau. Alors que les gens pressés le décrivent comme un mix improbable entre Philippe Katerine et Jean Ferrat, notre loustic a surtout le mérite de n’en faire qu’à sa tête. Dans un premier album assez inclassable sur lequel il hésite habillement entre chanson française et électro-pop, Oscar les vacances – déjà tout un programme – nous évoque ainsi son adolescence, ses histoires d’amour (souvent fantasmées ou foireuses), questionne la masculinité ou encore la modernité avec tendresse et humour. Rencontre!
Oscar: J’ai commencé la musique assez jeune. J’avais à peine plus de dix ans. J’ai démarré par la batterie, puis je me suis mis à la guitare. J’ai joué dans quelques groupes lorsque j’étais adolescent, surtout des groupes de rock. J’étais un très grand fan de Ghinzu par exemple… Et j’ai commencé à écrire mes premières compos. J’ai un côté un peu bricoleur, j’adore créer, imaginer…
GUIDO: La musique s’est vite imposée à toi comme une évidence?
Oscar: J’ai pas mal hésité entre des études de musique et le dessin. Finalement, j’ai suivi une formation en dessin animé à Lyon et j’ai ensuite bossé sur plusieurs films d’animation et du mapping vidéo pour des installations de lumière. Je n’ai cependant jamais arrêté de composer des chansons et d'écrire des textes. Et finalement, la musique a pris le dessus.
GUIDO: Tu crées toi-même tes clips. L’aspect visuel demeure extrêmement important pour toi?
Oscar: Il y a plusieurs choses que j’ai apprises dans le dessin animé que j’utilise afin de construire mes textes, le storyboard par exemple. J’aime raconter des choses. Et je peux le faire aussi bien à travers le dessin, la musique et des textes.
GUIDO: Pourquoi avoir donné à ton projet le nom d’Oscar les vacances?
Oscar: Cela vient d’un voyage au Sénégal. Je séjournais dans un village, chez un ami et les gens se sont très vite mis à m’appeler Oscar des vacances. Il y a un festival de danse traditionnelle très connu là-bas qui porte ce nom. L’Oscar, cela signifie la récompense et comme j’aime beaucoup les vacances, j’ai finalement décidé d’adopter ce nom comme nom de scène.
GUIDO: L’univers du clown t’a beaucoup marqué…
Oscar: J’ai hérité de ma mère, qui est clown, cette envie de replonger dans un univers proche de l’enfance. Quand j’étais petit, je l’ai accompagnée un nombre incalculable de fois lors de spectacles. J’adorais cela. Le lien que peut créer un clown avec son public, c’est absolument unique.
GUIDO: Comment se passe le processus d’écriture chez toi?
Oscar: La plupart du temps, je travaille les textes et la musique séparément. Je vais d’abord chercher une idée de base, que je vais développer pour en faire un texte. Parallèlement, je travaille des débuts de musique sans avoir de texte en tête. Ensuite, j’essaie de voir si le texte peut coller avec la musique. J’écris également souvent une musique sur un texte et cela arrive que cette musique finisse sur un autre texte (rires). Bon, il n’y a pas vraiment de règle. La musique nourrit les textes. Les textes nourrissent la musique.
GUIDO: Dans Neiges éternelles, tu compares ton ego à la Tour de Pise!
Oscar: J’aime cette image. La Tour de Pise, même si elle est penchée, reste une tour bien solide, ancrée. J’assume complètement ma sensibilité et je pense que cela constitue également une grande force, car elle me permet de ne jamais me prendre au sérieux ni considérer les choses avec arrogance.
GUIDO: Ceci n’est pas mon corps, c’est un titre étonnant et mystérieux pour un album!
Oscar: Vraiment? (rires) C’est un mix entre le "Ceci n’est pas une pipe" de René Magritte et "Ceci est mon corps" de Jésus. On m’a dit récemment que j’aurais pu être belge et je prends cela comme un grand compliment. J’adore le côté surréaliste de certains artistes belges.
Photos: © Anne-Laure Etienne