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30/09/2006

Fatna, une hôtesse la tête en l'air… Mais les pieds sur terre

Kiné de formation, Fatna Loudini a cependant décidé, après quelques années de métier, de changer totalement de voie et de se lancer dans une carrière d'hôtesse de l'air au sein de SN Brussels Airlines . Pourquoi un tel revirement?

Fatna Loudini : J'ai choisi d'entreprendre des études de kiné parce que j'ai toujours été très intéressée par l'humain, en général. Je suis très contente de mes études ainsi que de mes stages grâce auxquels j'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de personnes intéressantes, dont le personnel de Sabena Technics où j'ai effectué un stage en rééducation de la main. Ceux-ci en me parlant de leur parcours m'ont donné envie d'en savoir plus sur les avions, qui m'ont toujours fasciné.

Un rêve de petite fille

GUIDO: Pourquoi ne pas avoir continué le métier de kiné?
Fatna Loudini
: J'étais installée en tant qu'indépendante et je dois avouer que je gagnais très bien ma vie. J'ai cependant éprouvé une énorme frustration, non par rapport à la nature même de ce métier, mais par rapport à mon statut d'indépendant. Je travaillais en sous-traitance, ce qui veut dire qu'on me prélevait entre 30 et 60% de mon salaire de base. Ce qui fait que je gagnais plus ou moins 900 euros net par mois une fois que le comptable avait tout déduit. A cette époque, je trouvais la société réellement injuste. Bien que j'adorais mon métier de kiné, j'ai décidé de passer à autre chose…

GUIDO: Et donc te lancer dans la carrière d'hôtesse de l'air?
Fatna Loudini
: Après une formation de 3 e cycle en psychologie du travail, je n'avais plus qu'une idée en tête: trouver un travail de salarié, justement rémunéré. C'est alors que j'ai pensé à l'aviation alors que je n'avais mis les pieds qu'une seule dans un avion au cours de ma vie! Je me suis donc tourné vers mon rêve de petite fille.

GUIDO: Quels sont les prérequis à avoir pour pouvoir effectuer le métier d'hôtesse de l'air?
Fatna Loudini
: A l'époque, il fallait avoir 18 ans, son diplôme d'humanités supérieures, être en bonne condition physique (savoir nager, notamment), avoir moins de 30 ans, être trilingue, avoir une bonne présentation et un certain sens commercial. Des 200 candidats, il n'en est resté que douze, et je suis toujours là aujourd'hui! Cela fait six ans déjà.

GUIDO: Tu n'avais pas de craintes avant de commencer ta formation?
Fatna Loudini
: Je suis quelqu'un de très réaliste, je ne fais en effet jamais trop de projections par rapport à une situation particulière. Quand la situation se présente, j'avise au moment même et je mets en place ce qu'il faut faire au cas par cas.

Un métier mal perçu

GUIDO: Comment s'est passée ta formation?
Fatna Loudini
: La formation dure plus ou moins 4 mois et commence avec une formation de base pour tout le monde, sur les généralités de l'aviation que nous devons connaître. Beaucoup de gens pensent en effet, quand ils voient une hôtesse, qu'elle n'a qu'à s'habiller, se maquiller et répondre aux besoins des passagers. Cependant, la réalité est toute autre; on n'a que 10% de commercial, les 90% restants concernent en fait les bases de l'aviation et la sécurité. Le public ne perçoit pas vraiment cet aspect prépondérant du métier d'hôtesse de l'air. Notre job consiste en un travail d'équipe visant à mener l'avion d'un point A à un point B dans des conditions de sécurité maximales. Alors que les clients ne voient principalement que le confort qu'on leur offre.

GUIDO: As-tu des souvenirs particuliers de ton premier vol en tant qu'hôtesse?
Fatna Loudini
: Ce dont je me souviens particulièrement, c'est le fait d'avoir été littéralement portée par une équipe, en cabine ou dans le cockpit. C'était réellement agréable d'être accompagnée dans ce processus d'apprentissage et de qualification.

GUIDO: As-tu des horaires de travail bien spécifiques?
Fatna Loudini
: C'est très particulier. Pour un temps plein sur l'Europe, c'est généralement dix jours de vol, quatre jours à la maison. Ce qui permet de récupérer et mener une vie sociale équilibrée.

GUIDO: As-tu parfois le temps de profiter de la destination du vol?
Fatna Loudini
: Il faut savoir que voler, même en tant que passager, est très fatigant. La première chose que l'on fait quand on arrive en escale, c'est de décompresser chacun à sa façon. Alors que certains préfèrent rester dans leur chambre, d'autres ont envie de se retrouver tous ensemble à boire un verre après le vol. La majorité de mes collègues mettent d'abord l'accent sur le repos. Certaines excursions sont ensuite prévues aux alentours de l'hôtel pour ceux qui sont intéressés.

Pas de routine

GUIDO: Je suppose que tu as maintenant l'habitude de prendre des vols en tant que "simple cliente". Qu'est-ce que tu ressens alors lorsque tu te retrouves de l'autre côté de la barrière?
Fatna Loudini
: C'est une expérience très particulière. J'ai eu l'occasion, lors d'un voyage en Amérique du Sud, de voler avec une autre compagnie. On se demande alors comment va réagir l'hôtesse dans une situation donnée, on est attentif à ses réactions. Je n'ai cependant jamais été déçue du service offert lors de mes vols.

GUIDO: Ce métier n'est-il pas parfois trop lassant?
Fatna Loudini
: Non, vu qu'on ne vit pas dans une certaine routine, on ne ressent pas souvent de lassitude. On n'est pas entre quatre murs, on change souvent d'équipe, d'appareil, ce qui amène une certaine variété et du changement perpétuel. La routine n'a pas le temps de s'installer.

GUIDO: Et ta vie sociale dans tout ça?
Fatna Loudini
: Il y a un choix à faire, surtout quand on suit des études en même temps. Pour moi, la priorité était de privilégier ma famille et mes amis. Ma famille s'est étonnée du fait que je doive restreindre mes contacts au niveau familial comme dans la vie de couple, mais ils sont toujours restés là pour moi. Et de cette façon, ce sont les vrais amis qui restent au final. Je dois aussi reconnaître que mes collègues m'ont toujours porté dans les moments plus difficiles.

GUIDO: Selon toi, quelles sont les qualités dont doit faire preuve une hôtesse de l'air?
Fatna Loudini
: Des qualités humaines, bien entendu. A partir de là, la personne peut construire toutes les compétences requises pour être une bonne hôtesse de l'air; la diplomatie, par exemple, s'apprend par les petites choses de la vie quotidienne.

(SD)


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