Interview de YANN ARTHUS-BERTRAND
Le curriculum vitae du français Yann Arthus-Bertrand, qui expose jusqu'au 19 juin ses incroyables vidéos à Tour & Taxis à Bruxelles (6 milliards d'Autres), se lit comme un roman d'aventures. Comment arrive-t-on à promener son appareil-photo dans les plus beaux paysages de la planète à bord de montgolfières ou d'hélicoptères et d'en faire son gagne-pain? Tentative de réponse ci-dessous.
Dès ses 23 ans, Yann Arthus-Bertrand s'est vu confier la direction d'une réserve naturelle du centre de la France, mais après quelques années son ambition de protéger la nature semblait trop importante pour se restreindre à la seule Europe. Il a ainsi déménagé pour le Kenya, où il a photographié pendant trois ans une famille de lions de la célèbre réserve sauvage Masai Mara. Pour gagner sa croute, il dirigeait un ballon, ce qui lui a permis pour la première fois de sa vie d'admirer la planète vue du ciel. Entrainant comme résultat la création d'Altitude, la première agence mondiale de photographie aérienne. Son projet le plus important est La Terre vue du ciel, qui contient des photos de paysages illustrant la richesse vulnérable de la terre depuis le ciel.
Curieux des autres
«Même un photographe de nature et de paysages ne peut pas faire son travail sans être curieux des autres,» explique Yann Arthus-Bertrand. «Quand tu fais des photos de paysages, tu peux en voir l'impact sur les gens. En effet, depuis mon hélicoptère, je voyais des tas de personnes occupées à leurs tâches quotidiennes. Et chaque fois je me demandais ce qu'ils étaient en train de faire, ce qu'ils pensaient. Cette idée a germé en moi et a donné le projet 6 milliards d'Autres, pour lequel nous avons baladé notre caméra dans 78 pays afin de filmer la réponse donnée par ceux-ci à la même batterie de questions. Le résultat peut être vu à l'exposition. Je ne veux pas sembler prétentieux, mais certaines personnes m'ont déjà dit que cette exposition avait changé leur vie.»
Pour mettre en œuvre ses objectifs écologiques, Yann Arthus-Bertrand a créé l'ASBL GoodPlanet, qui en 2009 a été reconnue comme fondation française d'utilité publique. C'est pour cette raison que ce célèbre photographe est aussi connu pour son combat écologique actuellement. «Et je suis aussi content d'avoir pu faire quelque chose pour la Belgique,» ironise-t-il sous sa moustache. «La première fois que cette exposition a été organisée à Paris, BNP Paribas en était le sponsor. Pourquoi cette banque? Parce qu'ils ont plus d'argent que moi, tiens. C'était justement durant la période de la fusion entre Fortis Banque et BNP Paribas, j'ai donc plaisanté avec les pontes de BNP et leur ai fait promettre que si cette fusion avait lieu, mon exposition devait également venir à Bruxelles. Cette fusion a-t-elle eu lieu grâce à 6 milliards d'Autres? (rires) Ne me remerciez pas.»
Projet à venir
A 65 ans, Yann Arthus-Bertrand est encore plein d'énergie. Après la fin de 6 milliards d'Autres, y a-t-il d'autres projets sur le feu? «Je veux essayer de comprendre les raisons qui poussent les hommes à faire la guerre. J'ai volé au-dessus de grands cimetières militaires, et de la ville déchirée de Jérusalem… Pourquoi les hommes n'arrivent-ils pas à vivre en paix? ça me préoccupe beaucoup. Les généticiens affirment que le monde n'est pas en crise, mais en mutation. Mais comment est-ce possible de bannir les guerres de la planète? Pour mon prochain projet, une sorte de suite à 6 milliards d'Autres, je veux chercher une réponse à cette question. Cela parlera de la haine, nous partirons couvrir des zones de conflits notoires, comme la Palestine et l'Irak. Oui, ce sera dangereux, mais je suis certain que nous y apprendrons beaucoup de choses.»
Infos: www.6milliardsdautres.be