LA VOISINE: Une épicerie locale avec 100% de produits belges
Parfois, le job de rêve qu'on espère à 20 ans se révèle totalement différent du destin qu'on provoque dix ans plus tard. C'est le cas de Jennifer Snauwaert (31 ans). Après un Bac en Communication et un certificat universitaire en marketing digital, l'idée germe en elle de lancer un projet qui dormait alors dans un coin de sa tête: créer une épicerie locale vendant des produits 100% belges. C'est ainsi qu'est née La Voisine (à Seneffe) et que la vie de Jennifer a pris un nouveau tournant.
«Je n'ai jamais douté que j'y arriverais»
GUIDO: Si ton épicerie locale fonctionne à plein régime aujourd'hui, créer de toutes pièces un commerce local a forcément dû prendre du temps?
Jennifer: Si j’ai émis l’idée de mon commerce en juin 2017, l’épicerie a vu le jour en février 2019. Pourtant, je n’ai jamais douté que j’y arriverais. Je doutais davantage sur la forme, sur des détails, sur des producteurs, sur tout! Je me sentais forte, et de plus en plus soutenue. La Voisine était la première épicerie de produits belges («locaux» comme les gens aiment dire) à s’implanter dans ma commune. J’ai tout pensé, imaginé, sans avoir de référent sur lequel m’inspirer.
GUIDO: Tu te souviens encore du premier jour d'ouverture de La Voisine?
Jennifer: Oh oui! Je crois que j’avais le sentiment d’être propulsée, il n'y avait plus de possibilité de faire machine arrière. J’avais le trac, même si j’étais la personne la plus heureuse du monde ce jour-là. J’étais si fière d’y être arrivée alors que mon parcours avait parfois été chaotique.
GUIDO: Pourquoi une épicerie fine et pas un autre commerce?
Jennifer: Je trouvais qu’on manquait gravement de possibilités d’acheter en un seul endroit des produits de petits producteurs belges, ceux qui travaillent en artisanat. C’est venu d’une réflexion mais aussi d'un mode de vie. Je tiens vraiment à préciser que c’est la passion qui m’y a poussée, bien avant la 'mode du local'. Je déteste l’idée qu’on joue de ce concept pour se donner une belle image de David (petits producteurs) contre Goliath (les supermarchés) alors qu’à portes fermées, on négocie ses marges avec les producteurs.
«Je connais la plupart de mes producteurs avec lesquels un lien parfois fort s'est tissé.»
GUIDO: Vendre uniquement des produits locaux fait également partie de cette réflexion?
Jennifer: C'est important pour moi de savoir que par l'achat d'un client, grâce à mes efforts, quelqu'un en Belgique peut vivre un peu mieux de son travail. Le local, ce n'est pas qu'une consommation. C'est un lien, une solidarité. J'ai visité de nombreuses fermes, ateliers, etc. Je connais bien la plupart de mes producteurs avec lesquels un lien parfois fort s'est tissé.
GUIDO: Quels sont les principaux retours de tes clients?
Jennifer: Très bons. Ils sont satisfaits des produits, mais aussi de mon investissement (dynamisme, créativité) et du service. Ils me font confiance sur la provenance et la qualité des produits, et leur confiance me touche profondément. Je suis vraiment reconnaissante de tant de gentillesse de leur part. Certains disent que je suis leur magasin préféré, parce que c’est le moment plaisir, partages et découvertes. Alors, je suis aux anges!
«Je suis au four et au moulin, je gère tous les aspects du métier»
GUIDO: Être son propre patron, est-ce un avantage ou un inconvénient?
Jennifer: C'est clairement un avantage, même si j’ai parfois un peu la nostalgie de l'époque où je ne devais rien porter sur mes épaules. L’inconvénient majeur dans mon cas c’est que: «seule, c’est seule». Je suis au four et au moulin, je gère tous les aspects du métier, j’exerce 5-6 fonctions différentes à travers La Voisine. Il faut donc un dynamisme de malade, mais aussi une volonté à toute épreuve en cas de coups durs.
Je suis devenue encore plus forte maintenant qu’au début de l’aventure.
GUIDO: Qu'espères-tu pour la suite?
Jennifer: Mon souhait le plus cher serait de pouvoir mener une vie de famille épanouie tout en continuant à m’éclater dans La Voisine. J’ai besoin de challenges et donc, j’espère pouvoir m’en donner encore assez pour ne pas m’ennuyer dans les années à venir!
Les conseils de La Voisine aux étudiants qui voudraient créer leur propre commerce
- «Ne pas écouter les autres! Les conseilleurs ne sont pas payeurs, même parmi les personnes les plus proches.»
- «Ton intuition est la bonne, c’est elle qui t’a guidée jusqu’à ton projet!»
- «Plus tu en fais, plus tu en feras, plus tu auras!»
- «Sème pour récolter!»
- «Et surtout: si tu ne le fais pas avec les tripes et la passion, reste où tu es.»