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22/09/2008

Interview de JÉRÉMIE RENIER

Jérémie Renier est sans conteste l'un de nos plus beaux talents et si le succès est au rendez-vous pour lui, il ne manque pas de garder la tête sur les épaules et de rester fidèle aux Frères Dardenne qui ont lancé sa carrière. Le silence de Lorna marque en effet la troisième collaboration entre les réalisateurs et l'acteur.

GUIDO: Est-ce que l'on prend encore le temps de lire le scénario quand les Dardenne vous propose un film ou avez-vous accepté les yeux fermés cette nouvelle collaboration?
Jérémie Renier
: Non, je n'ai pas accepté directement. Ce qui est assez drôle, c'est qu'ils sont venus me chercher en me disant qu'ils avaient envie de me proposer quelque chose tout en comprenant que j'aurais pu refuser parce que ce n'était pas le rôle principal. Comme si je pouvais refuser de travailler avec eux pour cette raison-là! J'ai débuté avec eux, il y a donc forcément des liens qui se sont créés entre nous. Au-delà du scénario, au-delà du film, c'est une expérience en soi travailler avec eux. C'est comme une famille que je retrouve, cela va au-delà du film.

«Les Dardenne sont les seuls réalisateurs avec lesquels je n'ai pas peur de me livrer complètement»

GUIDO: Quels sont les points du scénario qui vous ont le plus séduit?
Jérémie Renier
: C'est la première fois où le scénario ne me tombe pas des mains. Il était beaucoup plus scénarisé que les précédents. En effet, un scénario des Dardenne, c'est souvent très descriptif, avec très peu de dialogues alors qu'ici, il se rapprochait plus du thriller en quelque sorte.

GUIDO: Comment s'est déroulée la rencontre avec Arta Dobroshi, l'actrice principale du film?
Jérémie Renier
: Vu qu'elle n'avait pas ses papiers, je lui ai dit tout de suite: «Si tu me fais chier, j'appelle Sarkozy»! (rires) Plus sérieusement, cela s'est très bien passé. Je l'ai croisée pour la première fois lors d'une séance de lecture. Etant donné qu'elle ne parlait pas le français, elle avait appris son texte phonétiquement. Une fois sur le tournage, elle a immédiatement compris comment les Dardenne fonctionnaient, elle était dans une recherche permanente. Etant donné que j'étais un peu plus extérieur au film que d'habitude, j'ai vraiment pu voir comment les Dardenne travaillait avec leur actrice et c'était passionnant.

GUIDO: Il y a dans le film quelques scènes saisissantes au cours desquelles Claudy (ndlr: le personnage joué par Jérémie Renier) essaie de raccrocher de la drogue. Comment avez-vous abordé ce rôle difficile?
Jérémie Renier
: On est parti tous ensemble à Ibiza, et je me suis drogué pendant un mois et demi! (rires) Non, j'ai été voir des psychothérapeutes qui travaillent avec des drogués en manque. Il y en a notamment un qui m'a décrit heure par heure ce qui se passait corporellement pour une personne en état de manque.

GUIDO: La transformation physique est également impressionnante…
Jérémie Renier
: J'ai en effet perdu quinze kilos pour le film. Et le manque de nourriture me ramenait au manque que pouvait subir un drogué. J'étais en carence nutritive permanente, j'étais constamment en manque de nourriture, c'était presque invivable. Dès que j'avais un ami au téléphone, je lui demandais ce qu'il avait mangé, il m'est même arrivé de passer une heure dans un supermarché à regarder la nourriture. C'est devenu psychomaniaque. Je pouvais donc comprendre cette sensation de manque et j'ai donc pu en jouer pour interpréter le rôle de Claudy.

GUIDO: Les frères Dardenne ont la réputation de ne pas ménager leurs acteurs, est-ce encore vrai pour vous?
Jérémie Renier
: Je ne dirais pas «ne pas ménager». Les Dardenne sont très courtois et assez sympas avec leurs acteurs. Ils les aiment et les protègent. Le truc, c'est qu'ils ne lâchent pas l'affaire, ce sont des gens qui aiment le travail et ils espèrent donc que les acteurs soient autant impliqués qu'eux. Malgré cela, ils restent assez fous et aiment rigoler sur un tournage. Cela fait maintenant un moment qu'on se connaît, on entretient donc des rapports privilégiés. Pour le moment, ce sont les seuls réalisateurs avec lesquels je n'ai pas peur de me livrer complètement.

GUIDO: Certaines reprochent la mauvaise publicité accordée à leur région par les Dardenne. Qu'auriez-vous envie de leur répondre?
Jérémie Renier
: Que c'est ridicule de dire de telles choses. Ceux qui affirment cela, ce sont simplement des gens qui n'ont pas envie d'ouvrir les yeux sur la société dans laquelle on vit. Cela ne donne pas une couleur qui est forcément joyeuse, mais cela pourrait aussi bien se passer n'importe où, le message délivré est mondialiste. Bon, les Dardenne n'ont pas encore fait une comédie, mais ça viendra un jour! (rires)

«Bizarrement, j'ai l'impression que mon travail est plus respecté à l'étranger qu'en France»

GUIDO: Quelle facette de votre jeu d'acteur auriez-vous envie de mettre au jour actuellement?
Jérémie Renier
: La comédie m'attire beaucoup. C'est quelque chose que j'ai peu visité. Je ne sais si je serais dans les cordes, mais c'est vraiment quelque chose qui m'intéresserait. Mais ce n'est pas cet aspect qui va me décider à jouer dans tel ou tel film, mais plutôt la recherche de personnages intéressants à jouer.

GUIDO: Plus jeune, vous avez fréquenté l'Ecole du Cirque. Cette formation vous aide-t-elle encore dans la vie de tous les jours?
Jérémie Renier
: L'Ecole du Cirque vous apprend surtout une manière d'exprimer les choses avec le corps. Et il est vrai que la façon dont je travaille en tant que comédien se rapproche de cet enseignement. Je vais d'abord essayer de comprendre mon personnage physiquement et corporellement avant de m'attaquer à sa psychologie.

GUIDO: Etant donné vos débuts précoces au cinéma (ndlr: il avait 14 ans lors du tournage de La Promesse), vous n'avez pas eu l'occasion de goûter aux délices de la vie étudiante?
Jérémie Renier
: En effet, je n'ai jamais été étudiant, ce qui ne m'a pas empêché de beaucoup boire avec des étudiants! J'ai même vomi avec des étudiants! La vie estudiantine ne m'a pas vraiment manqué. Ce que je regrette plutôt, c'est de ne pas avoir fait un autre métier avant de devenir acteur.

GUIDO: Cette année, on a pu vous voir dans Atonement et In Bruges, deux films britanniques. Une carrière américaine, est-ce là quelque chose auquel vous rêvez secrètement?
Jérémie Renier
: Personnellement, je n'ai jamais rêvé de ça, c'est plutôt mon agent qui m'a poussé à le faire. Je viens en plus d'achever The Vintner's Luck de Niki Caro pour lequel j'ai enchaîne cinq mois de tournage, notamment en Nouvelle-Zélande. Par contre, ce qui excitant aux Etats-Unis, ce sont les rôles qui sont nettement plus intéressants qu'en France où le cinéma manque un peu de fraîcheur pour le moment. Bizarrement, à l'étranger, j'ai l'impression que mon travail est plus respecté qu'en France. Les films des Dardenne me servent là-bas alors qu'ils me desservent plutôt en France, paradoxalement.

GUIDO: Quels sont vos projets pour les mois à venir?
Jérémie Renier
: Je suis en train d'écrire un long-métrage avec mon frère. Et j'ai très envie de le réaliser par la suite. J'ai déjà réalisé des courts-métrages par le passé, je me suis d'ailleurs intéressé à la réalisation bien avant de jouer la comédie.

(SD)


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