BELFAST, la trépidante

Le conflit sanglant qui sévit en Irlande du Nord depuis presque trente ans a trouvé son apogée dans les quartiers ouvriers de Belfast Ouest. Ce qui fut autrefois une ville industrielle prospère est devenue à la fin des années 60 une zone de guerre immense.

Les conflits ont perduré jusque dans les années 90, ce qui a laissé Belfast une décennie derrière le reste du Royaume-Uni. Cela fait maintenant dix ans que les armes se sont tues et la capitale de l'Irlande du Nord retrouve quelque peu de sa superbe. C'est donc le moment de s'y arrêter.

Désormais, si tu te rends à Belfast, tu ne dois pas craindre de voitures piégées dans le centre, des bombes dans les pubs ou des combats de rue entre des meutes de têtes brûlées masquées et les soldats anglais. Ces scènes appartiennent au passé et la ville renaît de ses cendres. Les pubs et les restaurants prospèrent comme jamais, les hôtels poussent comme des champignons, dans le centre de la ville un centre commercial énorme a été construit et les touristes sont chaque année plus nombreux. A raison, car Belfast est une ville intéressante à visiter.

Titanic Land

A cause de son histoire récente, Belfast est une ville dans laquelle tu peux vivre le meilleure (et aussi le pire) de l'Angleterre et l'Irlande. Le long de la Golden Mile , la chaussée qui relie le centre au quartier universitaire, tu trouveras plein de restos branchés pleins à craquer. Dans les Entries , les ruelles cachées entre les rues commerçantes et les centre-ville, on retrouve des pubs irlandais vieux de plus de cent ans, où l'on parle encore le gaélique et où on peut encore écouter de la musique irlandaise traditionnelle. L'hôtel de ville pompeux, où la reine Victoria trône encore, fait très anglais et sa décoration intérieure a été réalisée par les artisans du Titanic. Une visite guidée y est organisée plusieurs fois par jour. Tu peux même prendre la pose sur le siège du maire de la ville. Le vieux chantier naval, Harland & Wolff , se trouve de l'autre côté du fleuve. Tu vois déjà les immenses grues Samson et Goliath s'élever depuis le centre-ville. Jadis, des milliers d'ouvriers y construisirent le Titanic et d'autres paquebots. Aujourd'hui, c'est un désert gigantesque, le rêve de tout architecte qui se respecte. Une première tentative pour faire revivre le quartier a été entamée avec le complexe Odyssey , et sans doute un musée Titanic y verra le jour dans quelque temps. Mince, il y a ici tant d'espace que l'on pourrait imaginer un énorme parc d'attractions, Titanic Land . Une mine d'or pour ses concepteurs.

Belfast Ouest: zone de guerre

Il y a quinze ans, les quartiers de Belfast Ouest étaient encore une zone hyper dangereuse qui voyait presque chaque jour son lot de combats politiques entre les catholiques et les protestants. Aujourd'hui, les deux communautés vivent encore séparés, avec un Peace Wall entre leurs quartiers respectifs. La catholique Falls Road évolue pratiquement parallèlement à la protestante Shankill Road , quelques centaines de mètres plus loin. A première vue, ce sont des quartiers identiques remplis de pubs, de magasins et de maisons attenantes, comme tu en rencontres dans n'importe quelle ville anglaise ou irlandaise. Cependant, fais gaffe aux fresques murales qui glorifient leurs 'héros' paramilitaires respectifs (IRA du côté catholique; UDA, UVF et UFF du côté protestant) et dénoncent les méfaits de leurs adversaires. Les couleurs des pierres du trottoir et des réverbères t'indiquent directement si tu es dans le territoire catholique ou protestant. Les culs-de-sac sont aussi coupés par le mur. Il y a quand même un Peace Gate entre Falls et Shankill , mais cette porte est fermée à double tour le soir et tout le week-end. Le processus de paix nord-irlandais est certes engagé, mais il est encore fragile, et les sensibilités sont ici à leur paroxysme. Jette également un coup d'œil à l'immeuble au milieu de Falls : la structure en métal à son sommet était un poste d'observation de l'armée anglaise, où même des hélicoptères pouvaient atterrir. A Belfast, la police se balade encore dans des véhicules blindés de l'armée peints en blanc ( ice cream vans, comme les habitants les ont baptisés avec un sens certain de la dérision). En plus, tous les bureaux de police ressemblent à des forteresses avec leurs fils barbelés et les grands blocs de béton devant leur porte.

Un optimisme visible

Les problèmes de Belfast ne sont donc pas encore terminés, mais on peut ressentir un sentiment d'optimisme dans toute la ville. Y a-t-il encore des différences d'opinions entre les républicains et les unionistes? Bien sûr, beaucoup même, mais elles ne sont aujourd'hui plus réglés avec des bombes et des pistolets. Aujourd'hui, on assiste à des débats politiques enflammés entre les deux communautés, comme dans tout pays civilisé. Ce qui fait que les habitants de la ville ainsi que les touristes peuvent respirer et profiter d'une agréable ville avec une vie nocturne incomparable (essaie à coup sur le Crown Liquor Saloon , peut-être le plus beau pub victorien des îles britanniques), une population jeune et pleine d'espoir (les étudiants de la Queens University insufflent une bonne dose de vie dans le quartier au Sud du centre-ville) et les gens les plus sympathiques et accueillants de toute l'Europe. Fais-leur plaisir, comme à toi, et pars à la rencontre de Belfast. Tu y seras accueilli les bras ouverts.

(HDP)

Belfast pratique

Comment y arriver?

Il n'existe pas de vols directs de Bruxelles à Belfast, mais tu n'en as pas besoin. Prends un vol pas cher pour Dublin (www.ryanair.com ou www.aerlingus.com) et prends le Belfast Express une fois arrivé à l'aéroport. Ce bus roule toutes les heures et t'amène à Belfast en un peu plus de deux heures. Si tu as décidé de faire le tour des îles britanniques, tu peux prendre un ferry pour Belfast à Stanraer (près de Glasgow) ou Liverpool.

Monnaie

Les six provinces qui forment l'Irlande du Nord font partie du Royaume-Uni. La monnaie est donc la livre anglaise alors que la république d'Irlande fait partie de la zone euro. Pourtant, tu peux payer avec des euros dans beaucoup de lieux de Belfast: le Welcome Center (47 Donegall Place) les accepte avec le sourire, toutes les cabines téléphoniques fonctionnent avec des euros et quelques commerces considèrent le fait d'accepter l'argent "irlandais" comme un acte politique.

Dormir

Belfast compte six hôtels pour les routards. Arnies est le moins cher d'entre eux ( www.arniesbackpackers.co.uk ), Linenhouse le plus moderne ( www.belfasthostel.com ) et l'auberge de jeunesse de Donegall Road, juste à côté de l'unif, est reconnu par Hostelling International ( www.hini.org.uk ). En été, tu peux même loger à l'université ( www.qub.ac.uk ). N'oublie pas ta carte d'étudiant pour profiter de la réduction.

Transport

Le bus venant de Dublin te dépose dans le centre-ville, derrière l' Europa Hotel . De là, tout est facilement accessible. Le trajet à pied du centre au quartier branché de l'université ne te prendra pas plus d'un quart d'heure, tu n'as donc pas besoin de prendre le bus urbain. Celui qui désire visiter les quartiers mal famés de Belfast Ouest a le choix entre un taxi noir (durant les troubles, le seul transport public utilisable: les bus étaient en effet la cible privilégiée des attentats) ou les cars à deux étages 'hop on-hop off' de CitySightseeing Belfast ( www.city-sightseeing.com ). Aussi bien Falls que Shankill sont assez proches du centre, tu peux donc t'y rendre à pied sans problème.

Sécurité

En juillet, c'est la 'marching season' en Irlande du Nord. L' Orange Order protestant défile traditionnellement dans la rue afin de commémorer la Battle of the Boyne . Ils traversent parfois certains quartiers catholiques, ce qui peut entraîner quelques échauffourées. Evite donc d'assister à une telle parade. Cela mis à part, les touristes n'ont pas à craindre pour leur sécurité, même à Belfast Ouest. Mieux encore, Belfast est actuellement une ville moins dangereuse que Paris, Londres ou Barcelone.