JERONIMO: En quête de consécration
L’étape d’un troisième album est toujours considérée comme l’épreuve de vérité. Ils sont nombreux, les stars en devenir et autres grands espoirs à avoir lâché prise au troisième essai. C’est donc avec une évidente curiosité que l’on attendait la sortie de
Mélodies démolies, le petit dernier de Jeronimo.
GUIDO: Tu fais partie de cette scène liégeoise qui n’en finit pas de remuer. Comment expliques-tu un tel mouvement?
Jeronimo : C’est vrai qu’il y a un beau dynamisme de notre côté. Il y a bien entendu le collectif Jaune/Orange qui a apporté pas mal de choses. Et puis, il y a un côté village que nous cultivons inconsciemment. En ce qui me concerne, je croise très souvent les Hollywood Porn Stars et Saint André. On se voit à L’escalier ou au Pot au Lait. Il y a donc quelques échanges et collaborations. Il se peut d’ailleurs que je tourne avec Saint André dans les mois à venir.
GUIDO: Pourquoi le choix d’un studio italien? Un faible pour la Toscane?
Jeronimo : La Fabbrica di Plastica, c’est l’histoire d’un vrai coup de cœur. J’ai découvert ce studio par hasard lors d’une tournée et y ai trouvé une série d’instruments qui datent des années soixante et septante: des micros à lampe, un Mellotron et un Solina (des claviers rares). Je suis vraiment tombé sous le charme. Avoir enregistré là-bas est la concrétisation d’un rêve. Nous sommes restés trois semaines sur place et le mixage a été réalisé à Bruxelles au studio Rising Sun par Rudy Coclet.
GUIDO: Tu souhaitais opérer un retour aux sixties?
Jeronimo : Pas vraiment, mais parmi les choses que j’écoutais, je suis tombé sur les Moody Blues époque Nights in White Satin. Et puis, les Beatles bien sûr et leurs albums enregistrés au studio Abbey Road. Je voulais que cela sonne comme ça, même si l’influence des années quatre-vingt est également perceptible, par exemple Talk Talk et The Cure.
GUIDO: Les chansons de l’album sont des clips, des comptines, des histoires qui se vivent en quelques instants…
Jeronimo : Il en est ainsi pour les textes, mais souvent aussi pour la musique. J’ai tenté de dépeindre des instantanés, des situations, des états d’esprit. Et il arrive que ces petites histoires soient créées en studio.
GUIDO: Au fur et à mesure que l’on avance dans l’album, le tempo va crescendo. C'était une volonté?
Jeronimo : C'est tout-à-fait inconscient. Ce que j’ai voulu, c’est concevoir l’album à la manière d’un 33 tours. Six plages de chaque côté. C’est peut-être la réponse à cette perception.
GUIDO: Le premier single s'intitule L’argent, c’est bien. De la frustration?
Jeronimo : Oh, non. C’est une chanson à prendre au second degré. J’ai voulu répertorier toute une série de choses inutiles que l’on pouvait faire avec de l’argent. J’ai présenté cette chanson à la maison de disques et ils ont trouvé qu’elle ferait un bon single. Voilà tout.
GUIDO: Sur ton site, on trouve un lien vers celui de Mark Gardener...
Jeronimo : Au début des années nonante, Gardener faisait partie de Ride, un groupe dont j’étais fan. Et puis, j’ai eu l’occasion de le rencontrer, j’ai aussi appris par hasard que nous étions sur le même label. Je lui ai proposé de l’accompagner en tournée lorsqu’il a sorti son album solo. C’est vrai que j’avais du temps à ce moment et Mark a accepté. Je suis donc devenu son guitariste et des liens se sont tissés. C’est d’ailleurs lors de cette tournée que j’ai découvert le studio près de Gérone. Depuis, on est devenu potes.
(JM)
Jeronimo – «Mélodies démolies» (Bang !)
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En douze chansons, Jérôme Mardaga nous raconte autant de tranches de vie: un cambriolage, un rendez-vous dans sa loge, un voyage à Ostende, la description d’un bel ange ou les ‘bienfaits’ de l’argent. Sans tomber dans la précipitation, on vit l’album dans le direct en prises live. Si les textes sont spontanés, il en va également des arrangements qui bénéficient de la chaleur des instruments d’époque (’60 et ’70). Et c’est bien de ce côté que Jeronimo a mûri. Une plus grande maîtrise des arrangements qui oblige le Liégeois à mieux s’entourer en concert pour défendre son album.