Gainsbourg (Vie Héroïque): Une BO recommandable
Connu pour ses nombreuses bandes dessinées, Joann Sfar s’est attaqué à un monument pour son premier passage derrière la caméra. A l’affiche, un super inconnu (Eric Elmosnino) incarne un monstre sacré. Dans les seconds rôles, beaucoup de nanas dont une certaine Laetitia Casta qui joue le rôle d’une vieille diva qui défend les bébés phoques et Lucy Gordon, une ex ‘poupée russe’ qui a simplement décidé de quitter notre terre quelques semaines avant la sortie du film.
Et puis, il nous semblait important de nous attarder sur la bande originale. Evidemment parce que le film retrace une partie de la vie de Serge Gainsbourg, un musicien qui a fait une carrière assez remarquée pendant quelques années…
Bon restons sérieux. Si le risque de se planter est bien réel lorsqu’il s’agit d’aborder un personnage aussi atypique, l’exercice de la bande son est, lui aussi, particulièrement délicat. Bien sûr, il était possible de puiser dans les originaux de l’homme à la tête de chou pour suivre la biographie. On tombait alors dans la banalité et le manque cruel d’originalité. La production pouvait aussi se lancer dans l’engagement de bidouilleurs qui nous auraient fourgué une énième version de tel ou tel titre. Pas beaucoup plus d’intérêt.
Les chansons interprétées par les acteurs
Alors, pourquoi ne pas se lancer dans le pari le plus difficile. Notre compatriote (mais très Parisien depuis quelques années) Gilles Verlant fait partie de l’équipe du tournage et devient un vrai coach pour Sfar qui cerne, grâce à lui, bien mieux la personnalité de Gainsbourg. Ensemble, ils décident de faire interpréter les chansons par les acteurs eux-mêmes. Et là, on est bluffé. Si notre quasi inconnu Eric Elmosnino nous offre face à la caméra une prestation époustouflante qui frise le mimétisme, il fait de même lorsqu’il se jette dans l’interprétation des chansons du maître.
Certes, il faut saluer le travail effectué en profondeur par le pianiste Gonzales, les membres de Zone Libre - dont Serge Teyssot de Noir Désir – et surtout les musiciens de Dionysos.
Impressionnant de bout en bout, Elmosnino réussit donc un examen oral aussi brillant que visuel. Il s’approprie réellement (avec Dionysos) Nazi Rock comme il se fond dans la voix de Gainsbourg lorsqu’il chante avec Zone Libre L’Hôtel Particulier. Il est dommage que Laetitia Casta ne soit pas à la hauteur dans le registre vocal. Si elle brille en incarnant Brigitte Bardot, elle se plante lamentablement en massacrant Comic Strip. Mais que ce petit bémol ne gâche pas notre plaisir.
Donc, si vous aimez Gainsbourg, soyez sans crainte, la BO du film est tout à fait recommandable.