Renan Luce: Simplicité, modestie et fausse timidité
Terriblement discret et foncièrement modeste, Renan Luce n’a pu compter que sur ses qualités de compositeur et d’interprète pour pouvoir s’imposer sur la scène musicale française. Alors que son second opus, le très beau Le clan des miros, cartonne dans toute la francophonie, le chanteur à la dégaine d’adolescent demeure fidèle à lui-même et ne semble nullement attraper la grosse tête.
Pour être honnête, il faut bien avouer que l’ami Renan ne se dévoile pas beaucoup lors de ses interviews, laissant souvent l’impression que tout allait de soi et que l’écriture de compositions aussi réussies que La lettre ou La fille de la bande n’était que le fruit d’un hasard… Peu importe, notre gaillard a un talent fou et apporte une bouffée d’air frais dans le paysage musical…
«Je n’ai pas vraiment de recette pour l’écriture de chansons. Je pars parfois d’une image… Ou d’une phrase. Ou parfois d’une mélodie. Et ensuite, je me laisse emporter par mon imagination. Il est vrai que j’observe beaucoup. Même si mes chansons partent d’un point de vue imaginaire, mon sens de l’observation pour de simples détails débouche souvent sur des idées de chansons. Mes textes ne sont pas autobiographiques, mais ils sont néanmoins le résultat de rencontres, de lieux où je me suis rendu et qui m’ont marqué...»
Le petit Nicolas
La touche Renan Luce? Des anecdotes abracadabrantes et ordinaires à la fois, des coups d’œil délirants sur la vie de tous les jours et des personnages résolument hors normes… Si ce sentimental pudique dévoile ses confidences dans des chansons aux ambiances de films qu’on imagine volontiers en noir et blanc, le thème de l’enfance est plus que jamais son terrain de prédilection, à l’image de titres tels que La Rue de l'Oiseau-Lyre ou le tube On n’est pas à une bêtise près…
«Je n’ai pas hésité lorsque l’on m’a proposé de composer un titre pour le film. J’ai beaucoup lu Le petit Nicolas lorsque j’étais enfant et je n’ai eu aucune difficulté à trouver l’inspiration pour les textes. Au lieu de relire les bouquins, j’ai réfléchi à mes propres souvenirs d’enfance. J'étais un peu turbulent et très rêveur. Je passais beaucoup de temps dehors avec mon vélo et mes copains. C’est mon enfance insouciante qui m’a servi d’inspiration pour ce titre, certainement l’un de ceux pour lesquels l’écriture a le plus coulé de source.»
Ecrites et composées pendant sa tournée, les chansons du nouvel album ne marquent pas un bouleversement majeur quant à sa manière de travailler.
«J’ai écrit les chansons les unes après les autres sans penser à tout bouleverser. Je voulais un album plus chaleureux avec un son plus riche. Je me suis donné un peu plus de temps pour le travail en studio, afin de pouvoir atteindre cet objectif. Mais, pour le reste, les musiciens qui jouent sur l’album sont ceux qui m’ont été fidèles durant les trois dernières années. Et, sans surprise, ils m’accompagneront sur scène durant la tournée à venir…»
Timide? Non, plutôt discret et un peu solitaire
«Même si je dédie une chanson de l’album aux "timides anonymes", je pense ne plus être timide aujourd’hui. C’est vrai que je suis quelqu’un de discret et d’un peu solitaire, mais j’aime rencontrer des gens. Jouer dans des grandes salles ne me cause aucun problème. Et puis, je suis entouré par toute une équipe en qui j’ai une confiance quasi aveugle.»
Il faut dire que Renan a derrière lui une solide expérience scénique puisqu’il a commencé à écumer les salles de concert il y a une dizaine d’années et que sa dernière tournée comptait plus de 200 dates étalées sur près de deux ans. Le parcours du combattant avant d’enfin pouvoir goûter à un succès mérité?
«Ce serait mentir que de dire que j’en ai bavé avant d’avoir pu enregistrer Repenti, le premier album. J’ai commencé à écrire mes premières chansons lorsque j’avais 17 ans. Mais avant cela, je me suis fait la main sur des titres des Beatles, Brassens, Nougaro, Brel, Louise Attaque ou Noir Désir. Après mes études de commerce que j’ai suivies à Toulouse, j’ai gagné Paris où je me suis produit pendant plusieurs mois dans un petit théâtre tout en travaillant pour un producteur de concerts. C’est ainsi que j’ai été découvert et que tout a commencé.»
Renan Luce – Le clan des Miros (Universal) ***
Vous avez fredonné La lettre et Les voisinesetaimé Repenti, le premier album de Renan Luce? Alors, vous adorerez Le clan des Miros, déjà le disque de la consécration pour celui qui a reçu la reconnaissance de ses pairs aux Victoires de la Musique de l’année dernière. Si vous fréquentez les salles obscures, vous y découvrirez On n’est pas à une bêtise près qui accompagne le générique du film Le petit Nicolas. Mais, Le clan des miros abrite surtout une douzaine de chansons spontanées aux arrangements dépouillés qui privilégient les instruments traditionnels. Si La fille de la bande passe en boucle sur les ondes, d’autres ne tarderont pas à prendre le relais. Un bel objet!
Renan Luce se produira à Forest National le 23 avril.
http://renanluce.artiste.universalmusic.fr