Daan: Un schizo de génie!
Imprévisible et généreux, Daan est un artiste à part sur la scène belge. Tour à tour crooner tourmenté, rockeur charismatique ou électro dandy, notre gaillard adore brouiller les pistes et chaque nouvel opus est pour lui l’occasion de laisser entrevoir l’une des innombrables facettes de sa personnalité. Alors, Daan… Schizo? Ou tout simplement formidablement créatif? Rencontre avec l’électron libre le plus sympa de la scène belge!
Daan: Schizophrène? (rires) Oui, probablement! Lorsque l’on devient adulte, on a tendance à croire que l’on est quelqu’un et on s’adapte pour être juste quelqu’un. Toutes les émotions que je ressens, au lieu de les classer comme désirées ou non, ou appartenant ou non à mon caractère, je les vis pleinement. Je me laisse aller à tous mes extrêmes et je les glorifie. Je n’ai pas envie d’être quelqu’un d'homogène… Cela doit être déprimant d’enregistrer chaque fois le même album. Et puis, chaque album que j’enregistre est un peu le reflet de ce que je vivais lors de sa composition et de son enregistrement…
GUIDO: Chaque album de Daan est un univers à part. Comment est né Simple?
Daan: Cela fait assez longtemps que je fais de temps en temps des petits concerts au piano. Et depuis quelques années, Isolde (ndlr: Isolde Lasoen, sa compagne) m’accompagne régulièrement au vibraphone. Mais nous n’avions jamais vraiment bien fait cela. Cette formule plus introvertie n’a jamais été vraiment aboutie. J’avais envie de proposer des concerts intimistes plus aboutis, et comme l’hiver approchait et que je ne voulais pas tomber dans le trou noir qu’est l’hiver en Belgique, j’ai demandé à mon tourneur de me booker une série de concerts dans des petites salles belges jusqu’au printemps. C’est ainsi que nous avons commencé à travailler à trois – avec Isolde et Jean-François Assy - sur une vingtaine de titres.
GUIDO: Et c’est donc ainsi qu’est née également l’idée d’enregistrer un album best of acoustique?
Daan: Oui, même si Simple n’est pas vraiment un best of acoustique, un disque unplugged… En fait, je n'avais aucune envie de sortir un best of classique. Mes disques originaux me font bien sentir les époques. Là, j'ai voulu faire ressortir les qualités mélodiques des chansons, leurs émotions, les textes. Et puis, l’habillage des titres est fort différent d’un album à l’autre. J’avais la volonté de montrer aux gens que si tu déshabilles les morceaux, comme des petits enfants pour les mettre au bain, tu peux voir que c’est quand même le même père. Mais pour cela, il fallait les rendre plus purs, avec plus d’importance pour la voix.
Le Prince Laurent et Jacques Duvall
GUIDO: Les albums originaux sont extrêmement différents les uns des autres… De quel disque es-tu le plus fier?
Daan: Sincèrement, je pense qu’ils ont tous leurs forces et leurs faiblesses… Je les aime tous, mais différemment. Comme des petits enfants… Et ils sont le reflet de périodes de ma vie. Protools était très intimiste avec un côté un peu bricoleur. Bridge Burner est beaucoup plus assumé. C’était un pas dans le grand monde. Il me fallait un hit, c’était le seul moyen d’échapper à mon existence. (ndlr: Daan travaillait à l’époque comme graphiste indépendant – parfois plus de 15 heures par jour et 7 jours sur 7 - et était en plein burn out). Et le hit, cela a été Swedish Designer Drugs. Victory, c’était une très mauvaise période pour moi, j’étais complètement déprimé, en pleine séparation avec ma première compagne. Le nom de l’album et ce côté too much, c’était plutôt l’envie de surmonter toutes les merdes qui m’entouraient. The Player, c’est un album un peu bizarre. C’était moins proche de moi. Manhay est beaucoup plus chaleureux… Ils sont donc tous très différents les uns des autres.
GUIDO: L’un des titres les plus marquants de ce nouvel album, c’est sans conteste Protocol, la plage d’ouverture, un instrumental qui a énormément d’intensité et évoque Ennio Morricone…
Daan: Cela fait quelques années que je voulais faire un instrumental qui devait s’appeler Protocol. Et que j’avais en tête un clip avec le Prince Laurent qui fait toutes des choses protocolaires… En fait, j’avais le nom du morceau et le clip en tête, mais je n’arrivais pas écrire le morceau… Lors du dernier jour d’enregistrement de Simple, après une semaine très intense, tout le monde s’est mis derrières les instruments et nous avons fait une jam de 12 minutes. Il y avait une intensité extraordinaire. Ce morceau est né en quelques heures. J’avais presque les larmes aux yeux tant il est chargé, puissant.
GUIDO: Il y a deux autres inédits sur l’album. Les paroles de La gueule du loup ont été écrites par Jacques Duvall. Comment est née cette collaboration?
Daan: Jacques Duvall aimait beaucoup le titre Icon présent sur
l’album Manhay. Il a écrit de nouvelles paroles en français et me les a envoyées par e-mail. En cadeau… Et un cadeau de Jacques Duvall, cela ne se refuse pas! Il y a un second inédit sur l’album: I’m What You Need, un morceau limite un peu cucul, une love song. Sur ce disque, j’avais le besoin d’être plus honnête, de me montrer sans artifices.
GUIDO: Comment s’est effectué le choix des morceaux? On n’y retrouve pas The Player par exemple…
Daan: En fait, The Player aurait dû être repris sur l’album. Il est tombé du bateau au tout dernier moment. Il était dans le Top 20, mais nous avons dû l’éliminer par manque de place. Par contre, il fait bien partie de la setlist pour la tournée. J’ai choisi mes morceaux préférés, tout simplement. Et les morceaux auxquels je suis le plus attaché sont ceux où les textes sont vraiment importants. Je voulais une certaine cohérence à ce niveau. C’est pourquoi j’ai laissé tomber certaines chansons qui étaient plus des jeux de mots.
GUIDO: A quoi devons-nous nous attendre sur scène?
Daan: Sur scène, nous ne serons que trois: Isolde, Jean-François Assy et moi. Mais le son ne sera pas toujours intimiste pour autant. Isolde, par exemple, joue 5 à 6 instruments, parfois plusieurs en même temps. Je préfère ne pas en dire plus… mais ce ne sera certainement pas un concert unplugged traditionnel.
Daan: Simple (PIAS)