Image
01/12/2014

CHRISTINE AND THE QUEENS: Double je

Héloïse Letissier - Christine and The Queens à elle toute seule –  est multiple… Tour à tour bête de scène séductrice et compositrice sensible, elle signe un premier album audacieux et raffiné qui fait le grand écart entre chanson française et électro/RnB… Rencontre!


Héloïse: J’ai fait des études littéraires et théâtrales et je me destinais à faire de la mise en scène. Ce qui, si on y songe, n’est pas si éloigné de ce que je fais maintenant. J’étais persuadée que ma vocation était de mettre en scène des pièces de théâtre. J’ai commencé ce parcours avec passion et j’étais d’ailleurs assez douée, et j’ai perdu le feu sacré en cours de route. Finalement, j’ai laissé tomber ces études. Cette remise en question a coïncidé avec une grosse déception amoureuse. Bref, c’était une période vraiment pourrie pour moi. Je suis alors partie à Londres pour me changer les idées. C’est là, chez Madame Jojo’s, un cabaret queer, que j’ai fait la connaissance des Queens… 

GUIDO: Les Queens?
Héloïse
: Trois Drag Queens. En l’occurrence, on parle de performers travestis dont le spectacle avait pour nom 'Comment faire de la cuisine et de la musique en même temps'. C’était très drôle et un peu dingue. Il y en avait une qui faisait des pancakes pendant que les deux autres jouaient de la guitare. Et puis, elles étaient très flamboyantes, dans le style de Bowie période Ziggy Stardust. Un truc très androgyne, un peu glam rock. Je sortais d’une année terrible où plus rien n’allait. Je me sentais complètement étriquée dans ma vie et je n’avais plus envie de rien. En les voyant toutes les trois, j’ai eu un déclic et j’ai eu envie de devenir comme elles. Elles ont une telle liberté, elles ont réussi à se libérer du regard des autres.

GUIDO: Tu es revenue plusieurs fois assister à ce spectacle?
Héloïse
: Oui, et toujours au même endroit. À la même table, avec mon jus de fruit. Je pense que je n’avais pas du tout l’air en forme. Et ce sont elles qui sont venues me parler. Elles sont venues me voir et, assez spontanément, je me suis confiée. Les Queens m’ont un peu maternée pendant trois semaines. Elles m’ont donné des conseils très simples. Entre autres celui de créer un personnage de scène. C’est ainsi que Christine est née. Elles m’ont également encouragée à chanter, parce qu’elles trouvaient que j’avais une belle voix. Bref, elles m’ont remise sur pied et m’ont donné l’impulsion que j’avais besoin à ce moment-là… Même si je ne suis pas un groupe, j’ai voulu les associer à mon projet, leur rendre hommage. Car je pense que sans les Queens, je ne serais pas en train de faire de la promo pour cet album aujourd’hui. 

Naissance de Christine

GUIDO: Tu es ensuite retournée à Paris?
Héloïse
: Je suis retournée en France complètement requinquée. J’avais trouvé un personnage, j’avais trouvé quoi faire. Étant terriblement timide, j’avais besoin d’un alter ego. Un peu comme Bowie. Sauf que lui, ses personnages étaient fort typés. Et puis, il a mué et a eu besoin de les tuer. Christine, c’est une version décomplexée de moi-même. Donc, je ne la tuerai pas (rires). Mais je pense que je la ferai évoluer. Christine a fini par déteindre sur ma vie. Avant elle, je ne m’habillais pas radicalement masculin-féminin. Ce qui est drôle, c’est que j’ai fini par m’acheter ce type de vêtements pour tout, même pour mon quotidien. C’est devenu un dress code à vie. J’aime beaucoup cette silhouette-là car on est très à l’aise pour bouger. En même temps, il y a  un truc très neutre et aussi un côté un peu uniforme et rigoureux, qui me plaît assez pour ce personnage. Christine est un personnage qui peut être à peu près tout ce qu’elle veut. Ce costume, avec un côté très neutre, c’est un peu comme un masque neutre au théâtre. Je peux lui faire faire beaucoup de choses… et cela m’a complètement désinhibée.  

GUIDO: Tu habites Paris aujourd’hui…
Héloïse
: Oui. De retour à Paris, j’ai commencé à écrire énormément. Des anciens camarades du Conservatoire m’ont encouragé à mettre mes chansons sur le net. Et deux mois après avoir écrit ma première chanson, j’étais en finale d’un concours organisé par le magazine Les Inrocks. C’était une chanson qui s’appelle Be Freaky. Ensuite, tout s’est enchaîné très vite… 

GUIDO: Ta musique est très minimaliste.
Héloïse
: Le minimalisme, c’est un des mots-clés pour moi. Cela me vient d’avoir écouté beaucoup de hip-hop. Dans les meilleurs morceaux de hip-hop, il n’y a presque rien, mais tout sonne énorme. Il y a une rythmique qui prend toute la place, une ligne de basse et une mélodie. James Blake est aussi dans ce minimalisme. C’est un artiste que j’aime beaucoup. J’aime quand il y a de l’air dans la musique, quand il y a de l’espace, quand cela peut respirer. Quand il y a un peu de mystère aussi… Cela marche aussi pour le texte. Je n’aime pas les textes qui essayent de m’expliquer quelque chose. J’aime les textes qui m’intriguent comme chez Bashung, par exemple. J’aime pouvoir les écouter de manière active, les interpréter.

GUIDO: On retrouve une reprise de Paradis perdus de Christophe sur l’album. Pourquoi ce choix?
Héloïse
: J’ai toujours beaucoup écouté du Christophe. Cela fait partie du peu de références françaises que j’ai. J’aime les anciens albums, mais aussi beaucoup ceux qu’il a enregistrés plus récemment. C’est un parcours très impressionnant et c’est quelqu’un qui est resté curieux. J’aimais beaucoup le texte de Paradis perdus, car cela parle d’une errance dans Londres et d’une mélancolie. Forcément, je m’y suis retrouvée… Tu sais que c’est un texte de Jean-Michel Jarre? Étonnant, non? Quand j’ai commencé à travailler le morceau, j’ai ce refrain de Kanye West qui est venu en improvisation… Puis finalement, en écoutant cette impro, je me suis rendu compte que cela faisait sens avec mes influences qui vont de Michaël Jackson ou Beyoncé à… Gainsbourg. 

Freaks

GUIDO: Que signifie le tatouage We Accept You, One Of Us que tu as sur les bras?
Héloïse
: C’est une phrase mythique d’un vieux film de Tod Browning, Freaks. C’est un vieux film en noir et blanc qui m’a marquée à tout jamais. Je l’ai vu lorsque j’étais très jeune, et il m’a marqué au fer rouge. Cette phrase, c’est une sorte de cri de ralliement entre tous les monstres d’un cirque itinérant. C’est un très beau film sur la tolérance. Je résume très fort, mais le message du film, c’est que les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Et que ce sont parfois les gens qui ne sont pas monstrueux physiquement qui le sont intérieurement. C’est le même thème qu’Elephant Man de David Lynch. Un film horriblement triste qui m’a également beaucoup touchée. 

GUIDO: Tu as une sorte de tendresse pour ces personnages un peu cabossés?
Héloïse
: J’ai toujours été émue par les personnages un peu étranges, les travestis, les monstres, les gens un peu bizarres… Je trouve qu’ils ont un côté théâtral et émouvant. 

GUIDO: Tu es visiblement fort influencée par le cinéma. Tu aimerais pouvoir un jour composer la musique d’un film?
Héloïse: Se mettre au service d’une autre œuvre, cela doit être très intéressant, bien évidemment. Si je reçois un coup de fil de David Lynch, il y a de fortes chances que j’accepte de bosser avec lui (rires). 

GUIDO: De nombreuses dates de concerts sont d’ores et déjà annoncées. La scène, c’est important pour toi?
Héloïse
: La scène, c’est essentiel à mes yeux. Je pense au live tout le temps. C’est important pour moi que les concerts puissent être autre chose qu’une photocopie d’un album. Je suis assez impressionnée par  quelqu’un comme Laurie Anderson dont les concerts sont très proches du théâtre. C’est un modèle pour moi. 

Christine & The Queens: Chaleur humaine (Warner)


PROMENADE: Une balade au fil des statues à Louvain-la-Neuve

On t'emmène en balade à Louvain-la-Neuve. Suis notre itinéraire et découvre ses 14 points d'intérêt. [...]

Un nouveau lieu pour prendre le brunch à Bruxelles

Après avoir ouvert ses deux premières enseignes dans le quartier du Châtelain et près du Parvis Saint-Pierre, [...]

  • Slider
  • Slider

Topmovies

SOCIAL

Jobs in the picture

  • Slider
  • Slider
  • Slider


5 spécialités namuroises à déguster

Tu étudies à Namur et tu n'as pas encore goûté ces spécialités? Allez, encore un petit effort pour [...]

26/12/2024

3 bonnes raisons d'aller voir 'Sonic 3'

Nous avons eu la chance d'assister ce week-end à l'avant-première de Sonic 3. Et on te donne [...]

23/12/2024

Les 5 plus beaux musées d'Ath

Tu vas bientôt en visite à Ath? Voici 5 musées de la ville à ne pas manquer. 1) Le Musée de la Pierre À [...]

19/12/2024

GUIDO SA est l'entreprise média de niche numéro 1 en Belgique vers le groupe-cible des jeunes (les étudiants en particulier), les écoliers et les young starters.

Bruiloftstraat 127, 9050 Gentbrugge
Tel.: +32 (0) 9 210 74 84