'The Wild Atlantic Way' sur la côte Ouest de l'IRLANDE
Dans l'Ouest de l'Irlande se trouve un territoire calcaire bizarre où l'Océan Atlantique se heurte contre des falaises de deux-cents mètres de haut. Des dolmens ou d'autres cimetières néolithiques résistent depuis plus de cinq-mille ans aux tempêtes les plus féroces. Là-bas, les gens croient aux arbres magiques et les paysans fertilisent leurs terres avec des algues. D'anciennes croix celtiques entourent les ruines d'églises, de couvents et de châteaux. Des pubs des villages les plus minuscules s'échappe une musique traditionnelle alors que la pluie fouette les vitres à l'extérieur. The Wild Atlantic Way, c'est l'Irlande dans ce qu'elle a de plus rude et authentique, et la région autour du Burren National Park en est un des meilleurs exemples.
The Wild Atlantic Way est une autoroute de plus de 2500 kilomètres de long qui serpente le long de la côte Ouest de l'Irlande. On s'arrête plus ou moins en son milieu, au Sud de Galway Bay, à County Clare.
Cliffs of Moher
The Wild Atlantic Way n'est jamais aussi élevée qu'aux Cliffs of Moher. Le point culminant de ces falaises pointe à quelque 214 mètres au-dessus du puissant ressac, auxquels on peut encore ajouter une dizaine de mètres (pour quelques euros de plus) en grimpant le mirador du 19ème siècle, la O'Brien's Tower. Par temps clair, tu vois à l'horizon les trois Aran Islands dans la Galway Bay et tu peux voir les falaises osciller jusqu'à Hag's Head. Cela ne semble pas si éloigné que ça depuis l'office du tourisme, mais détrompe-toi: Hag's Head est une balade de deux heures aller et deux heures retour, le long d'un sentier boueux glissant et sinueux, souvent perturbée par le vent et la pluie. Ce sera tout sauf une expérience solitaire, car les Cliffs of Moher représentent une attraction très populaire pour les touristes d'un jour de Galway et même de Dublin. N'oublie pas tes jumelles, car les rochers abritent des oiseaux marins comme des macareux, des pétrels et des guillemots, et tu peux aussi voir des fous se balancer dans le vent. Ceci dit: certains jours, il est impossible de voir à quelques centimètres sur les falaises; les nuages sont si bas qu'ils enserrent le visiteur. Pour te réconforter, une visite à l'Atlantic Edge (dans l'office du tourisme) est conseillée: un spectacle en réalité virtuelle sur la vie sur les
Cliffs et dans la mer plus bas. Il y a également un café avec vue et évidemment un grand magasin de souvenirs.
The Burren
Plus loin dans les terres se trouve le Burren National Park, plus communément appelé The Burren par les locaux. Il n'y a guère de lieu plus inhospitalier que celui-ci. Des fermes isolées aux toits en paille parsèment les collines déclives remplies de grandes ardoises. Si tu croises une prairie verte avec des vaches ou des moutons, c'est que le fermier (ou ses aïeuls) a extrait de ses mains les pierres pour faire place à une terre plus fertile. La fertilisation se produit à l'aide d'algues, et ce n'est pas un hasard si la séparation entre les différentes parcelles et aussi autour des jardins se compose de petits murs de pierres entassées: elles n'ont qu'à être ramassées çà et là. Fais quand même attention: si tu croises dans un champ un arbre bas et courbé par le vent avec une clôture en bois tout autour de lui, c'est que tu es face à un fairy tree. Une sorte d'aubépine, et si une ligne rose court sur les branches sous l'écorce, les paysans croient que l'arbre est ensorcelé. La clôture sert à empêcher le bétail de grignoter le fairy tree, ce qui provoquerait un grand malheur. Abattre un fairy tree est complètement proscrit. Les gens y pendent des rubans pour laisser leurs soucis derrière eux ou un vêtement pour guérir d'une maladie. Tu l'as déjà remarqué: bien que The Burren soit une région fortement catholique - la tradition des Stations est encore bien implantée, pour laquelle le prêtre vient célébrer la messe dans la maison des différentes familles - la croyance celtique est également prédominante.
Les Celtes
À The Burren, il y a plus à voir que les falaises rocailleuses et les aubépines magiques. La curiosité néolithique la plus importante de la région est le Poulnabrone Dolmen, un monument funéraire impressionnant de 5800 ans d'âge situé dans un lieu dramatique, dans lequel les restes d'une vingtaine de personnes sous-alimentées ont été retrouvés. Ce n'est qu'un exemplaire des nombreuses wedge tombs et d'autres constructions préhistoriques dans la région. Tout près du chemin se trouve par exemple le Ballyalban Earthen Ring Fort, un rempart circulaire sur une colline. Un peu plus loin, sa version en pierre: le Caherconnell Stone Fort. Que The Burren regorge d'histoire celtique, c'est aussi visible au fait qu'en 1932 un paysan local a découvert tout près de la wedge tomb de Gleninsheen un collier en or de 31 centimètres provenant de l'Âge de Bronze. Le Gleninsheen Gold Collar est aujourd'hui exposé dans le National Museum of Ireland à Dublin.
Les amateurs de châteaux et de ruines peuvent tout autant se réjouir.
Corcomroe Abbey est une magnifique abbaye en ruine avec un cimetière plein de croix celtiques. Il est possible de voir encore plus de high crosses dans le hameau de Kilfenora. Les châteaux de la région sont en réalité des maisons fortes compactes, pourvues de murder windows intrigantes. La plus accessible et la mieux conservée est Dunguaire Castle, située dans le contrefort de Galway Bay, mais il existe des dizaines tours du même genre dans des lieux stratégiques, aussi bien carrées que rondes.
Pour ceux qui préfèrent explorer des grottes, ils ont le choix entre Aillwee Cave (où les restes d'un ours brun ont été découverts non loin d'une chute souterraine) et Doolin Cave (où on peut admirer une stalactite de 7,3 mètres - la plus grande de l'Hémisphère Nord).
Good craic
Peut-on encore trouver d'autres choses à faire le long de cette partie centrale de la Wild Atlantic Way? Et comment, on est en Irlande! L'ambiance répond ici au doux nom de craic (à prononcer: crack) et pour cela, il faut se précipiter toute l'année durant vers Doolin, un petit village bucolique non loin des Cliffs of Moher avec trois pubs où résonne chaque soir de la musique irlandaise traditionnelle. Kinvara, un village portuaire pittoresque sur la baie, organise au début du mois de mai un festival de musiques traditionnelles et un festival
Gathering of the Boats en août. À Clarinbridge, il est possible en septembre de déguster des huitres et de siroter une Guinness dans une tente lors du Oyster Festival. Mais le festival le plus unique est le Matchmaking Festival à Lisdoonvarna, toujours en septembre. Willie Daly, un excentrique propriétaire local de pub, reçoit les célibataires du monde entier à la recherche d'un partenaire et recherche pour eux le rendez-vous parfait. Il faut l'admettre, c'est quand même plus charmant que Tinder.
THE WILD ATLANTIC WAY en pratique
Comment y arriver?
L'aéroport international le plus proche est celui de Shannon, mais le plus facile (et aussi le moins cher) est de voler vers Dublin et de faire la traversée vers la côte Ouest en bus ou en auto. Que ceux qui n'osent pas rouler sur les routes étroites au volant d'une voiture de location dans laquelle le volant est à droite se rassurent: la société de bus nationale Bus Éireann possède un réseau très étendu et t'emmène même vers les hameaux les plus reculés.
Dormir
À moins que tu ne sois venu expressément pour un des festivals dans les autres villages, il est plus approprié de séjourner dans une auberge ou un B&B à Doolin. Impossible de s'y ennuyer à la tombée de la nuit, car Doolin est l'un des meilleurs endroits d'Irlande pour profiter d'une session de musique traditionnelle dans un authentique country pub.
Quand partir?
Si tu pensais que la Belgique avait une météo changeante, attends de voir ce que te réserve la côte Ouest de l'Irlande! Impossible d'avoir la garantie du beau temps, même pendant les mois d'été. C'est la saison la plus prisée, surtout sur les Cliffs of Moher. La bonne nouvelle, c'est qu'il fait rarement froid, tu peux donc venir en principe sans problème à n'importe quelle saison, si tu es prêt à affronter le vent et la pluie. Il faut l'admettre: un temps un peu agité fait partie du charme de la région.
Photo: Shutterstock