BLAUDZUN: À bicyclette sur Jupiter?

Le Hollandais Johannes Sigmond est un drôle d’oiseau. Pour son cinquième album, ce grand échalas à la créativité débridée nous propose de partir à la conquête de… Jupiter! Rencontre sympa autour d’un double expresso sur la terrasse du Musée des Instruments de Musique à Bruxelles.

Johannes Sigmond: Jupiter est la plus grande planète du système solaire. En fait, elle est plus volumineuse que toutes les autres planètes réunies. C’est la cinquième planète par sa distance au Soleil. Grâce à la force de gravité, elle se prend toutes sortes de météorites qui foncent directement sur la Terre. Sans elle, la Terre aurait disparu depuis bien longtemps. Merci Jupiter! (rires) La musique, et l’art en général, ont souvent le même rôle dans notre vie. Je trouvais cette métaphore intéressante. La musique fait partie intégrante de ma vie, elle a une fonction vitale pour moi. Elle est présente dans les bons comme dans les mauvais moments, me permet de tenir le coup ou m’accompagne lorsque je veux faire la fête. En fait, elle est importante pour chacun d’entre nous, et pour notre société en général. Elle peut parfois même sauver des vies. Je suis parti de cette idée pour ce nouveau projet. Cette métaphore me parlait et m’a inspiré pour la genèse de ce disque.

GUIDO: On peut donc parler d’album-concept, qui ouvre apparemment une trilogie?

Johannes Sigmond: Ce premier album est en effet le premier volet d’une trilogie. Il est composé de neuf titres. Le second album commencera donc ainsi à la plage 10. Jupiter est mon cinquième album et je voulais proposer quelque chose de différent. Et puis, j’avais aussi envie de travailler autrement, de sortir du processus de création habituel. Lorsque tu enregistres un album, c’est un peu comme si tu travailles sur un film. Ici, ma démarche est plus proche de celle des concepteurs d’une série. Les trois parties vont former un tout une fois qu’elles seront toutes les trois assemblées.

GUIDO: Pourquoi avoir décidé de changer de méthode de travail pour ce nouveau projet?

Johannes Sigmond: La plupart des artistes travaillent de la manière suivante: ils produisent un album, partent ensuite deux ans en tournée, et commencent seulement à penser au disque suivant quand cette tournée a pris fin. J’avais envie de travailler différemment, et puis je suis également très impatient de nature… Je préfère continuer à composer et enregistrer entre les dates de concerts. En travaillant ainsi, je me sens nettement plus libre et créatif. Je suis convaincu que c’est une bonne idée, et j’ai d’ailleurs tout de suite obtenu le soutien du label lorsque j’ai fait part de mon envie de rompre par rapport à ma méthode de travail habituelle.

GUIDO: Quand les deux autres volets seront-ils disponibles?

Johannes Sigmond: Les second et troisième volets de la trilogie devraient paraître en mars et octobre 2017. Jupiter est d’une certaine manière un album en gestation. Le premier volet est terminé, et j’ai commencé à jeter les bases du second volet. Mais c’est seulement lorsque les trois albums seront disponibles que l’on pourra découvrir l’histoire dans son intégralité.

GUIDO: Dans quelles conditions cette première partie a-t-elle été enregistrée?

Johannes Sigmond: L’album a été enregistré live en studio. Auparavant, j’entrais seul en studio, ou seulement avec un musicien. Et je jouais à peu près de tous les instruments. Cette fois, j’ai voulu capturer l’énergie du moment… Et j’ai donc invité les membres de mon groupe à participer aux sessions d’enregistrement. C’est la toute première fois que je bosse ainsi, et cela a permis d’obtenir un son différent, plus organique.

GUIDO: Et également plus sexy!

Johannes Sigmond: Tout-à-fait! (rires) C’est un album plutôt festif, avec pas mal de titres dansants. C’est selon moi l’album le plus joyeux de Blaudzun. Je pense que ce côté sexy, c’est le saxophone baryton qui l’apporte.

GUIDO: Tu es un grand fan de cyclisme. La firme de disque va faire imprimer des housses de selles Blaudzun pour promouvoir cet album… Tu le savais?

Johannes Sigmond: Eh bien non, je ne le savais pas, mais je trouve l’idée plutôt intéressante. C’est super si Blaudzun peut permettre à des cyclistes de garder les fesses sèches! (rires) J’adore le cyclisme. Je roule beaucoup et je prends souvent mon vélo en tournée. Le nom de mon groupe est d’ailleurs inspiré d’un coureur cycliste danois des années 70. Un bonhomme qui n’a pas connu une grande carrière, mais dont le nom sonnait bien. (rires) Je vais régulièrement à des courses cyclistes, c’est un sport fascinant.

GUIDO: Jupiter bénéficie d’une sortie européenne?

Johannes Sigmond: Absolument. Nous tournerons un peu partout en Europe: aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne, en Suisse, … Blaudzun a déjà tourné aux Etats-Unis, mais je ne pense pas que nous nous y rendrons cette fois car il faut y passer énormément de temps si on veut espérer se faire un peu connaître. Je n’en éprouve pas le besoin, et il reste encore tellement d’endroits en Europe où nous sommes peu connus. En Flandre, on bénéficie d’une certaine notoriété mais nous ne jouons quasi jamais en Wallonie par exemple… J’espère que ton article permettra de changer les choses.

Blaudzun: Jupiter (V2) - Sortie le 7 octobre

Blaudzun sera le 9 octobre en concert au Botanique

Photos: (c) Sanja Marusic