CATS ON TREES: «Cinq ans entre deux albums, c'est long, mais on n'a pas glandé pour autant!»

On a beaucoup vu et entendu les Cats on Trees ces dernières années. Sur les ondes tout d’abord, avec le tubesque Sirens Call (15 millions de vues sur YouTube!). Sur scène bien évidemment, puisque le duo a proposé pas loin de 200 dates depuis la sortie de son premier opus. Et enfin sur nos écrans télévisés. Nina Goern et Yohan Hennequin avaient en effet officié en tant que coachs lors de la saison 5 de The Voice Belgique. Rencontre avec le binôme toulousain venu défendre son nouvel album en promo dans les bureaux de PIAS à Bruxelles.

GUIDO: Votre album précédent date d’il y a déjà cinq ans. Pourtant, on a l’impression que vous n’avez jamais vraiment quitté le devant de la scène.

Nina: Le morceau Sirens Call a connu une très longue vie sur les ondes. Pas loin de deux ans, ce qui est assez inhabituel. Ensuite, il y a eu plusieurs autres hits tels que Jimmy ou Tikiboy. L’album a bien marché et a fait l’objet d’une réédition. Nous avons également beaucoup tourné. Plus de deux ans. C’est ce qui explique sans doute que l’on puisse avoir l’impression que l’album précédent soit plus récent.

Yohan: Cinq ans, c’est long mais nous n’avons pas du tout glandé ces derniers mois. Bien sûr, nous avons fait quelques pauses de vie de temps en temps, mais nous n’avons jamais arrêté de composer, à un tel point que nous avions près de soixante titres en magasin. Nous n’avons finalement gardé que dix chansons pour l’album, mais Neon aurait pu être un double ou un triple album. Pour les dix titres que nous avons sélectionnés, nous avons également chaque fois testé plusieurs moutures avant de choisir la version que tu retrouves finalement sur l’album.

Une prise de risque

GUIDO: Où avez-vous principalement été puiser votre inspiration pour ce nouvel album?

Nina: Je pense que je ne t’étonnerai pas en te disant que nous nous inspirons aussi bien de ce que nous vivons au quotidien que de l’actualité. Keep On Dancing a été écrit peu de temps après l’attentat du Bataclan par exemple. C’est un titre plutôt sautillant et plein d’espoir, mais son origine est dramatique. Comme tous les artistes, nous nous inspirons également de livres, de films, de voyages, et de musique bien évidemment.

Yohan: Nous nous intéressons tous les deux à d’autres formes d’arts. Nina fait de la photo et je fais de la peinture. Nous intéresser à d’autres formes artistiques – le cinéma, les expos… - nous permet également de grandir et de nous développer en tant qu’artistes.

GUIDO: Votre prochaine tournée démarre en avril…

Nina: La tournée démarre le 13 avril mais nous avons encore pas mal de travail d’ici là. Pour la prochaine tournée, il y aura un fil conducteur entre les morceaux. C’est nouveau pour nous et je t’avoue que nous avons pas mal de pain sur la planche d’ici les premières dates. Pas mal de concerts sont d’ores et déjà prévus, quelques gros festivals durant les mois d’été dont un passage en Belgique aux Francofolies, et enfin une longue tournée qui va démarrer en septembre et devrait s’étaler sur deux ans, comme la précédente.

GUIDO: Le titre le plus étonnant sur l’album, c’est sans conteste Black Lips qui s’éloigne très fort de votre univers.

Nina: C’est amusant car Black Lips est visiblement le titre qui marque le plus les esprits. Nous n’avions pas du tout l’intention de sortir de notre univers pour aller vers quelque chose de différent. En fait, nous ne nous sommes pas posé de questions existentielles en composant ce titre.

Yohan: Nous sommes partis d’un riff que l’on avait enregistré accidentellement avec un son de piano vraiment bizarre (sourire). Nous ne savions pas vraiment quoi faire avec ce riff, mais il était hors de question que l’on ne l’utilise pas.

GUIDO: De manière générale, Neon parvient à surprendre tout en restant cohérent de bout en bout. ce qui n’est pas évident.

Yohan: Il nous fallait des prises de risque car nous voulions un panel de titres variés. On voulait un album très différent du premier mais cela reste les Cats malgré tout. On est heureux de cette prise de risque. Nous nous sommes nourris de beaucoup de choses. Je me rappelle de tous ces trucs que j’ai adorés pendant mon enfance et que j’ai redécouverts récemment. Entre autres l’album Graceland de Paul Simon.

L'expérience The Voice

GUIDO: Même si Sirens Call a marqué les esprits. on se souvient surtout de vous en Belgique en tant que coachs de The Voice!

Yohan: On a vécu cela comme une expérience, une très bonne expérience. Le fait que ce soit en Belgique nous a tout de suite séduits. L’émission est plus libre qu’en France. On nous a dit que nous serions la caution indé de l’émission et nous avons reçu carte blanche au niveau du choix des chansons que nous voulions utiliser. On nous a vraiment suivis et on a gardé de très bons contacts avec tout le monde, y compris les équipes techniques.

GUIDO: Il y a eu une grosse polémique sur les réseaux sociaux suite à votre choix d’avoir privilégié Christophe par rapport à Pierre lors des demi-finales… 

Yohan: Honnêtement, on assume tout-à-fait notre décision. On a encore discuté par téléphone avec Pierre il y a deux jours. Il compose, il fait son chemin. Cela se passe bien.

Nina: On nous a donné le pouvoir d’être juges, et nous avons donc assumé cela jusqu’au bout. On a donc composé notre équipe, on a présenté nos talents aux gens qu’il fallait afin qu’il y ait un après The Voice. On les a également coachés après l’émission. Nous voulions faire l’émission pour cela. On a eu de la chance en tant qu’artistes de composer, créer, et vivre de notre passion.

Yohan: On a rencontré des gamins passionnés comme nous à l’époque. Christophe, Pierre, mais également Ellie (ndlr: plus connue aujourd'hui sous le nom de scène de Blanche). Ellie, c’est nous qui l’avons amenée ici. Je trouve qu’il est important de tenir compte du stade de maturité des artistes. Cela ne sert à rien de te jeter dans l’arène si tu n’es pas prêt. car tout va très vite. Pour avoir une chance de t’en sortir, il faut que tu aies une expérience de scène, que tu aies envie d’écrire tes compos et être artiste. Il faut aussi que tu aies le temps et l’envie de gérer une carrière, car une fois que c’est lancé, c’est lancé. Le dernier talent que nous avons mis en finale, il avait déjà une expérience de la scène et un univers hyper ancré. C’était un moment idéal pour lui d’être exposé. Il était prêt.

Nina: Nous n’avons pas compris le tollé que cela a fait. On ne fait pas gagner quelqu’un pour faire plaisir au public. Nous avons dû faire un choix entre Christophe et Pierre, deux artistes que l’on mettait au même niveau. Nous nous sommes posé la question de savoir qui était le plus prêt. On nous a permis d’être juges et de distribuer un certain nombre de points. Si tu n’assumes pas ce rôle et que tu bottes en touche. c’est un peu dommage. À aucun moment nous n’avons voulu faire perdre l’un au profit de l’autre.

Yohan: Nous savions très bien que nous avions une telle alchimie avec eux que cela ne créerait absolument aucun souci. Dans notre équipe, tout le monde avait compris. On était très enthousiastes à chaque fois sur les prestations de chacun de nos artistes. Autant Pierre que Christophe. Il y a eu des moments de grâce. Les derniers que l’on a choisis, on les a bien choisis, car ils ont tous fait des choses. Christophe roule sa bosse comme il l’entend. Pierre, on le suit de près depuis longtemps. On se parle souvent et on essaye de l’aider à s’épanouir. Il y a aussi Maeva. Je ne sais pas si tu t’en souviens, mais elle était dans les quatre derniers avec Ellie. Chacun aura son moment. Pour nous, ils avaient déjà gagné en participant à l’émission. 

Cats On Trees: Neon (PIAS)

Photos: (c) Louise Carrasco