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20/06/2023

LO BAILLY: «Émerger pendant cette pandémie n'a pas été une sinécure»

C’est sans conteste l’une des plus belles surprises de ces derniers mois. Adepte du spoken word, Lo Bailly nous propose un premier album (Prosaïque) qui balance habilement entre introspection et portraits doux-amers. Talentueux et assez inclassable, l’artiste bruxellois détone dans le paysage musical belge. Rencontre.


Lo Bailly: Même si j’ai été plutôt discret sur les ondes jusqu’à présent, cela fait déjà quelques années que je roule ma bosse sur la scène musicale belge. J’ai sorti un premier EP et gagné le concours Du F. dans le texte pendant le Covid. Cela m’a malgré tout donné une belle visibilité, mais dont je n’ai pas vraiment pu tirer profit comme je l’espérais. Le Covid a eu pas mal d’impact sur la direction que je souhaitais donner à ma trajectoire professionnelle. À l’époque, j’étais chargé de communication dans un théâtre. Lorsque la pandémie est arrivée, nous avons tous été contraints de faire du télétravail. Cela a été une période très compliquée à vivre pour moi. On essayait de mettre en route des projets en bossant de chez soi, pour ensuite être contraints de les annuler les uns après les autres.

GUIDO: Cela t’a poussé à donner une autre trajectoire à ta carrière…
Lo Bailly:
C’est à cette période que j’ai pris la décision de me lancer. J’avais déjà des maquettes, j’étais déjà en contact avec l’équipe qui m’encadre maintenant. D’une certaine manière, le Covid a été un accélérateur pour moi. Ce prix que j’ai gagné au concours Du F. dans le texte m’a également donné une sorte de bénédiction. Mais ensuite, émerger pendant cette période de pandémie, ce n’était vraiment pas une sinécure. Mon premier EP est ainsi passé plutôt inaperçu.

GUIDO: La musique a toujours fait partie de ton univers depuis l’enfance?
Lo Bailly:
Pas vraiment. J’ai fait un tout petit peu de piano lorsque j’avais dix ou onze ans, des cours privés avec une prof qui avait une approche assez théorique de l’instrument. Cela m’a assez vite désintéressé et j’ai donc abandonné après quelques mois. J’ai repris à l’adolescence. J’avais un synthé qui traînait chez moi. C’est à la même période que j’ai commencé à écrire. Le lien s’est fait assez naturellement, sans que j’y réfléchisse. J’aimais bien pianoter, j’aimais bien écrire. J’ai essayé de mettre mes mots et mes maux en musique. Au final, je suis plutôt autodidacte. J’ai eu quelques cours durant lesquels j’ai appris comment poser mes doigts sur un piano, mais j’ai appris le reste seul.

GUIDO: Il y a des concerts qui t’ont particulièrement marqué durant ton adolescence? Ou des artistes et groupes qui t’ont beaucoup influencé?
Lo Bailly:
Les concerts de Dionysos! J’ai été les voir trois ou quatre fois en concert. J’adore l’énergie que dégage le groupe sur scène. Ce que j’aime beaucoup également, c'est le côté narratif des chansons. Le fait que Mathias Malzieu raconte des histoires, que ce sont des albums-concepts. Il y avait une forme littéraire très pure qui se dégageait de tout cela. En concert, je suis également allé voir plusieurs fois Damien Saez. Saez sur scène, c’est pile ou face… Moi, j’ai chaque fois eu de la chance. Il dégage une énergie rock incroyable. Parmi les artistes et groupes qui m’ont marqué, j’épinglerais MC Solaar que j’ai énormément écouté étant enfant. Un peu plus tard, j’ai découvert Pink Floyd et les Doors. Je pense que c’est de là que me vient le goût des synthés, des notes de clavier un peu à l’ancienne. Et puis des groupes comme Massive Attack, Air. Musicalement, cela me parle beaucoup. Le côté trip-hop…

GUIDO: Comment naît un titre de Lo Bailly?
Lo Bailly:
Je n’écris pas forcément des chansons à la base. Je me balade toujours avec un carnet de notes, ou j’ouvre une page Word. Ces bouts de textes qui ne sont pas des chansons en soi, je les pose sur des notes de clavier. Il y a un côté très prose dans ma façon d’utiliser les mots. Mon inspiration, elle vient du monde dans lequel on vit, des gens que je croise. J’ai l’impression de vivre la fin d’une époque, et de vivre dans une société un peu malade. Forcément, c’est inspirant pour un artiste…

GUIDO: Tu as toujours évolué en solo?
Lo Bailly:
Non. J’ai eu un projet de groupe, puis je me suis retrouvé tout seul. J’ai alors décidé de me mettre à la production. C’était en 2017. Vers 2019, j’ai commencé à envoyer mes maquettes à des labels. Quelques bouteilles à la mer par mail avec un lien SoundCloud. C’est ainsi que je suis entré en contact avec le label 30 Février il y a environ trois ans.

GUIDO: En t’écoutant, j’ai l’impression que tu n’as pas trop ramé afin de trouver un label?
Lo Bailly:
C’est vrai. J’ai mis pas mal de temps avant de me lancer. J’étais insatisfait. Le doute, c’est à la fois un frein et un moteur. J’ai mis du temps avant de prendre confiance dans la qualité de mes compositions. Cela a tout de suite bien collé avec le label 30 Février. Je suis tombé sur les bonnes personnes, je pense que je n’aurais pas pu rêver d’une meilleure collaboration. Ils laissent une grande liberté aux artistes avec qui ils travaillent.

GUIDO: Tu as produit toi-même tes maquettes…
Lo Bailly:
Je compose et produis tout de chez moi. Avec un ordinateur et un programme, on peut arriver à faire des choses assez incroyables. Dans un premier temps, c’est de l’auto-prod, mais il y a toujours un moment donné où je sens que je suis arrivé au bout de mes capacités. Pour pousser le truc plus loin, j’aime bien aller chercher d’autres personnes. J’ai ainsi collaboré avec Olvo avec qui j’ai aussi co-écrit certains titres.

GUIDO: La collaboration avec Olvo, c’est une idée du label?
Lo Bailly:
Oui, les collaborations avec Olvo et Antoine Pierre, c’est grâce au label. Olvo était déjà présent sur mon premier EP. Sur l’album, il y a aussi Antoine Pierre, dont le projet solo s’appelle Vaague. C’est Strictly, mon éditeur, qui m’a mis en contact avec lui. Il est batteur, touche à l’électronique. J’ai écouté ce qu’il faisait et c’était franchement bon… Antoine et Olvo ont tous les deux apporté quelque chose d’important au projet.

GUIDO: Tu parviens à vivre de la musique?
Lo Bailly:
Aujourd’hui, c’est mon métier à temps plein. Je suis sous statut d’artiste. Je me sens privilégié d’habiter en Belgique et d’avoir la possibilité de développer mon projet sereinement.

Photo: © Simon Vanrie


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