Forward asbl: Interview

Il existe, en Belgique, des centaines de festivals, organisés par des professionnels ou par des jeunes passionnés. Forward asbl fait, en quelque sorte, partie des deux groupes. A leur actif: Penthouse… à Blaugies, Starflam, Das Pop, Marcel et son Orchestre, Rock Baudour avec Mud Flow, le Forward Festival ou encore le premier concert en Wallonie de Millionaire. Fabrice et Bertrand nous parlent de leur ‘petite entreprise’.


GUIDO: Depuis quand existe Forward asbl?
BERTRAND: Depuis 2000, mais on se connaissait déjà tous. Fabrice jouait dans un groupe et organisait des concerts, il est venu nous trouver, Yannick et moi (je m’occupais du groupe Blutch), et on s’est dit ‘Pourquoi ne pas créer une structure pour organiser des concerts?’ Nous avons également créé une branche booking et management. Fabrice a commencé à démarcher les institutions pour organiser des concerts au Foyer Culturel de Saint Ghislain.
FABRICE: L’avantage de l’asbl, c’est qu’elle dispose d’un cadre légal, tu es donc pris au sérieux. Les gens ont souvent peur que des sponsors ou encore des salles privées prennent l’organisation en main. En cas de problème, c’est toujours délicat de devoir se retourner sur des personnes physiques. L’asbl jouit d’une protection juridique.

GUIDO: A combien êtes-vous dans l’asbl?
FABRICE: Nous sommes 6… stables. Chacun a son domaine de prédilection.

GUIDO: Prenez-vous à chaque fois vous-même l’initiative d’organiser un festival ou fait-on parfois appel à vos services?
BERTRAND: Ce sont souvent des collaborations. Par exemple, l’année dernière, lors d’un festival à l’ULB, le gars voulait des groupes, on s’est occupé d’une partie du booking, on fait également un peu de consulting, on conseille, …

GUIDO: le but premier de l’asbl, c’est de se faire plaisir?
BERTRAND: Non, pour ma part, les concerts que j’ai organisés, ce n’était pas forcément ce que je préfère. Quand tu es organisateur, tu dois mettre tes goûts de côté et répondre à la demande du public.

GUIDO: Vous avez tous un ‘vrai’ travail à côté?
BERTRAND: Oui, bien sûr. Moi, je considère même Forward comme un deuxième travail.
FABRICE: Il vaut mieux, d’ailleurs. Quand tu es chômeur et que tu fais partie du conseil d’administration d’une asbl, on va vraiment te chercher des poux, et je trouve ça dommage. Le gars, même si il est au chômage et qu’on ne l’engage pas, il essaie de se bouger le cul. De temps en temps, je mords sur ma chique au boulot en sachant que j’aurai la chance, le week-end prochain d’organiser un concert ou un festival.

GUIDO: Votre agenda doit être assez bien rempli… Votre entourage ne l’a pas un peu mauvaise?
BERTRAND: Ce n’est pas évident à gérer, les gens autour de toi ne comprennent pas forcément ce que tu fais…
FABRICE: … ils ne sont pas forcément dans ton trip.

GUIDO: Le mec qui a envie d’organiser un festival, qu’a-t-il à gagner à faire appel à vous plutôt que de se dire ‘J’ai de l’argent, j’ai des sponsors, je me lance!’
BERTRAND: Premièrement, au niveau des contacts. Si tu te présentes aux agents de groupes en tant qu’organisateur d’un premier événement, sans aucune expérience, ils vont te facturer le prix plafond.

GUIDO: Les négociations avec les agents sont une grande partie du boulot!
FABRICE: Carlo Di Antonio (ndlr: Dour Music Festival), pendant six mois, il ne fait que ça!
BERTRAND: Les agents regardent à plusieurs choses: l’expérience des organisateurs, l’affiche, l’argent.

GUIDO: Si vous deviez vous fixer un objectif?
BERTRAND: Que le Forward Festival devienne un festival indoor très important. Je préfère faire un énorme événement qui va en mettre plein la vue que faire 50 petits concerts.
FABRICE: On ne veut pas saturer le truc. Ce n’est pas le but d’organiser un concert par semaine, on préfère organiser trois super festivals par an avec, à chaque édition, une affiche très intéressante.

GUIDO: L’organisation d’un festival de A à Z?
BERTRAND: Premièrement, définir le lieu et la date et regarder le budget (artistique et technique) dont tu disposes. Ensuite, penser à une affiche qui plaira. Enfin, la recherche de sponsors et la communication.
FABRICE: Le problème, c’est que tu ne peux jamais dire si ça va marcher. J’ai déjà vu des petits festivals avec des groupes locaux uniquement qui attiraient 600 personnes. Tu peux aussi faire venir des gros groupes (qui passent sur MTV) et accueillir 150 personnes.

GUIDO: il faut donc être à l’affût du groupe qui va monter…
FABRICE: C’est une question de feeling. Il faut effectivement être à l’affût des groupes qui, dans plusieurs mois, vont cartonner et les signer dès maintenant pour un prix dérisoire alors que leur album cartonnera au moment où ils se produiront.

Contact: fwagency@hotmail.com

(LD)