VINCENT VENET: "La musique est une maîtresse exigeante"

2003 fut l'année de la consécration pour Vincent Venet qui récolte les fruits de 70 mois de travail qui lui ont permis de nous offrir "70 cl", un album de chanson française comme on les aime. Guido a voulu en savoir plus sur le personnage...

GUIDO: 2003 fut vraiment l'année de la consécration pour toi. Comment fait-on face à cette soudaine célébrité?
Vincent Venet: Ça m'étonne déjà qu'on utilise le mot 'célébrité' en parlant de moi. En même temps, je suis très flatté. C'est clair que les choses ont vachement évolué en un an. Pour moi, c'était avant tout une année de travail énorme. Il fallait repartir à zéro depuis que l'album est sorti, il fallait repenser l'affaire. J'ai accordé beaucoup d'importance à la salle car j'adore ça. C'est là que le contact avec le public peut se faire. Aujourd'hui, en regardant dans le rétroviseur, je constate que les concerts ont joué énormément et je pense que maintenant, le nom de Vincent Venet existe. Etonnamment, l'album se vend bien et explose seulement maintenant. En même temps, je suis encore en train de retravailler la scène car on va probablement passer la frontière (France) et peut-être le Québec. Tout se décidera en cette fin d'année. La musique est une maîtresse exigeante pour moi, c'est presque une personne qui m'accompagne perpétuellement, 24 heures sur 24, je lui accorde donc beaucoup de temps. Je n'ai pas encore eu le temps de me rendre compte du chemin parcouru, mais ce n'est pas plus mal. Au fil des concerts, je me rends quand même compte que le public est bien là et revient, le bouche-à-oreille fonctionne. Pourtant, je ne me suis jamais dit que j'allais faire un album et que j'allais cartonner tout de suite. Pour moi, c'est évident de travailler pour arriver à ce qu'on veut.

GUIDO: Il t'a fallu 70 mois pour accoucher de cet album!
Vincent Venet: Ce fut un choix totalement délibéré de prendre le temps de faire ce premier album. Quand on fait un album de chanson française en Belgique, on vise principalement la Wallonie et Bruxelles. Le territoire est donc très confiné. Qu'elle soit bonne ou mauvaise, la critique nous suit très longtemps. Aussi, selon moi, prendre le temps de faire les choses, c'est aussi bien les faire. Je ne suis pas quelqu'un de speedé, je ne veux pas absolument aller plus vite. J'ai donc travaillé à mon album six ans car j'avais envie d'intégrité, j'avais envie d'assumer les douze chansons sur l'album. J'étais rassuré du résultat en voyant l'énergie que j'ai pu y mettre.

GUIDO: C'est donc ton propre désir qui t'a emmené vers cet album et non le désir d'être reconnu par le public?
Vincent Venet: A la base, c'était un projet totalement égoïste. C'était un album que j'avais réellement envie de faire et que j'ai attendu très longtemps. Ce que je vise, c'est de faire les choses avec le plus d'émotion et le plus d'ondes possible, essayer de les transmettre et d'en recevoir en retour. C'est aussi bien que ça ait pris un an, ça a été progressif. Tout ce qui est fulgurant dans le milieu du show-biz est souvent synonyme de superficiel.

GUIDO: Dour, les Francos, les Fêtes de la Musique, un album qui cartonne, tes chansons en boucle à la radio, ton clip, … De quoi es-tu le plus fier?
Vincent Venet: C'est un tout. Beaucoup de gens m'ont dit: "six ans pour sortir un album, c'est beaucoup", "pourquoi ne pas l'avoir fait avant?", etc. C'est un premier bébé qu'on a lâché après beaucoup de réflexion, de gestation, d'évolution, de travail, … Aujourd'hui, je me dis que ce travail en amont rapporte, récolte les fruits. Je suis aussi très content de l'équipe avec laquelle je travaille, c'est très interactif, on se comprend réellement très bien.

GUIDO: Tu n'es jamais lassé par tant de concerts?
Vincent Venet: Non, les planches, les concerts, ce sont des moments vrais, il n'y a pas de tricherie. Je suis quelqu'un de très porté sur la spontanéité et les accidents de la vie en général. Quand tu te retrouves sur une scène avec un public que tu ne connais pas, dans une nouvelle ville, il ne peut que se passer des choses inattendues. Chaque soir est très différent, c'est vraiment un vivier, il y a un rapport d'onde tel que je ne peux qu'adorer la scène.

GUIDO: Quel est le programme à venir pour toi?
Vincent Venet: C'est difficile à prévoir à long terme, je pense qu'on est reparti sur scène jusqu'au mois de juin. Je suis déjà en train de travailler sur le prochain album. On m'a évidemment lâché la petite boutade: Six ans pour faire le premier, combien pour le second? J'y travaille depuis quelques mois. Je suis en train de commencer à voir ce que je veux pour le suivant. Je suis aussi en train de réunir l'équipe. Je veux aussi avoir moins de casquettes car sur le premier album, j'étais auteur-compositeur-interprète-producteur. Je voudrais donc trouver un producteur pour le prochain. Je voudrais alors me concentrer plus sur les mélodies et les textes et moins sur la production.

GUIDO: Cet album sera différent de "70 cl"?
Vincent Venet: Je vois un peu "70 cl" comme les fondations. Quelque part, j'ai l'impression que tout est là mais il y a peut-être un peu de trop. A force d'avancer, je peux juger cet album avec le recul et j'en vois les défauts. Ce ne sera pas complètement différent, dans la même lignée, mais il y aura peut-être quelques surprises si j'arrive à réaliser ce que j'ai dans la tête.

(SD)