STARFLAM: "Restez honnêtes!"
Rencontre avec Balo, digne MC des Liégeois de Starflam, un des rares groupes de hip hop qui fait l'unanimité des deux côtés de la "frontière" linguistique. Ils nous reviennent avec leur troisième album, "Donne-moi de l'amour", qui espérons-le, s'écoulera aussi bien que le précèdent, soit 30.000 exemplaires, un chiffre énorme à l'échelle belge...
GUIDO: Fidèles à votre volonté de combattre les clichés du milieu hip hop/rap véhiculés par ses détracteurs, vous intitulez votre album "Donne-moi de L'amour", qui dans ce contexte-ci, est à la limite choquant...
Balo: C'est voulu. Pourtant, c'est une demande simple, que tout le monde exprime à un moment de son existence mais c'est vrai qu'ici ça ressemble plus à une formule choc... En même temps, on n'a pas pris cette décision à la légère pour simplement choquer mais surtout pour coller aux thèmes abordés dans cet album, le fait de rester fidèle à nos convictions. Aussi parfois la difficulté de dire "merci"...
GUIDO: Justement, les thèmes que vous développez ici ne sont pas toujours faciles, sur des titres comme "Sueurs d'alcool" ou "Antistatique"...
Balo: Oui mais encore une fois c'est une question d'honnêteté. "Sueur d'alcool" parle du fait d'être un témoin impuissant de la déchéance de personnes qui te sont chères, vouloir les secouer mais ce n'est pas toujours aussi facile... "Antistatique" est un récit assez fidèle d'une sortie entre potes, le côté fun, la drague... Un homme reste un homme quoi! (rires) Mais aussi le côté parfois un peu "pourrave" des boîtes de nuit avec les sorteurs un peu... limités et les petits matins glauques.
GUIDO: Un autre grand thème qui parcourt l'ensemble de votre répertoire et pas seulement de cet album, c'est l'importance de l'éducation, le besoin de s'instruire. Toi-même, as-tu fait des études "poussées"?
Balo: Non, pas du tout. A l'époque de mes études secondaires, je m'ennuyais prodigieusement à l'école, je ne pensais qu'au hip hop, la musique, les graffes... Je m'y suis impliqué à fond, très jeune et grâce au groupe (
ndlr: qui existe depuis plus de 10 ans, Balo ayant 25 ans), j'ai trouvé un vrai sens à ma vie, on y a tous cru à fond. Mais c'est une vraie chance, un ensemble de hasard et de coup de pot, mais également énormément de travail. En fait, c'est vrai que je manque de bagages dans certains domaines et que je n'ai peut-être pas lu plus de dix livres dans ma vie mais l'important, c'est que c'était les bons...
GUIDO: Vous êtes un des rares groupes francophones qui est populaire en Flandre, comment expliques-tu ça?
Balo: A mon avis, si la musique que tu proposes est bonne, peu importe la langue dans laquelle tu t'exprimes, le public comprendra ton propos, ton credo. C'est vrai que les radios flamandes (Studio Brussel en tête) nous diffusent plus que Radio 21 qui à mon avis est encore très loin d'assurer sa mission de service public. Là, il faut plaire à des "petits chefs" qui sont sûrs de leur bon goût et qui oublient ou pire, ne se soucient pas, d'une partie de leur auditorat. Je ne vise personne mais beaucoup auront compris... Encore une fois, nul n'est prophète dans son pays, encore moins dans sa communauté linguistique...
Boods En complément de cette interview et pour mieux appréhender les thèmes abordés par Starflam, on vous conseille une petite visite sur l'excellent site Internet du groupe:
www.starflam.com