Interview de Lucy Lucy!
Après l’immense succès du single Clock il y a déjà presque deux ans, le premier album de Lucy Lucy! était évidemment très attendu. Entre rock et folk, Someone Else se révèle une excellente surprise et permet d’élargir les horizons d’un groupe de potes dont on n’a certainement pas fini d’entendre parler… Rencontre avec Aurelio, chanteur et guitariste du groupe bruxellois.
GUIDO: L’enregistrement de ce premier album s’est fait à Bruxelles sous la houlette de Jeremy Ferguson, un producteur qui vient de Nashville. Comment s’est organisée cette rencontre?
Aurelio: On a découvert Jeremy à travers l’album de Turbo Fruit que nous avions adoré. On aimait bien les sonorités des voix, l’ambiance, … Il a un univers bien particulier. On s’est un peu renseigné sur lui et on a découvert qu’il avait produit des albums de groupes très différents, aussi bien du garage rock comme Be Your Own Pet, que des trucs plus acoustiques comme Shoot The Moutain. On avait envie de se diriger vers un son un peu plus rock, plus rugueux, tout en assumant notre côté folk et on s’est dit qu’il serait capable de nous pousser dans cette direction…
«On va au fond des choses»
GUIDO: Ferguson, c’est une pointure, non?
Aurelio: Oui, en effet… Pour être honnête, on lui a envoyé un mail à tout hasard, mais on ne se faisait pas d’illusion car c’est un bonhomme qui est super occupé et qui habite au bout du monde. Il a répondu positivement. Très franchement, on ne s’y attendait pas… Et en plus, c’était la toute première fois qu’il venait travailler en Europe.
GUIDO: En quoi est-ce que l’apport de Jeremy a été si important?
Aurelio: Pour l’EP sorti il y a un peu moins de deux ans, c’était Fabrice Detry (The Tellers, Austin Lace, …) qui se trouvait derrière les manettes. Jeremy fonctionne différemment de Fabrice. Il nous a encouragé à explorer de nouvelles pistes et cela nous a permis d’acquérir de la confiance en nous. Au départ, nous étions un peu perdus, car Fabrice nous canalisait, nous donnait des directions à prendre. Jeremy a adopté une toute autre manière de faire; il s’est volontairement mis en retrait afin que l’on apprenne à gérer les choses nous-mêmes. Au départ, ce fut très difficile, mais nous avons eu un déclic au bout de quelques jours. Et cela nous a permis de grandir en tant que groupe.
GUIDO: Ce premier album est plus abouti que l'EP…
Aurelio: Oui, c’est un album plus assumé en tout cas. Avant, on avait besoin que quelqu’un nous dise si on était sur la bonne voie. Maintenant, on assume nos choix. On va un peu plus au fond des choses.
GUIDO: Clock a été un gros hit. Pourquoi attendre si longtemps pour l’album?
Aurelio: Après la sortie du EP, nous avons beaucoup tourné (Printemps de Bourges, Dour, Ardentes, Nuits Botanique, …) et c’est seulement ensuite que nous avons commencé à penser à composer l’album. Et comme le label ne nous mettait absolument pas sous pression, nous avons pris le temps de bien faire les choses, d’enregistrer un premier album que l’on a envie de défendre…
«Nous sommes devenus un vrai groupe»
GUIDO: Lucy Lucy! existe depuis environ trois ans, mais cela fait plus longtemps que vous jouez ensemble, François et toi, puisque vous faisiez partie des Vagabonds…
Aurelio: Tout à fait…. J’avais fondé Les Vagabonds avec François, mais aujourd’hui nous sommes cinq, nous sommes devenus un vrai groupe. C’est d’ailleurs pour cela qu’il nous semblait essentiel que le groupe change de nom. Nous ne sommes plus un duo. On a vraiment travaillé ensemble sur l’album, chacun a apporté des éléments.
GUIDO: De manière générale, comment se passe l’écriture d’un morceau?
Aurelio: Il n’y a pas vraiment de règle… Mais en général, je ramène une base, c’est-à-dire une guitare acoustique et une voix que j’enregistre chez moi. Ensuite, cela part un peu dans tous les sens… On s’amuse à déstructurer le morceau, à le retravailler. Au bout de quelques heures, c’est une chanson de Lucy Lucy! et cela n’a plus grand-chose à voir avec ce que j’avais amené. Cela dit, les autres membres du groupe sont de plus en plus impliqués dans la composition. La chanson Bloody Song, l’une de mes préférées sur l’album, nous l’avons composée à cinq, en partant de rien.
GUIDO: Vos ambitions pour l’avenir?
Aurelio: Nous voulons absolument passer à la vitesse supérieure et marquer le coup. Pour le moment, nous avons tous un job sur le côté à mi-temps – enfin, à part deux membres du groupe qui sont encore étudiants (au Conservatoire de musique pour l’un, à l’IHECS pour le second), mais nous consacrons de plus en plus de temps à la musique. Il est clair que Lucy Lucy! est la priorité pour chacun d’entre nous. Il y a trois ou quatre titres que nous aimons tout particulièrement sur l’album – entre autres le nouveau single Amelie - et qui pourraient être susceptibles de passer en radio. Nous aimerions aussi percer en Flandre, mais ce n’est pas évident…
GUIDO: Quelle est l’histoire de la chanson Amelie?
Aurelio: On utilise une image pour expliquer les changements d’une étape à une autre. D’abord de l’enfance à l’adolescence, et ensuite de l’adolescence à l’âge adulte. Cette chanson parle de toutes les émotions que l’on ressent lorsque les choses changent, lorsque l’on change. Il y a plein d’émotions qui se mélangent: la crainte, la culpabilité, …