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13/10/2008

Interview de BERNARD LUX, Recteur de l'UMH

Nous avons décidé de rencontrer les personnes les mieux placées pour décider du présent et du futur des étudiants. C'est dans le cadre de cette série que nous nous sommes entretenus avec Bernard Lux, recteur de l'UMH jusqu'en septembre 2009.

Bernard Lux : J'ai suivi le parcours académique classique: assistant – assistant nommé – chef de travaux – chargé de cours partiel – chargé de cours temps plein – professeur ordinaire à la Faculté Warocqué des Sciences de Gestion – doyen de la faculté. Lors des élections de 2001, j'ai été élu recteur et réélu en 2005, étant donné que les mandats durent quatre ans au sein des universités précédemment dites d'état.

Doyen à l'insu de son plein gré

GUIDO: Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir recteur?
Bernard Lux
: Je suis déjà devenu doyen un peu contre ma volonté. Pour reprendre la formule d'un cycliste dopé: «à l'insu de mon plein gré»! J'appliquais alors ce que j'enseignais dans d'autres organisations, j'étais quelqu'un d'absorbé et de peu investi dans la gestion de l'université. On m'a élu doyen en mon absence! Durant ces années, j'ai essayé de redynamiser la faculté et de lui faire reprendre un chemin ascendant en termes de rapport qualité avec les étudiants. En 2001, quand il est apparu que le recteur de l'époque ne souhaitait plus être réélu, on m'a demandé si cela ne m'intéressait pas, vu le relatif succès que j'avais eu à la Faculté des Sciences de Gestion.

GUIDO: Quelles sont les choses qui vous sont tombées dessus en tant que recteur?
Bernard Lux
: Certains éléments étaient un peu prévisibles tandis que d'autres l'étaient un peu moins. Premièrement, j'ai vécu l'intégration de la réforme universitaire et de sa nouvelle structure (3-5-8) dans l'espace européen. Ensuite, il a fallu implémenter un plan de restructuration de l'université pour rétablir l'équilibre des finances. Autre événement moins prévisible encore: l'intégration de l'Ecole d'Interprètes Internationaux dans l'université. Elle est donc devenue depuis 2008 la cinquième faculté de l'université. Enfin, j'ai aussi assisté au rapprochement avec la Faculté Polytechnique de Mons qui ne formera en 2009 qu'une seule entité juridique avec l'Université de Mons-Hainaut. Voici donc les quelques éléments d'un rectorat que je n'avais pas imaginé comme tel.

GUIDO: Vous parliez de la réforme de Bologne. Celle-ci a-t-elle selon vous davantage encouragé la mobilité des étudiants?
Bernard Lux
: Pas vraiment parce que la structure des études n'est pas la seule barrière qui existe. Ce n'est pas pour autant que les autres barrières ont été supprimées: la barrière financière, économique, culturelle, … Peu d'étudiants sont en effet prêts à quitter leur environnement. Beaucoup de nos étudiants ne sont pas habitués à la mobilité. Il y a donc des freins à la mobilité qui existaient avant et qui sont toujours présents. La mobilité reste marginale, cela tourne autour des 10-15% des étudiants.

GUIDO: Vous ne donnez plus cours actuellement, mais vous devez encore avoir des contacts avec certains étudiants?
Bernard Lux
: Bien avant que ce ne soit obligatoire, les étudiants étaient intégrés dans les structures de représentation et de décision de l'université. Dans tous les organes de décision, il y a représentation des étudiants, ce qui me donne donc l'occasion de rencontrer des étudiants. Je dois avouer que nos rapports sont de nature constructive; nous ne sommes donc pas dans une logique d'affrontement. A l'UMH, il y a un bon exemple de quelqu'un qui a représenté les étudiants de façon magistrale à l'époque et qui est devenu homme politique aujourd'hui, c'est Elio Di Rupo.

Le problème des reçu-collés

GUIDO: On note encore et toujours un taux d'échec trop important en première année. Quels sont les remèdes apportés par l'UMH à ce problème?
Bernard Lux : Les mesures qui sont appliquées pour favoriser la réussite des étudiants sont globales dans l'ensemble de l'université, mais ont des colorations particulières selon les facultés. Il existe tout d'abord la possibilité de faire un étalement de sa première année, donc de répartir cette année sur deux ans. C'est une possibilité qui touche un pourcentage marginal d'étudiants. Après les examens de janvier, les étudiants peuvent également discuter de leurs résultats avec leurs tuteurs, c'est-à-dire des profs qui les conseillent et restent à leur disposition en cas de problème. Les moniteurs guident également ceux qui les souhaitent, ce sont des étudiants d'année supérieure qui aident et encadrent les étudiants des années inférieures. Ensuite, le service CICO (Centre d'Information, de Conseil et d'Orientation) établit des bilans d'aptitude de l'étudiant et lui dispense des conseils (sur le budget-temps à accorder aux études par exemple) et des formations (notamment sur la prise de notes). Enfin, des guidances spécifiques sont proposées au sein des différentes facultés.

GUIDO: Quelles sont les causes de ce taux d'échec?
Bernard Lux
: Il y a encore et toujours une rupture entre l'enseignement secondaire et l'université. Et à ce jour, on n'a toujours pas trouvé la recette miracle pour y remédier. Le rythme ou le volume de matière d'une année universitaire ne sont pas du tout pareils à l'enseignement secondaire. A l'université, on demande aussi d'aller au fond des concepts, d'adopter une attitude critique, ce qui n'est pas le cas en humanités.

GUIDO: Comment expliqueriez-vous le système du numerus clausus?
Bernard Lux : Le système du numerus clausus a une origine fédérale. Ils ont ainsi décidé de limiter l'accès à la profession en imposant un nombre maximum de médecins répartis entre les deux communautés. Il y a donc 400 étudiants autorisés à franchir le cap de la première année pour l'ensemble des universités de la Communauté Française. Les étudiants savent donc d'emblée en s'inscrivant que seul un nombre limité d'entre eux pourront accéder à la deuxième année de médecine. On filtre donc selon la réussite, on prend les étudiants par ordre de niveau des résultats.

GUIDO: On a également beaucoup parlé des 'reçus-collés' au cours de ces derniers mois.
Bernard Lux
: Cette année, on pouvait officiellement accorder 27 autorisations de passer en deuxième année alors que 43 étudiants avaient réussi leur première session en juin dernier. 16 étudiants se voyaient donc obligés de rester sur le carreau. Le 18 juillet dernier, le Gouvernement de la Communauté Française a décidé d'augmenter le nombre d'autorisations de 100 unités à répartir entre toutes les universités. Ce qui a donné six étudiants supplémentaires à être acceptés pour l'année suivante. Vu qu'il en restait encore, le Gouvernement nous a autorisé à emprunter 15% maximum sur le quota de l'année prochaine, ce qui était égal à quatre étudiants. A la fin du processus, il reste donc six étudiants qui n'iront pas en deuxième année. Il leur reste un petit espoir, à savoir un transfert entre les facultés de médecine appartenant à une même académie, dans notre cas l'ULB pourrait nous donner leurs attestations pour les six étudiants qui restent. C'est une décision qui appartient à l'ULB et non à nous.

GUIDO: Est-ce que ce système de numerus clausus se justifie?
Bernard Lux
: C'est une grande question qui peut être discutée. Pour les uns, ce système se justifie parce que l'offre médicale crée sa demande, ce qui crée des dépenses pour la sécurité sociale. D'autres sont de l'avis contraire car ils estiment qu'il n'y a pas assez de médecins, la preuve est qu'on importe des médecins étrangers en Belgique.

(SD)


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