Brigitte Chanoine, la seule femme Recteur de Belgique!
Actuellement la seule femme à ce poste dans toute la Belgique, Brigitte Chanoine occupe la fonction de Recteur de l'ICHEC depuis plus d'un an et demi. Entre elle et la Haute Ecole, c'est une grande histoire d'amour qui a commencé dès ses années d'études dans le même bâtiment…
GUIDO: Quel sentiment global retenez-vous des vos études à l'ICHEC?
Brigitte Chanoine: Si on devient Recteur de l'ICHEC par la suite, c'est qu'on a adoré ses études ici. Je me suis fortement épanouie dans cette ambiance familiale et sympathique. Pourtant, quand j'ai terminé mes études, je ne pensais pas que j'allais y revenir par la suite. C'est en rentrant d'un séjour de deux ans aux Etats-Unis que l'on m'a proposé une place ici. Je me suis d'abord occupée des étudiants qui partaient aux Etats-Unis dans le cadre d'un programme mis en place par l'ICHEC. Très vite, j'ai migré vers le département Finances où je suis devenue assistante et ensuite professeur.
«Je suis actuellement la seule femme Recteur en Belgique»
GUIDO: Cela fait maintenant une quinzaine d'années que vous enseignez. Ce que vous continuez à faire malgré vos nouvelles responsabilités de Recteur.
Brigitte Chanoine: Même si c'est parfois un tour de force, j'ai gardé pratiquement tous mes cours. Enseigner est un métier que j'aime toujours autant. J'aime être sur les planches et partager ma passion avec les étudiants: c'est ressourçant d'être sur le terrain et proche des jeunes. Pour l'instant, j'essaie à tout prix de combiner ces deux axes de ma vie académique, ce qui est surtout possible grâce aux équipes qui m'entourent.
GUIDO: Pourquoi avez-vous décidé de devenir Recteur?
Brigitte Chanoine: On ne pense jamais vraiment soi-même à ce type de fonction. Ma motivation est vraiment venue du corps enseignant. J'ai été poussée, soutenue par toute l'équipe en place actuellement. Je me suis donc sentie portée par tout le monde. Et je ne regrette pas une seule seconde d'avoir accepté cette proposition; j'adore ce job!
GUIDO: Vous êtes actuellement la seule femme Recteur de Belgique. A quoi est-ce dû selon vous?
Brigitte Chanoine: C'est une bonne question et je suis sincèrement incapable de vous en expliquer la raison. Cette fonction demande une organisation assez importante, mais c'est tout-à-fait possible quand on est entouré par une équipe performante. La société évolue et à l'ICHEC, cela n'a posé aucun problème. Et je ne pense pas que cela poserait un problème ailleurs si une femme était la bonne personne, avec les bonnes compétences, au bon moment.
GUIDO: Quelles sont les qualités essentielles d'un bon Recteur que vous pensez développer dans votre gestion quotidienne de l'ICHEC?
Brigitte Chanoine: A ce poste, il est essentiel d'avoir une bonne écoute, une empathie développée, le sens de l'organisation et une bonne gestion d'équipe. Ce qui intéressant de noter, c'est que quand on est nommé en tant que professeur, on sait à quoi s'attendre et quelles qualités développer. Par contre, dans le cas d'un Recteur, on s'avance en quelque sorte un peu vers l'inconnu en devenant un gestionnaire. J'avais néanmoins cet avantage sur d'autres d'avoir suivi des études me permettant de mieux cerner la gestion inhérente à la fonction.
GUIDO: Quelle est la principale mission de l'ICHEC?
Brigitte Chanoine: Notre mission principale est de développer les connaissances, les aptitudes et les compétences de nos étudiants afin qu'ils puissent révéler leurs talents dans un processus d'apprentissage tout au long de leur vie.
«L'ICHEC rassemble trois spécificités: l'international, le lien à la réalité et la formation continue»
GUIDO: On parle beaucoup de la difficile transition entre les études secondaires et supérieures. Quelles sont les initiatives mises en place par l'ICHEC pour faciliter l'adaptation de ses étudiants?
Brigitte Chanoine: Il y a énormément d'étudiants en première Bac, ils sont au nombre de 700 cette année. Ils sont rapidement divisés en deux groupes et en groupes encore plus restreints pour les cours de langues, de méthodologie ou les TP de compta et de math. Il faut développer une pédagogie adaptée pour pallier à la marge qui existe entre le secondaire et le supérieur. C'est dans cette optique qu'on a créé des tutorats donnés par des étudiants qui ont réussi à des étudiants rencontrant des problèmes dans une certaine matière.
GUIDO: L'ICHEC insiste également beaucoup sur le côté international de ses études…
Brigitte Chanoine: En effet, on essaie à tout prix de mettre l'accent sur l'international. Les cours de langues en petits groupes sont par exemple accentués au cours des premières années de baccalauréat pour les préparer dès la troisième Bac à partir à l'étranger grâce au programme Erasmus. Ils ont également la possibilité de participer à une summer class à l'étranger dès leur première année d'études ou à un stage en housing project en Inde ou au Burkina-Faso en deuxième année. Chez nous, on bouge et les étudiants nous choisissent spécifiquement pour cette raison. D'ailleurs, on va développer une nouveauté à partir de l'année prochaine: les doubles diplômes. C'est un scoop, vous serez donc les premiers à l'annoncer!
GUIDO: En quoi cela consiste?
Brigitte Chanoine: Les étudiants auront la possibilité de suivre leur première année de Master chez nous et la deuxième année de Master chez un de nos partenaires à l'étranger. Ces étudiants ressortent alors avec deux diplômes (celui de l'ICHEC et celui de notre partenaire) en ayant effectué des études de cinq ans.
GUIDO: Autre spécificité de l'ICHEC, c'est le lien à la réalité, l'approche du terrain.
Brigitte Chanoine: C'est en effet une de nos principales forces. Cela s'articule autour de deux axes majeurs. Le premier, ce sont les stages que les étudiants effectuent en partenariat avec une entreprise (en Belgique ou à l'étranger), ce qui leur ouvre pas mal de portes pour trouver du boulot par après. Le deuxième, ce sont les enseignants qui viennent en majorité du terrain, avec leur propre expertise. Les professeurs académiques sont, eux, poussés à aller en entreprise afin d'avoir une meilleure approche du terrain. On privilégie donc un échange constant avec le monde de l'entreprise.
GUIDO: Enfin, la formation continue occupe également une place prépondérante dans les programmes de l'ICHEC.
Brigitte Chanoine: Nous avons un pan de formations continues qui est extrêmement développé ici: ICHEC-Entreprises, ICHEC-PME, ICHEC-ESSF (sciences fiscales) et ICHEC-Cultures. Le lien entre la formation continue et la formation initiale est très important au sein de notre institution. Nos profs donnent cours à la formation continue et inversement, on va parfois chercher en formation continue des profs pour donner cours dans la formation initiale. On obtient ainsi des effets de synergie extrêmement importants.
LA QUESTION BOYS vs GIRLS!
Y a-t-il des avantages et des inconvénients à être une femme à ce poste?
Brigitte Chanoine: Je ne vois que des avantages! Et ça ouvre pas mal de portes. Evidemment, les gens se souviennent de moi, vu que je suis la seule femme Recteur de Belgique. Je n'ai rencontré aucune contrainte sur ce plan-là, que du contraire.