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29/12/2005

JOANN SFAR: "De voir mon chat muet, ça stimule mes envies d’anthropomorphisme"

Joann Sfar est un peu joueur de guitare, d'harmonica, de ukulélé, un peu philosophie, un peu écrivain, et surtout auteur de bande dessinée. A l'occasion de la sortie du quatrième opus du Chat du Rabbin, nous avons eu la chance de pouvoir discuter un moment avec ce touche-à-tout, terriblement doué pour raconter des histoires.

GUIDO: Après avoir eu une approche fort théologique autour du rabbin au cours des 3 premiers tomes, pourquoi, pour ce quatrième, être passé à une histoire beaucoup plus philosophique et suivre le Malka des lions?
Joann Sfar : Tout d’abord, j’espère vivement que chaque album est différent des autres. La difficulté des séries est de savoir se renouveler. L’exercice industriel voudrait qu’on fasse toujours la même chose mais comme je veux avant tout m’amuser, j’essaie que ça change. J’avais écrit les premiers volumes coup sur coup. Puis, le succès de la série a fait que mon inspiration s’est complètement tarie. Bizarrement, le fait que ça plaise à tout le monde n’était pas motivant. Ainsi, je n’en ai pas fait pendant deux ans puis, tout d’un coup j’ai eu l’idée de 3 autres histoires.

GUIDO: D’où vient votre intérêt à mettre en scène des personnages secondaires?
Joann Sfar : De deux choses. La première est que j’ai toujours préféré le faire-valoir au héros. D’autre part, quand j’étais adolescent, je faisais beaucoup de jeux de rôle et quand on mène une partie de jeu de rôle et que l’on a 5 ou 6 joueurs devant soi, il faut que chacun passe une bonne soirée. C’est de là qu’en bande dessinée, j’essaie de me mettre dans la peau de chaque personnage et de leur donner à tous de l’importance.

GUIDO: Et pourquoi choisir aussi souvent des animaux comme narrateurs de vos histoires?
Joann Sfar : Peut-être car j’ai commencé à apprécier la langue française avec Jean de la Fontaine. Puis, j’aime développer une mystique des animaux de compagnie. Par rapport au chat que j’ai chez moi, quand je le regarde, je vois bien qu’il n’a rien à me dire. De le voir muet, le regard vide, ça stimule mes envies d’anthropomorphisme. Il n’y a rien de mignon dans ma vision des animaux, c’est à la fois leur regard proche et lointain qui m’intéresse.

GUIDO: A quel point votre formation en philosophie a-t-elle eu un impact sur vos œuvres?
Joann Sfar : A la base, j’ai suivi cette formation pour mon père qui était inquiet que je fasse de la bande dessinée. Je me suis rendu compte que la bande dessinée était indiquée pour traduire si ce n’est la philosophie, en tout cas les discussions. Par contre, alors qu’un philosophe ne cherche que la vérité, moi je ne cherche rien d’autre que des émotions pour mes histoires. Donc je n’ai aucun scrupule à mettre en scène des personnages qui défendent des thèses complètement opposées et, à l’inverse d’un dialogue platonicien, je ne veux pas forcément aller quelque part. J’aime simplement mettre un coup de projecteur sur une discussion qui me semble intéressante, d’un point de vue intellectuel, humoristique ou émotionnel.

GUIDO: Vous êtes également passé par les Beaux-Arts…
Joann Sfar : Ça, j’ai vraiment aimé. Je me suis retrouvé aux Beaux-Arts de Paris, département morphologie. On y dessinait 15 heures par jour. La nuit, par exemple, nous allions au salon de l’agriculture ou au zoo. En tant qu’étudiant des Beaux-Arts, nous y avions nos entrées. C’était des années de formation extraordinaires. De plus, j’étais le seul à vouloir faire de la bande dessinée et être en contact avec ces gens qui maintenant travaillent dans les sphères de l’art était très enrichissant. Ce qui est bien avec tous mes copains (Trondheim, Blain, …), c’est qu’on adore la bande dessinée mais pas que ça. Chacun a eu des liens avec le théâtre, l’art, l’architecture ou autre. Cela permet d’être plus ouvert.

GUIDO: Quel est votre futur proche en bande dessinée?
Joann Sfar : Tout d’abord, j’ai, il y a quelques mois, arrêté mes carnets pour de nombreuses raisons. Mais, comme j’ai gardé l’envie de dessiner ma famille et mes amis, je prépare une nouvelle série pour Dargaud où je les dessine mais en pleine préhistoire. Comme je ne fais plus d’autobiographie, j’ai eu l’envie de prendre des personnages de mon entourage et de les mettre dans des récits de fiction. Avant, je le faisais de manière éparse, maintenant je le fais de façon systématique. Ce sera avec un dessin un peu plus bande dessinée d’action que d’habitude. On pourrait le décrire un peu comme un donjon mais humanoïde.

(SM)

Le chat du Rabbin, Tome 4, Le paradis terrestre, de Joann Sfar dans la collection Poisson Pilote des éditions Dargaud


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