Interview de ANDRE TAYMANS
C'est encore à l'abri de la pluie, dans un de ces endroits chaleureux de Bruxelles, que j'ai eu l'occasion de rencontrer André Taymans. Et de discuter en toute tranquillité de son dernier album.
GUIDO: Dans ce nouvel album, vous abordez le thème du réchauffement climatique, alors que vous aviez abordé le thème du sida dans les premiers albums de la série… Est-ce important pour vous de faire passer un message dans chacun des albums?
André Taymans : Le sida, c'est parce que à un moment donné, Caroline a été confrontée à ça et que j'ai décidé, un peu comme ça, qu'elle serait séropositive. Parce que ça apportait un plus à la série et que ça la rendait peut-être un peu plus humaine et que ça allait, entre guillemets, bouleversé les stéréotypes en bande dessinée qu'on pouvait avoir.
Quant au réchauffement climatique, cela fait deux ans que j'ai à cœur de montrer qu'à des milliers de kilomètres d'ici, il y a des gens qui se trouvent devant un problème insurmontable et personne n'en parle, si ce n'est la presse canadienne.
GUIDO: Pourquoi faire passer ces messages avec Caroline Baldwin et pas dans une autre de vos séries?
André Taymans : Caroline Baldwin, c'est pratiquement la seule série dans laquelle je fais moi-même le scénario. Si on prend Lefranc, Charlotte, des choses que j'ai faites avant, j'ai toujours travaillé avec des scénaristes. Là évidemment, ce sont eux qui font passer leur message. Tandis qu'ici dans Caroline, je suis le scénariste et le dessinateur, ce qui me permet de raconter absolument ce que je veux et de faire passer les messages que je veux faire passer.
GUIDO: Vous est-il déjà arrivé d'avoir une idée pour un personnage et puis d'utiliser cette idée à une autre fin que celle prévue initialement?
André Taymans : Ça m'est arrivé. D'ailleurs, pour Caroline Baldwin, le tome 6, Angel Rock , c'était au départ un one-shot. L'histoire d'un type qui a perdu son fils en montagne et qui part le rechercher. Ça a été refusé par un éditeur pour tout un tas de raisons mais j'étais attaché à l'histoire et à un moment, je me suis dit que je pourrais très bien en faire un Caroline Baldwin. C'est ce que j'ai fait et c'est à partir de ce moment là que les ventes ont décollé avec Caroline Baldwin. Pourquoi, je n'en sais rien mais ce que je vais dire, c'est que jusqu'à présent, toutes les idées que j'ai eues, j'ai toujours réussi à les concrétiser avec Caroline Baldwin.
GUIDO: Pourquoi avoir choisi des origines indiennes à Caroline et placer tous les albums aux USA et au Canada?
André Taymans : Le premier album était prévu pour un one-shot. C'était l'histoire de la déprime d'un astronaute et dans mon premier scénario, il n'y avait pas du tout de Caroline Baldwin. Je parlais juste à un moment d'une détective qui suit l'astronaute. Et je trouvais qu'une femme détective, c'est plus sympa qu'un homme, mais ça n'allait pas plus loin que ça. Puis mon éditeur m'a dit, c'est très bien ton histoire mais on veut en faire une série. Etant donné que l'astronaute meurt à la fin, je me voyais mal le ressusciter juste pour faire une série. J'ai donc modifié mon scénario et Caroline Baldwin est née comme ça. Comme il y avait une histoire avec un astronaute qui avait été sur la lune, on ne pouvait pas la faire en Europe, il fallait la placer sur le continent américain. Je n'avais pas envie d'en faire une américaine pour un tas de raisons et comme j'ai beaucoup d'amis canadiens, ils m'ont suggéré d'en faire une Canadienne. On a décidé d'en faire une héroine pluri-culturelle, de lui donner un coté cosmopolite. Décider que c'est une indienne, qui est née dans une réserve dans le Québec francophone, anglophone par son père. De cette façon, elle a trois origines différentes.
(JCVH)